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Ensemble immobilier projeté à la Calère (Pêcherie): Une concertation et un concours d'architecture pour mieux voir

par Houari Saaïdia

Six bureaux d'étude ont été présélectionnés dans le cadre du concours d'architecture lancé par l'Agence foncière relatif au projet immobilier prévu sur le site de la Calère. Disposant d'un délai de 21 jours pour compléter leurs dossiers, ces BET préqualifiés devront remettre leurs plis de prestations et offres financières avant le 22 novembre.

Après avoir passé au crible les dossiers techniques des soumissionnaires, au nombre de 12, le jury technique installé par arrêté signé par le secrétaire général de la wilaya, et dont sont membres le conseil local de l'ordre des architectes et des associations à caractère patrimonial notamment, a retenu 6 préqualifiés, en attendant l'étude et l'évaluation des prestations ainsi que les offres commerciales de ces « finalistes ». Suivi de très près par le chef de l'exécutif de wilaya, Mouloud Cherifi, le projet de la Calère, qui relève d'un processus de réaménagement et de revitalisation du fragment Pêcherie-Sidi El Houari, a fait l'objet d'une mise en concurrence de maîtres d'œuvres par l'Agence foncière de wilaya avec comme élément-condition de conception que l'ensemble immobilier doive s'intégrer harmonieusement dans l'environnement du secteur à sauvegarder de Sidi El Houari tout en ayant une fonctionnalité en rapport avec son emplacement en plein cœur de la Marina, avec à la clé une nouvelle approche basée sur la mixité d'usages pour établir une relation explicite ville-mer. Il faut noter que dans le cadre du plan de revitalisation de ce pan névralgique de la carte de la ville, tout un dispositif de mise en perspective et d'ouverture s'est inscrit dans la structure paysagère et urbaine projetée où la Marina se retrouve en première ligne. Dans ce nouveau rapport à la mer, l'intégration de la circulation dans un espace urbain maîtrisé permet d'accrocher le site à la ville tout en offrant les parkings nécessaires et le transport en site propre. L'ensemble du sous-secteur est conçu de façon à être au maximum piéton, d'où par la suite un travail sensible d'organisation des différents îlots d'habitats et d'activités en rapport à leurs accès pour véhicules. Sur directives du wali, la démarche adoptée pour la conception et l'exécution du projet immobilier du site de la Calère aura été inclusive, participative, ouverte à tous les acteurs professionnels et associatifs en rapport avec l'architecture, l'urbanisme, le paysagisme et la sauvegarde du patrimoine.

UNE DEMARCHE INCLUSIVE ET INTERACTIVE

A cet effet, des séances de travail pour l'échange d'idées, le débat et la concertation ont regroupé les responsables de l'Agence foncière et la DUAC, des techniciens de la cellule rattachée au cabinet du wali avec des représentants du conseil local de l'ordre des architectes et des associations à caractère patrimonial, lesquels ont été inclus à juste titre dans la composante du jury technique du concours de maîtrise d'œuvre. Ainsi, coup sur coup, les opérations s'enchaînent-elles à la Pêcherie pour métamorphoser ce site, qui incarne le mieux cet immobilisme délirant qui a longtemps plombé la ville sur le plan aménagement et ameublement urbains. Portant bien mal son nom jusque-là, la Pêcherie sort enfin sa tête de l'eau, lève l'ancre, largue les amarres, prend le large vers la terre, réconciliant sa ville avec sa mer. Après la reconfiguration de l'axe reliant la rue John Fitzgerald Kennedy-où, soit dit en passant, l'on doit tout de même accorder l'excuse de l'ignorance aux auteurs de l'acte de débaptisation- au tunnel d'où part la route de la Corniche, dans le double sens d'une meilleure fluidité du trafic à hauteur de ce carrefour et d'un embellissement urbain du segment, la démolition d'un petit pâté d'immeubles menaçant ruine et sans aucune valeur en vue d'aménager au lieu et à la place un mini jardin citadin, la mise en lumière du tunnel par un éclairage d'ambiance?, c'est au tour de l'Agence foncière d'entrer en scène pour donner corps à une autre idée, également conçue par le wali. Celle d'un aménagement mobilier urbain multifonctionnel de haut standing conjuguant le promotionnel intégré et les divers services gravitant autour du thème de la mer : restauration spécialité poisson et fruits de mer, shopping axé sur les activités nautiques, petit musée de la Méditerranée retraçant notamment l'histoire du littoral oranais avec effet zoom sur le port d'Oran, salle d'exposition agrémentée d'un grand aquarium, espace de jeux pour enfants?, avec à la clé un parking souterrain de deux niveaux. L'idée d'aménager le terrain escarpé, un talus assez abrupt du fait du dénivellement entre la route d'en haut (voie qui monte vers Sidi El Houari via le nouveau rond-point de la Pêcherie) et la route d'en bas (voie longeant le port de pêche et débouche sur Bastos) qui se trouvait dans un piteux état et clochardisait tout le périmètre, avec notamment le vieux et dégradé massif en béton à l'arrière-fond qui servait autrefois de mur de soutènement, est en soi une initiative pertinente.

