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Rencontre universitaires et journalistes algériens avec l'ambassadeur saoudien au Yémen: «Les chefs de tribus yéménites sont d'origine saoudienne»

par Notre Envoyée Spéciale En Arabie Saoudite: Ghania Oukazi

L'ambassadeur du royaume d'Arabie Saoudite au Yémen n'a pas été avare de déclarations lorsqu'il a rencontré les universitaires et journalistes algériens à Riyad.

La rencontre s'est passée dans une des ailes du centre ?Emir Mohamed Ben Salmen Ben Abdelaziz' pour les secours et les aides humanitaires. Elle a duré près de trois heures de temps. Il faut reconnaître que Mohamed El Jaber n'est pas n'importe qui. Il a été pendant 7 longues années (2011-2017) attaché militaire à l'ambassade d'Arabie Saoudite, au Yémen. Il est de grand-père yéménite. C'est dire qu'il sait très bien de quoi il veut parler quand il décortique ce qui se passe au Yémen. «J'ai été nommé ambassadeur au Yémen, 10 jours avant l'entrée des Houthis, à Sanâa,» a-t-il indiqué. «Le Yémen est le seul pays avec lequel on partage la pluie,» dit-il. Il dit encore plus. «Les chefs de tribus yéménites sont d'origine saoudienne, les tribus n'ont pas de frontières, on a chez nous 3 millions de Yéménites dont 2 y travaillent depuis longtemps et transfèrent chaque année 10 milliards de dollars, ce qui équivaut le budget de leur pays, le Yémen, c'est-à-dire que les 2 millions de Yéménites qui travaillent en Arabie Saoudite financent les besoins des 27 à 28 millions d'habitants du Yémen,» a-t-il fait savoir. Il note que «beaucoup de projets au Yémen sont saoudiens, on tient à sa cohésion sociale.»

Il convoque les faits qui ont poussé le Yémen dans l'enfer de la guerre. 2011, année des «printemps arabes.» L'ambassadeur saoudien souligne qu'en cette année, «le pouvoir yéménite se divise en deux, Ali Abdallah Salah garde une partie de l'armée, la seconde se révolte contre lui. Les pays du Golfe réagissent sur une initiative de l'Arabie Saoudite qui recommande à Abderabou Mansour Hadi de remplacer Ali Abdallah Salah pour arrêter l'intifadha, revoir la constitution et organiser des élections, on tenait à ce que du changement par le sang, les Yéménites optent pour un changement pacifique.» Entre 2012 et 2014, l'Arabie Saoudite a consacré, selon lui, un budget de 7 milliards de dollars pour le Yémen dont 3 ont été débloqués pour la construction d'un aéroport, d'un hôpital et la réfection du réseau routier. Les Etats-Unis l'ont aidé avec un demi-milliard de dollars.

«Abdallah Salah était un grand dirigeant arabe»

Le dialogue national entre le pouvoir et les Houthis (représentés par 35 d'entre eux) a été lancé pour régler 9 questions cruciales dont la situation au sud, celle de Saâda. «Les houthis signent l'accord, le problème à Saada a été réglé. Mais les houthis ont, tout de suite, changé d'avis comme fait le hezballah au Liban. Les Houthis ont signé 80 accords mais n'en ont respecté aucun,», soutient notre interlocuteur. Le dernier, dit-il «ils l'ont signé avec Ali Abdallah Salah, 6 mois après, ils l'ont tué parce que l'accord a été refusé par l'Iran qui les finance et les protège.» Pour lui «Abdallah Salah était l'un des plus grands dirigeants arabes, ce qu'il avait fait avant d'être assassiné est courageux, il a refusé de se mettre sous la coupe de l'Iran, il a négocié avec les Houthis. Il était dans une zone non sécurisée, il était venu chez les Houthis et a brandi l'emblème national du Yémen, il est mort avec honneur.» Il ajoute que «Abdallah Salah, en tant que président, n'a, à vrai dire, gouverné que Sanaa, le reste du Yémen, ce sont des tribus, personne ne peut leur imposer quoi que ce soit.»

