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Le wali inspecte les grands chantiers de la ville: Quand l'aménagement de la Bastille fait de l'ombre au complexe olympique

par Houari Saaïdia

Par des petits gestes, Cherifi a réussi là où tous ses prédécesseurs ont loupé leur objectif. Petite virée dans la Bastille en prenant langue au fil des étals avec les marchands, toujours avec ce ton amical et ce sourire affable, coup d'œil sur la mercuriale, petit sandwich de carentika pris chez le vendeur du coin? Bref, le wali a trouvé la bonne recette pour convaincre les vendeurs : aller vers eux. Sans préjugé aucun.

Ce n'est pas sorcier. Cette expression que le wali emploie très souvent, est très valable pour le cas de la rue des Aurès. Le projet de la Bastille, pour s'en tenir au jargon à mi-chemin entre l'administratif et le dialectal. Mais avant la «bonne» méthode, il y avait à l'origine, au départ, l'objectif «juste». A savoir : maintenir la vocation de la Bastille, celle d'un marché de référence de la ville d'Oran, plaque incontournable pour ménages et visiteurs. Et là, il faut noter que la plupart des tentatives antérieures des pouvoirs publics locaux ont échoué non par manque de volonté ou d'entrain, mais parce qu'ils se sont trompés d'objectif, de cible. Parce qu'on avait supposé que pour résorber ce «point noir» du marché fourre-tout de la rue des Aurès, pour raser ce lieu infect de la carte, il fallait en délocaliser l'activité. Et donc il fallait changer, «travestir» la vocation de cet espace. Quitte à imposer un lieu de recasement inadéquat, la place Hoche ou l'ancienne cave vinicole de Saint-Pierre, le cas échéant. C'est-à-dire une solution pour bon débarras. Néanmoins, il y a eu certes auparavant quelques projets corrects qui reposaient sur le principe de conservation de la vocation et de l'utilité de cette artère parallèle à la rue Mohamed Khemisti et l'avenue Larbi Ben Mhidi, mais ils n'ont pas eu de succès sur le terrain car la façon de faire et surtout l'action persuasive préalable n'ont pas suivi.

LE CONTACT DIRECT: LA BONNE RECETTE POUR CONVAINCRE

Or, cet élément-là, cet ingrédient est déjà présent, à en juger des réactions de consentement et de l'élan de soutien et d'accompagnement qu'a suscité auprès des commerçants, tant ceux exerçant dans les locaux relevant des immeubles de l'OPGI que ceux « locataires » de tables réglementaires ou informelles, la visite effectuée hier lundi par le wali. Non seulement le chef de l'exécutif local et le maire de la ville se sont assurés de l'accord préalable, général et inconditionnel, pour un réaménagement et une mise à niveau de fond en comble du marché de la Bastille, mais ils leur ont clairement exprimé leur appui et leur accompagnement dans cette démarche. Ce qui n'est pas rien. Ce qui est déjà une grande avancée, avant même la confection de l'étude technique, le montage financier et le lancement des travaux. Car, il faut se rappeler que pas mal d'essais antérieurs ont buté contre une sorte de rejet, de force résistante et répulsive, exercée par un « lobby de légumiers », pour reprendre le qualificatif, un peu trop fort mais assez correct quelque part, utilisé récemment à l'hémicycle par le président d'une association locale, membre du comité consultatif pour l'embellissement de la ville en prévision des JM-2021, et sont de ce fait restés des projets mort-nés. Ce n'est pas le cas, loin s'en faut, du projet version Mouloud Cherifi, qui est bien parti pour se concrétiser sur le terrain et offrir ainsi à Oran un vrai marché à la parisienne, mais sous version oranaise adaptée, dédiée à la gastronomie, les fruits et légumes, poissons et fruits de mer frais, entre autres, mais également, voire surtout un lieu de convivialité au cœur de la vie citadine.

30 MILLIARDS POUR RELOOKER FRONT-DE-MER

En attendant que le bureau d'études engagé remette ses copies (diagnostic des lieux, solutions préconisées pour les différents lots : réseau d'assainissement des eaux usées et de drainage des eaux pluviales, système anti-remontée d'eaux souterraines, traitement des immeubles entre confortement ou simple ravalement des façades, éclairage, voirie?), le wali ne se fait guère de soucis pour l'argent, avec à la clé un montage financier wilaya-APW-APC et, éventuellement, une quote-part que devra cotiser le collectif des commerçants.

Auparavant, le wali s'était rendu sur le boulevard de l'ALN où il s'était enquis sur place de certains aspects techniques du projet d'embellissement du Front-de-mer dont l'exécution est pilotée par l'APC d'Oran, récemment destinataire d'une enveloppe financières de 30 milliards de cts de la part de la wilaya. Le moins qu'on puisse dire, à voir la fiche technique illustrée présentée par le maître d'œuvre, c'est que ce grand boulevard-balcon vue sur mer longeant le centre-ville de part en part, qui se trouve dans un piteux état, fera peau neuve à terme.

DES CORRECTIFS POUR LE VILLAGE MEDITERRANEEN

Dans le même circuit, le wali a eu à donner quelques orientations aux communaux concernant le projet d'extension de la place du 1er Novembre 1954 basée sur le réaménagement du site « rétrocédé » à la municipalité après la délocalisation du Centre d'information de l'ANP, et qui va permettre d'ouvrir un accès sur Châteauneuf, futur siège de l'APC ainsi que le périmètre du Palais du Bey. La wali avait entamé sa tournée d'hier par le complexe olympique, où il s'était enquis de l'avancement des travaux du stade de 40.000 places, du périmètre immédiat ainsi que ceux du village méditerranéen. Au sujet de ce dernier point, il a suggéré une autre variante relativement différente à celle proposée par la direction des Equipements publics, le maître d'ouvrage. En clair, le wali a jeté son dévolu sur d'autres blocs de l'ancienne cité U réaménagée en lieu d'hébergement pour les JM-2021 pour les intégrer dans la structure de celui-ci, tout en compensant ce retranchement par la restitution au plan de consistance de la même résidence universitaire de bâtiments dont l'intégration au village olympique s'est avérée encombrante et dispendieuse sur le plan gestion de l'espace, en premier lieu.