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Ils attendent leur approvisionnement en blé subventionné depuis 2014: Des minotiers crient leur détresse

par Sofiane M.

Des patrons minotiers, qui ont investi tout leur argent pour l'acquisition d'équipements industriels et nombreux se sont endettés auprès de banques et de particuliers, vivent dans la détresse depuis plus de trois ans faute d'approvisionnement en blé subventionné par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), seul approvisionneur du marché local en céréales. Ces investisseurs avaient déboursé de fortes sommes allant de 10 à 40 milliards de centimes pour chacun dans l'installation de minoteries industrielles (importation du matériel, constructions des dépôts, installations des réseaux?). Ils avaient également finalisé toutes les procédures administratives requises pour exercer cette activité. Ils ont même reçu les PV de constat établis par le ministère de l'Industrie qui leur donnent le feu vert pour exercer dans ce créneau, mais depuis près de trois ans ces patrons minotiers sont en chômage technique forcé par manque d'approvisionnement en céréales.

Les délégués de ces investisseurs se sont déplacés à notre rédaction pour crier leur désarroi et exiger une prompte intervention du Premier ministre afin de lever le blocus sur leurs minoteries. «Nous sommes entre 60 et 70 investisseurs à travers le territoire national qui souffrent de cette fâcheuse situation. Nous sommes ballottés depuis trois ans entre le ministère de l'Industrie et celui de l'Agriculture. Ces deux ministères se rejettent mutuellement la responsabilité et refusent de respecter leurs obligations. Nous nous sommes déplacés à de nombreuses reprises aux deux ministères dans l'espoir de desserrer l'étau de l'embargo imposé à nos minoteries, cependant nous n'avons obtenu en final que des promesses non tenues de subalternes des deux ministres. Ils nous promettent à chaque fois des commissions d'enquête pour revoir la répartition des quotas, mais sans suite. Devant notre insistance tenace, ils nous ont récemment annoncé que notre dossier est sur le bureau du Premier ministre. Il s'agit d'allégations que nous ne pouvons aucunement vérifier car nous nous sommes déplacés à plusieurs reprises à Alger afin d'obtenir une audience auprès des hautes autorités sans suite. Nous réclamons aujourd'hui une intervention du Premier ministre pour trouver une réponse à nos légitimes revendications. Nous avons dépensé tout notre argent sur ces projets. Le matériel neuf que nous avons acheté avec des devises rouille dans les hangars. Nous sommes contraints de s'acquitter de lourdes charges mensuelles : frais de gardiennage, facture d'électricité, loyers, cotisations CASNOS, etc. Nous voulons seulement notre quota de blé subventionné comme les autres minoteries industrielles», affirme un délégué des concernés. Et un autre d'ajouter : «Ils nous ont affirmé aux deux ministères que le créneau est saturé, mais nous avons appris que certaines personnes bien influentes ont investi récemment dans des minoteries industrielles et elles sont approvisionnées régulièrement en blé subventionné. Nous réclamons des enquêtes sérieuses sur la répartition des quotas entre les 600 minoteries industrielles en activité». Il importe de noter que le système des quotas décidé en 2006, soit un plafond de 50% des capacités de production des minoteries, est maintenu par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), seul importateur de céréales dans le cadre de sa mission de régulateur du marché national.

Ce dispositif imposé par l'OAIC pénalise les 600 patrons minotiers en activité qui se plaignent que leurs minoteries tournent en deçà de leurs potentialités. Le dispositif de quotas de livraison a été mis en place par les pouvoirs publics pour subventionner les prix à la consommation de la semoule et de la farine suite à la flambée des prix des céréales sur les marchés internationaux. L'Algérie a importé en 2017 près de 8 millions de tonnes de céréales pour un montant de 1,6 milliard de dollars, selon l'OAIC. La production locale en blé tendre ne couvre que 5% des besoins du marché local.