Il étaie sa diatribe contre l'Iran. «Les Houthis ont le même drapeau que l'Iran et scandent des slogans de Khomeyni. Après l'assassinat de Abdallah Salah, «l'armée yéménite a procédé au changement de ses hommes, les Houthis ont alors attaqué les salafistes de Saada qui ont quitté la région sur recommandation du prince héritier,» relate-t-il. Le 21 septembre 2014, les Houthis ont pris 14 régions en plus du siège de la présidence. Ils signent alors un nouvel accord avec le pouvoir pour pouvoir participer au gouvernement et choisir un président.» Ils en ont rejeté cependant, le volet militaire et sécuritaire. A la fin 2015, «ils ont pris en otage le président et des ministres, une semaine après, une délégation iranienne vient à Sanâa et signe un accord avec les Houthis, un Etat s'allie à une milice, 28 vols ont été programmés entre Sanâa et Téhéran, les Iraniens ont alors fait savoir qu'ils fêtaient leur prise de la 4ème capitale arabe (Sanaa) après Beyrouth, Baghdad et Damas.» El Jaber fait savoir que «le Yémen est un pays pauvre qui ne sait rien faire, les Yéménites à Aden ne savent pas manipuler les armes alors que les Houthis les attaquent avec des missiles de dernière génération.»

«On a un Etat et des frontières, on n'est pas Israël?»

Les négociations à Genève étaient pour demander aux Houthis «de quitter Aden, 7 accords ont été signés entre eux et le pouvoir yéménite pour arriver à un cessez-le-feu, mais en vain, les Houthis refusent de déposer les armes, l'Iran a créé ainsi, un nouveau ?Hezballah', au Yémen.» Les Saoudiens, dit-il, «ont un Etat avec des frontières, on n'est pas Israël. Les Iraniens ont démonté un scud chez eux, ils l'ont monté à Sanâa et lancé contre Riyad, nous avons reçu 95 missiles balistiques, les 2 dernières années, Téhéran veut prendre en main Bab El Mandeb pour contrôler la région.»

Entre 2015 et 2018, «de grands efforts politiques, économiques et militaires ont été déployés pour que la crise se résolve, les Houthis ont perdu beaucoup de territoires, par exemple à Sanâa, il n'y a aucun houthi. C'est grâce à la stratégie saoudienne que l'alliance militaire arabe arrive à de tels résultats.» Il affirme que «l'alliance et les militaires saoudiens ne sont pas au Yémen, nos opérations militaires contre les Houthis sont menées par voie aérienne, on n'a jamais eu, à l'esprit d'occuper le Yémen. Nous lui envoyons des aides humanitaires parce que le peuple yéménite vit dans des conditions très difficiles. De 2014 à fin 2017, nos aides ont atteint 8,2 milliards dont 3,5 milliards l'ont été, entre juillet et fin 2017. La bataille est difficile sur le terrain, la guerre est entre les Yéménites. L'armée de Ali Abdallah Salah a basculé du côté des Houthis.» L'ambassadeur saoudien tient alors à préciser que «nous ne menons pas une guerre par procuration comme le soutient l'Occident, on nous attaque chez nous, on veut attenter à nos ressources, l'Iran veut prendre le Yémen, nous ferons tout pour l'en empêcher, ses visées sont pour prendre La Mecque, l'Iran perse veut se venger ?»

Bachar El Assad, ajoute-il, a reçu de grandes aides de l'Arabie Saoudite pour arrêter le massacre de civils syriens «mais l'Iran l'en a dissuadé par la force?. Nous défendons notre pays, nos frontières et nous voulons que le Yémen retrouve sa sécurité.» Il est question, selon lui, que le pays devienne un Etat fédéral, avec 6 gouvernorats (recommandation du dialogue national). «Abdrabo Mansour doit l'appliquer, entre autres actions que mène l'Arabie Saoudite, pour réunifier le pays, le financement du fonctionnement des hôpitaux de Saada et Hadja -deux régions houthies, par excellence- pour un montant de 100 millions de rials par an,» dit Mohamed El Jaber. L'interlocuteur des universitaires et journalistes algériens précise que «nous n'avons ouvert aucun front, ils nous ont été imposés.» Il indique que «nous avons une bonne gouvernance, 250.000 de nos cadres ont étudié en Europe, nous avons 32 universités, nous étions des bédouins, nous sommes devenus des universitaires (?).» Pour conclure, il lâche «on n'a ni victoire ni défaite au Yémen.» Ceci étant, il assure que «l'Iran est un exportateur net des guerres, on ne lui permettra jamais de diviser le monde arabe, on n'a rien contre la Chiâa puisque nous avons près de 3 millions de chiites en Arabie Saoudite, mais on est contre la Perse!» Par la voie de son ambassadeur au Yémen, l'Arabie Saoudite pense que «le monde arabe doit nous aider contre le péril perse.» Mohamed El Jaber estime, cependant, que «la réconciliation est obligatoire, au Yémen, il faut un règlement politique de la crise.»



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