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Football - Académies et centres de formation: La meilleure voie possible

par Adjal Lahouari

  Avouons-le : nous attendions depuis longtemps que les clubs de l'élite et professionnels depuis 2010 se décident à bouger en emboîtant le pas au Paradou AC, le premier club qui a fondé sa propre académie.

Et quelle académie ! Son imitateur. Kheireddine Zetchi, a tout simplement choisi le meilleur projet existant qui a fait ses preuves en Côte d'Ivoire, avec l'éclosion d'une phalange de cracks ivoiriens ayant fait le bonheur de nombreux clubs européens. Jean Marc Guillou, un grand footballeur au SCO Angers, n'a été reconnu en tant que joueur que vers le tard, car appelé en équipe de France à 28 ans. Il a sans doute voulu prendre une revanche sur le sort.    

Alors, il a eu l'idée et le courage de mettre à exécution son formidable projet. Face à l'inertie des dirigeants français, il a choisi la Côte d'Ivoire. Des dirigeants ont été sensibles à son appel et lui ont confié une ribambelle de gamins et un simple terrain. Au départ, beaucoup ont souri et même ricané sur la méthode mise en branle par Guillou, surtout avec les « apprentis footballeurs » sans chaussures pendant plusieurs mois. En son temps, Guillou a expliqué cette mesure qui a défié les règles en vogue depuis la nuit des temps. Ce n'était là qu'un des paramètres, car le plus important, c'étaient la maîtrise technique, la possession et la circulation constante du ballon, ce fameux ADN qu'on retrouve au sein des meilleures équipes, constamment combattues par les partisans du faux réalisme.

La direction du PAC, après la relégation de l'équipe senior en nationale 2, a compris qu'il ne fallait pas déroger à ce projet, même pour des considérations techniques et immédiates. En érigeant son académie, Zetchi s'est donné les moyens de son ambitieuse politique qui est de former ses propres joueurs, au lieu de s'engager dans une coûteuse surenchère ne présentant aucune garantie de succès, même immédiats. On se souvient de cette vaste opération nationale de prospection qui a touché les quatre coins du pays, en s'appuyant sur les techniciens et anciens joueurs locaux. Evidemment, il y a eu quelques réfractaires qui ont basé leurs arguments sur une théorie du jeune qui, « coupé de sa cellule familiale, ne pourra jamais devenir un excellent joueur » ! Or, le nombre de professionnels et internationaux sortis de l'académie du Paradou et qui sont venus de diverses régions, a battu en brèche cet argument pour le moins erroné. En effet, ces contradicteurs d'arrière-garde ont oublié que les temps ont changé, et que ce sont les parents eux-mêmes qui ont encouragé leurs enfants à suivre cette voie, sachant par ailleurs que l'académie leur assurait une éducation scolaire en parallèle.

Des exemples à suivre

Que la FAF ait pris la décision de créer des académies au niveau de différentes régions du pays ne relève pas du hasard, puisque le président n'est autre que Kheireddine Zetchi, qui a confié son académie à son frère Hassène, qui saura en prendre soin. Finalement, des dirigeants plus conscients ont fini par se rendre compte des futurs bienfaits de ce projet qui consiste à créer leurs propres centres et académies. Quelle est la différence ? La création d'une académie nécessite un budget conséquent et une logistique permanente, tandis qu'un centre reste, aux yeux de tous les observateurs, à la portée de nombreux clubs, peu regardants par ailleurs sur les dépenses faramineuses lorsqu'il s'agit d'enrôler une vedette ou présumée telle. Les nouveaux dirigeants de la JSK, convaincus d'avance sur l'extrême utilité d'une académie, sont passés à l'action. La première pierre vient d'être posée il y a quelques jours, et tout porte à croire que l'académie sera opérationnelle dans un délai raisonnable. En outre, la direction du club du Djurdjura a effectué le meilleur choix possible en confiant la responsabilité de son académie à Ali Fergani, l'ancien capitaine des Verts, connu par ses grandes qualités morales et qui est prêt à mener à bien sa mission. De son côté, la JS Saoura est en train de poser les jalons pour fonder son académie en y associant les meilleurs cadres nationaux et régionaux. Au MCA, c'est un centre de formation qui a vu le jour tout récemment, alors que le Doyen a les moyens d'ouvrir une académie, ce qui est différent. Tous les clubs dits professionnels devraient en faire de même, la plupart d'entre eux ayant bénéficié d'assiettes pour l'implantation de ces centres.

Qu'attendent-ils pour passer à l'action étant donné que leur renommée auprès des jeunes leur assure automatiquement une arrivée massive d'apprentis footballeurs ?

On nous rétorquera peut-être le problème financier. A notre tour, nous leur rappellerons que des centaines de milliards ont été dilapidés pour des pseudo-vedettes qui, faute de résultats, vont monnayer leur statut ailleurs.

Un terrain et quelques ballons...

