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Marches populaires: Bouteflika évoque les risques d'infiltration

par Moncef Wafi

  Contrairement à son message du 24 février où il n'avait pas été question de la première marche de manifestation contre son cinquième mandat, celui du 8 mars, adressé aux Algériens, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, permet à Bouteflika d'évoquer l'actualité contestataire du pays.

Le président de la République, tout en se félicitant de «cette maturité de nos concitoyens», a averti du danger d'«une éventuelle infiltration» du mouvement populaire, sans en préciser l'identité. Le message se contente d'indiquer que c'est «une quelconque partie insidieuse» pouvant agir soit «de l'intérieur ou de l'extérieur». Bouteflika s'est déjà exprimé sur cette question, un peu plus haut dans son texte, en parlant des nombreux «haineux à l'étranger à regretter que l'Algérie ait traversé (...) paisiblement et sereinement, la déferlante du printemps arabe». Il a aussi évoqué ces «cercles» qui continuent de «conspirer contre notre pays» en expliquant toutefois que sa réflexion est «loin d'obéir à une logique d'intimidation». Une précision de taille tant on connaît l'allergie des Algériens développée contre ce genre de littérature de l'apocalypse présentée comme seul contre-argumentaire pour répondre aux aspirations du peuple, exprimées lors de ces dernières marches qui se sont déroulées un peu partout, dans le pays.

En effet, les partisans du 5ème mandat ont mis en garde les Algériens d'un retour de la décennie noire s'ils persistent dans leur volonté d'exiger le départ du chef de l'Etat et du changement du système politique en place. Le message de Bouteflika appelle ainsi «à la vigilance et à la prudence» pour éviter toute «fitna» qui pourrait «provoquer le chaos, avec tout ce qu'il peut entraîner comme crises et malheurs». Le chef de l'Etat rappelle «le prix fort» payé par l'Algérie «pour le recouvrement de son indépendance et sa liberté» et le «lourd et douloureux tribut» payé par le peuple «pour en préserver l'unité et le rétablissement de sa paix et stabilité, après une tragédie nationale sanglante». Dans la première partie de son message circonstanciel, Bouteflika a tenu à célébrer cette journée dressant un parallèle entre Lala Fatma N'soumer et Hassiba Ben Bouali. Un retour dans l'histoire qui retrace les différentes étapes de la lutte des femmes dans le combat national ainsi que les acquis post-indépendance comme l'enseignement, la politique, l'emploi. Evoquant leur rôle durant la tragédie nationale, il estime qu'«après l'accalmie, les femmes ont été les plus forts soutiens de la concorde, puis de la Réconciliation nationale», écrivant que «l'histoire retiendra la position exemplaire des mères des victimes du terrorisme, qui se sont mobilisées, en faveur du rétablissement de la sécurité et de la paix». Pour lui, la femme algérienne n'est plus dans une posture de revendication mais que «la Journée internationale de la femme est davantage une occasion d'évaluation».