POINT D'AMORCE D'UNE NOUVELLE DYNAMIQUE D'URBANISATION

En ce sens qu'elle suggère de résorber un point noir, non pas au moyen trop facile d'un cache-misère (mur en voile, panneaux pub trompe-l'œil, espace vert tape à l'œil?) comme cela se faisait en d'autres temps, mais par la réalisation d'un projet bien étudié qui sied à ce haut lieu de tourisme, du moins c'est la nouvelle vocation qu'on veut imprégner à ce site, et on est bien parti pour ce faire, à en juger des actions menées ou projetées dans le cadre du schéma d'aménagement de la Marina et tout le territoire sous-jacent. Ainsi, ce mobilier urbain à forte consonance touristique en rapport avec la thématique mer-pêche-plaisance du fait de sa proximité, plutôt sa centralité par rapport à la carte du périmètre de la Pêcherie, se veut-il un point d'amorce pour le réaménagement urbain, pour la nouvelle logique d'urbanisation qui s'appuie sur le nouveau POS de Sidi El Houari « partie haute », de toute la partie basse d'Oran-ville, à partir du bas-relief de la Marina qui embrasse la mer (ou la terre, c'est selon la position de l'observateur par rapport à la ligne du contact) et en montant graduellement vers le haut : Scaléra, place Kléber, dans le sens menant vers Cité Petit via le boulevard Stalingrad et la route de Ras El-Aïn comme dans le sens (ou plutôt le non-sens) du labyrinthe montagneux débouchant sur la chapelle de la Vierge, le fort de Santa Cruz et le plateau de Moulay Abdelkader, en serpentant à travers le dédale mi-forestier mi-illicite des Planteurs? En attendant le « retour » du téléphérique qui tarde à venir.

UN TERRAIN DE 2.200 M² FIN PRET

Le maître d'ouvrage n'a pas attendu l'aboutissement des procédures du marché avec la désignation des entreprises de réalisation pour les différents lots du projet, et a d'ores et déjà préparé le terrain, en démolissant deux kiosques et en procédant à des travaux d'excavation pour mettre à plat le sol, tout en clôturant l'assiette pour sécuriser le site et minimiser les désagréments. La nouvelle route en bifurcation qui démarre du giratoire de la Pêcherie pour rallier le chemin qui monte vers le sommet du mont Murdjajou via Scaléra et ce, en guise d'un raccourci direct sans passer par le quartier de Sidi El Houari, se dessine peu à peu. A quelques dizaines de mètres de là, devra être installé sous peu le chantier pour la réalisation d'un petit jardin citadin sur l'assiette foncière récupérée après la démolition de quatre immeubles menaçant ruine. Ce parc vert, aussi restreint dans l'espace soit-il, insufflera une nouvelle vie à l'axe place Kléber-port de pêche, sous l'effet complémentaire des investissements en partenariat public-privé qui s'ensuivront.