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Economie: Des patrons accusent

par Yazid Alilat

Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) Boualem M'Rakech persiste et signe: il y a une mafia politico-financière qui bloque l'Economie nationale.

Il a montré, hier mercredi, une nouvelle fois, son étonnement devant le blocage de la situation de l'entreprise algérienne, en dépit des décisions prises par les pouvoirs publics. Il a expliqué, dans une intervention à la Radio Chaîne 3 que : «nous travaillons sur le pacte de croissance économique depuis quatre ans, nous avons fait des propositions concrètes qui relèvent des dispositions réglementaires, sans résultats». «Il y a de l'obscurité là dedans, je me demande s'il y a des blocages», estime t-il, avant de s'interroger: «c'est à croire qu'il y a des visées pour que toute opération qui va dans le sens du progrès n'atteigne pas son but».

Et puis, ajoute le patron de la CAP, «on se pose la question de savoir qui est derrière, car il y a les contrecoups contre l'Economie nationale».

Pour lui, il faut, aujourd'hui, «dire les mots qu'il faut, il faut révolutionner par étapes l'obscurantisme, qui s'est installé dans la sphère économique». M'rakach estime qu'il faut «prendre une décision pour un changement radical des méthodes», car « il y a des lobbies, qui bloquent» l'Economie nationale, et au premier rang de ces lobbies, il y a selon lui, «celui de l'importation. Vous n'avez qu'à voir les chiffres, c'est un blocage, une position obscure, qui fait qu'on ne peut avancer.» Les mêmes accusations avaient été faites par le président de la CAP, en juin dernier, après la dernière tripartite d'Annaba. Il avait, ainsi, estimé qu' «il y a manque de décisions pour la relance réelle de l'Economie algérienne», mettant en avant que toutes les décisions des Tripartites, y compris celle d'Annaba, n'aboutissent pas. «Lors des tripartites, on discute, mais ce qu'on décide ne se concrétise pas, on ne sait plus où ça bloque. Nous discutons, réellement, des problèmes, mais sur le terrain il y a des difficultés importantes pour concrétiser les décisions», relève t-il. Pour M. M'rakech, il y a dans le système économique algérien, une «maffia politico-financière» qui bloque tout le processus des décisions, allant dans le sens d'une réelle avancée économique du pays. Quant aux solutions, il estime qu' «elles ne sont pas chez nous, car il y a réellement un blocage». Pour lui, la relance économique ne peut se faire qu' «au prix de la transparence». «L'Algérie est appelée à un renouveau, et il va y avoir des contrecoups difficilement supportables, mais c'est le prix à payer pour sauver l'Algérie», explique le président de la CAP, qui a rappelé que «l'alerte a été donnée, il y a longtemps. On a vu arriver la crise», mais maintenant, préconise t-il, «il faut prendre la décision qui va tout révolutionner, mais par étapes, les choses doivent se faire graduellement.» Car, selon lui, «il y a même des entreprises publiques stratégiques qu'ils ont fait plonger dans la crise». Sur le report de la dernière tripartite, M. M'rakech a indiqué que «nous avons été les premiers à dire que nous reportons la Tripartite, car la situation était très grave». Cette Tripartite, programmée par l'ex gouvernement Tebboune, devait se tenir, en septembre dernier, mais Ahmed Ouyahia, dès son installation au Premier ministère, l'avait reportée. Le président de la CAP a appelé, par ailleurs, pour que les décisions prises par les pouvoirs publics de concert avec le patronat, «s'installent dans la durée, avec un mixage public-privé». Pour autant, il estime que le soutien étatique à l'entreprise publique n'est plus d'actualité. «La situation actuelle nous oblige à prendre notre avenir en mains, et cela, il n'y a que l'entreprise, qui peut le relever, avec une préférence pour l'entreprise privée, car depuis 50 ans on soutient l'entreprise publique, sans résultats», a t-il expliqué. «Et tout le monde dénonce cette pratique de soutien des entreprises publiques, car on ne peut plus soutenir quelque chose qui ne donne pas de résultats. On ne peut continuer ainsi, il faut passer à une autre étape aujourd'hui», préconise le président de la CAP, car il estime que l'environnement économique actuel de l'entreprise «n'est pas adéquat. Et, il n'y a pas de solutions à cette situation».