Abdelouahab Kerrar, président de l'Union nationale des opérateurs de la
pharmacie (UNOP) estime qu'il faut réviser les prix des médicaments, car les
prix actuels sont gérés par un décret qui date de 1998. Il a expliqué, hier
lundi, à la radio nationale que « depuis les choses ont changé, il y a eu des
investissements importants, le pays couvre plus de 50% de ses besoins, et il
faudrait que les prix s'adaptent à cette nouvelle situation. » Selon M. Kerrar, « il y a une grande confusion dans l'esprit des
Algériens et opérateurs entre le prix du médicament et le remboursement, le
prix ne devrait pas souffrir du problème de la Sécurité sociale. « Ce n'est pas
seulement un enjeu social, mais également un enjeu économique, d'emplois de
centaines de milliers de jeunes universitaires que l'accès des Algériens aux
soins », a-t-il dit. Il a expliqué qu'en matière de
médicaments, l'Algérie a trois objectifs: « assurer
l'accessibilité aux soins, mettre à la disposition des malades des médicaments
de qualité, et installer une industrie forte, performante et de qualité, ce qui
nécessite des investissements importants. » En outre, « il faut assurer
l'équilibre entre ces trois niveaux en faisant des ajustements permanents et
chez nous, il n'y a pas eu ces ajustement, vu la croissance fulgurante qu'a
connu ce secteur durant les dix dernières années. » M. Kerrar
a démenti, d'autre part, que les producteurs ne prennent pas en considération
les besoins des malades, soulignant que « nous prenons en considération cet
aspect, on connaît les problèmes des Algériens, nous tenons à ce système de
sécurité sociale et de solidarité », ajoutant que : « nous avons réussi à
baisser les prix grâce à la production, nous avons réussi à employer des
milliers d'Algériens. » Cependant, il a fait remarquer que « c'est dommage que
les coûts de revient montent alors que les prix des médicaments sont en train
de baisser », avant de prévenir qu' « il y a un déclin de cet industrie, un
essoufflement, qui se traduirait par un retour à la case importations. » Le
président de l'UNOP a, par ailleurs, affirmé qu' « il y a 10 ans, on a fabriqué
des médicaments pour 450 millions de dollars, l'année passée, on a produit pour
2 milliards de dollars, et à titre de comparaison, la Tunisie et le Maroc ont
produit entre 800 millions de dollars et 1,1 milliard de dollars. « On fabrique
deux fois plus que le Maroc et la Tunisie », a-t-il
affirmé, préconisant que les besoins du marché national doivent être couverts «
par la production nationale plutôt que par les importations ».
M. Kerrar a précisé que sur 720 millions de boîtes consommées,
« 470 millions sont fabriquées en Algérie. Je pense qu'il y a probablement
certaines choses à redire, mais globalement les standards de fabrication sont
d'un niveau assez élevé, qui n'a rien à envier à certains pays. » « La
production nationale a bénéficié d'un certain protectionnisme de l'Etat qui a
donné ses fruits », a-t-il souligné et « on est
arrivé à une période où il faut, réellement, un second souffle et parler des
prix des médicaments. » « L'Algérie continuera à importer certains types de
médicaments », a-t-il tenu à préciser, avant de
rappeler que l'Algérie consomme 78 dollars par habitant et par an, alors que la
moyenne mondiale est de 700 dollars par habitant et par an. En outre, il estime
que « les prix des médicaments, en Algérie, sont parmi les plus bas au monde,
par rapport à la France, l'Espagne, la Grèce, la Turquie, le Maroc ou la
Tunisie, » selon une étude. « Ils sont les plus bas par rapport aux prix des
bandelettes glycémiques, et cet argument, qui a été toujours avancé pour
demander aux producteurs de ne pas demander de révision des prix, est battu en
brèche par cette étude. » Cette augmentation des prix « est raisonnable entre 2
et 3 % », selon M. Kerrar. Enfin, il a estimé que
l'Agence nationale du médicament est « très peu efficace, avec des moyens
rudimentaires. »