De ce fait, ils sont beaucoup plus responsables du déclin de leurs clubs que la plupart des entraîneurs en place, pourtant les premiers à payer les pots cassés par les joueurs ! Il faut signaler les avis pertinents du regretté Amar Rouai et du grand formateur français Guy Roux, tous deux sur la même longueur d'onde. Ils ont développé à peu de choses près, la même idée : « Les dirigeants réclament des stades.

Bien sûr, des stades il en faut pour les compétitions, mais de simples terrains et quelques ballons sont suffisants pour dénicher et former les cracks de demain. Il faut de la volonté, de la passion et des compétences ! » Au vu des parcours de ces deux techniciens, le Français au sein de l'AJ Auxerre durant plusieurs décennies, le second à l'USMBA et au sein de la 2e Région Militaire avec de nombreux titres et coupes, personne ne saurait les contredire. En conséquence, il est temps que les dirigeants prennent conscience de l'importance de ces centres et académies, seuls garants de l'avenir. Ils n'ont qu'à suivre l'exemple de Zetchi, Mellal et Zerouati. Le premier cité s'est rendu compte que l'implantation de son académie lui est revenue moins cher que les primes de signatures et de matches des joueurs recrutés auparavant.

Un investissement par excellence

L'académie du PAC s'est avérée un formidable investissement comme le prouve la « sortie » continuelle d'excellents footballeurs, dont la plupart sont actuellement professionnels et font partie de la liste élargie du sélectionneur Djamel Belmadi. Plusieurs d'entre eux attisent la convoitise de clubs de Ligue 1 et même de l'étranger. On n'oubliera pas aussi que le PAC bénéficiera d'un retour sur investissement lors de chaque transfert des joueurs formés au sein de son académie. Alors, ce qu'a réussi un particulier dans nouveau club, pourquoi ces responsables de clubs qui se gargarisent des dates de création, dont certaines d'ailleurs réellement sont erronées, n'adopteraient-ils pas la même démarche ?

Le Paradou n'a pas d'histoire et pas de supporters parce que c'est un jeune club ? Qu'importe, et comme il l'a fait lorsqu'il allait admirer les prouesses techniques des «footballeurs aux pieds nus» qui ridiculisaient des adversaires plus âgés et sans gardien de but au stade de Hydra, ce public, conquis par le football séduisant de l'actuelle équipe du PAC, va grossir au fil des années.

Car tout change, même les mentalités. Au niveau de la FAF, les bonnes intentions existent, comme le prouve l'installation récente du spécialiste français Ludovic Batelli au poste de DEN en remplacement de Boualem Charef démissionnaire. Jusqu'à preuve du contraire, Batelli semble être l'homme de la situation et s'est engagé à former un vivier dans lequel le sélectionneur Djamel Bemadi puisera.

Par ailleurs, grande a été la déception des sportifs de voir le fameux vivier de l'ASMO péricliter selon les récentes informations, aucune équipe de jeunes n'étant qualifiée en coupes nationales, contrairement aux saisons écoulées. C'est plus grave qu'on ne croit après l'arrêt de cette tradition spécifique au football oranais.

Dons et culture sportive

Alors, fatalement, on se met à rêver. Si les seize clubs de la Ligue 1 parviennent à matérialiser ce beau projet des académies et qu'un seul d'entre eux forme un grand joueur, l'Algérie aurait une grande équipe nationale. Alors, au lieu de gémir sur leurs difficultés financières alors qu'ils jettent des centaines de milliards par les fenêtres, au lieu de s'en prendre toujours aux entraîneurs qu'ils accusent de tous les maux, les dirigeants des clubs pour la plupart nantis devraient se mettre au travail pour fonder leurs propres académies et à les confier à de véritables formateurs réunissant les meilleures garanties. Nous faisons allusion, bien sûr, à leurs conceptions et à leurs convictions pour mener à bien cette exaltante et belle mission.

Cependant, les dirigeants intègres (il en existe heureusement !) devront veiller à écarter définitivement les prétendus entraîneurs de jeunes, en réalité des véreux, des apprentis sorciers qui ont causé de graves préjudices dans le domaine des jeunes, pour qui le premier critère pour enrôler un enfant n'est autre que? le métier du père !

Dans le cas contraire, ce serait appliquer un cautère sur une jambe en bois, cette mesure étant indissociable du projet en question. Pour la formation proprement dite, les responsables de clubs devraient s'inspirer de ce qui se fait ailleurs. Les clubs européens réputés par la qualité de la formation sont connus. Alors, ne pourraient-ils pas envisager d'y envoyer leurs encadreurs pour acquérir les bases et les appliquer, ne serait-ce qu'en partie ? Car, comment expliquer que le jeune Algérien, au départ plus doué qu'un Hollandais, Allemand ou Français, ne progresse pas - ou alors très rarement - aussi régulièrement que les Européens ?

On nous citera certes des paramètres comme l'environnement, la culture sportive et les moyens, mais il n'empêche que des solutions existent pour réunir les meilleures conditions possibles. Alors, on peut dire que chaque jour qui passe est un retard qui s'accumule. Il faut donc s'attacher à ce formidable projet. Et le plus tôt serait le mieux !