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Au fil des jours - Communication politique : nouvelles du front ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

  Mercredi 13 septembre 2017:

Info ? Intox ? Un temps ? Longtemps ? Il paraît que depuis la prise de fonction du Premier ministre Ahmed Ouyahia, les médias et surtout les télévisions privées, même celles qui sont officiellement autorisées par le ministère de la Communication, n'ont pas accès au Palais du Gouvernement. Les choses se sont confirmées avec la rencontre du Premier ministre avec les partis politiques proches de l'Alliance présidentielle. Aucune caméra, ni média privé, n'avait accès au Palais où était programmée la rencontre. Seuls les médias publics (la télévision nationale, l'Agence APS et la Radio nationale) avaient accès au Palais, autrement dit aux déclarations exclusives du Premier ministre. D'ailleurs, faute d'informations, certains médias ont dû attendre le lendemain pour décrypter les déclarations d'Ouyahia diffusées sur la télévision publique dans le JT de 13h et la dépêche de l'APS qui n'est tombée que le lendemain à 16h, soit 24h après la rencontre entre le Premier ministre et les partis.

Ce n'est pas la première fois que le Premier ministre Ouyahia installe une barrière pour les médias privés. Ouyahia veut instaurer une règle claire : la communication du Gouvernement doit être bien réglée. Il laisse néanmoins une fenêtre ouverte pour les télévisions privées lors des sorties politiques, mais à l'extérieur du Palais et seulement au siège de son parti à Ben Aknoun.

Si le Premier ministre se permet de s'exprimer sur les chaînes privées à l'APN et lors des sorties politiques de son parti, il s'interdit toute déclaration aux médias privés à l'intérieur du Palais du Gouvernement.

Peut-on raisonnablement lui en vouloir, d'autant que l'organisation d'une communication intitutionnelle -surtout les activités considérées comme internes ou confidentielles car liées à une stratégie particulière- ne relève pas obligatoirement d'une large diffusion et peut donc être millimitrée. D'autant que l'on a noté, avec l'explosion médiatique de la communication audiovisuelle (non encore réglementée donc pouvant échapper, en cas de bévue, à la loi...mais pas aux mesures de rétorsion), une certaine incompétence journalistique dans le traitement de l'information... récoltée et/ou extorquée.

Samedi 16 septembre 2017 :

Sacré Rachid Boudjedra ! Certainement pour préparer sa rentrée littéraire avec un ouvrage sur «Les contrebandiers de l'Histoire», aux éditions Frantz Fanon à Tizi Ouzou, ne voilà-t-il pas qu'il fait le procès (dans une interview accordée à un site électronique d'informations) d'une partie de l'élite algérienne qui, selon lui, défend les «thèses néocoloniales», qui «falsifie l'Histoire» et qui exprime «la haine de soi». Il critique, entre autres, Boualem Sansal, Kamel Daoud, Fériel Furon, Wassila Tamzali, Yasmina Khadra et Salim Bachi...et même certains enseignants universitaires comme Mohamed Lakhdar Maougal (défenseur, selon lui de Camus). Ne manquent plus que A.Djebbar, A. Zaoui, W. Laaredj, M. Arkoun, Kateb Yacine, M. Haddad...et R. Boudjedra (au début de sa carrière, quand il avait écrit La Répudiation)...et il cite cinq intellectuels français comme «promoteurs» des Algériens qui écrivent et éditent en France : Bernard-Henri Lévy (désigné comme «un agité du bocal»), Alain Finkielkraut, André Glucksmann, Pascal Bruckner et Éric Zemmour.

Présentés comme des islamophobes, ces cinq écrivains auraient, selon lui, trahi Jean-Paul Sartre. Rachid Boudjedra tire aussi à boulets rouges sur les cinéastes algériens installés en Europe. «Le parti de la France» existe bel et bien en Algérie, conclut-il «Nous sommes assaillis par des articles de presse, des romans, des essais, des films et autres productions idéologiques qui tracent le même parcours du déni, du mensonge et de la fabrication gommant la réalité historique intrinsèque et affirmant non seulement leurs regrets amers de n'être plus ?les enfants de la patrie française?, mais aussi leur terrible nostalgie et leur malheur inconsolable de n'être plus que des citoyens algériens», développe-t-il. Il évoque aussi «le complexe de l'esclave qui refuse d'être libéré par son maître».

Sacré Boudjedra ! Toujours le plus grand alors que les meilleurs sont désormais ailleurs. Mais, toujours aussi sévère, l'âge n'arrangeant pas l'humeur. Les chocs de la «nouvelle vague» de créatifs (écrivains, cinéastes, chanteurs et même sportifs) ? Et, peut-être, tombant -ce n'est pas la première fois- dans le piège du «harcèlement» journalistique toujours à la recherche du sensationnel (c'est de bonne guerre !), faisant, cette fois-çi encore, le lit de la francophobie nationale, celle qui lui a déjà causé tant de mal, celle toujours aux aguets, qui voit des complots partout, amenant l'élite nationale se trouvant ou produisant à l'étranger à se braquer. Voilà une polémique -entretenant nos inimitiés, multipliant nos cassures internes et nous laissant «pourrir» dans notre médiocrité- qui ne peut arranger que ceux qui, outre-mer ou juste voisins, «nous veulent du bien» ?

Phrase du mois : «L'Algérien n'est algérien qu'en dehors de l'Algérie?C'est en dehors de notre contexte de vie qu'apparaît notre identité» (Slimane Benaissa, «Dossier : Les élites intellectuelles. Entretien» © El Watan, jeudi 30 janvier 2014)

Dimanche 17 septembre 2017 :

Lecture du mois : la réponse (virulente mais bien torchée comme à son habitude ) de Mohamed Abassa (journaliste bien connu, condisciple de K. Ameyar et de Abdou B. rédacteur en chef de la République et fondateur du premier Institut de sondage privé, aujourd'hui à l'arrêt, actuellement «réfugié» en France...suite à la rédaction d'un ouvrage -brulôt rapidement ôté des librairies- sur le régime au début des années 90) à Nourredine Boukrouh. Voir www.dia-algerie.com. Extrait : «Quand on a été le maroquin d'un maroquin? Dans les petites remarques que j'ai adressées aimablement à M. Boukrouh, ce dernier a réagi violemment en enfourchant sa vieille mule pour tenter de m'atteindre par ses vieux procédés bien éculés et bien connus. Sauf que là, ça ne marche pas avec moi. Je vais donc lui mettre ici le nez dans sa propre gadoue...». On devine la suite.

Mercredi 20 septembre 2017 :

Emmanuel Macron a répondu sèchement à une journaliste qui lui demandait pourquoi il avait choisi, pendant sa visite à l'ONU, de s'exprimer d'abord sur la chaîne américaine CNN plutôt que sur un média français. «Peut-être parce que les médias français s'intéressent trop à la communication et pas assez au contenu», a-t-il accusé.

«Je m'exprimerai devant les médias français, mais quand je vois le temps passé, depuis quatre mois, à ne commenter que mes silences et mes dires, je me dis que c'est un système totalement narcissique», a-t-il jugé.

Depuis son élection, le président français a plusieurs fois critiqué vertement la presse française qui lui reprochait de refuser de répondre à ses questions.

Vendredi 22 septembre 2017 :

Les lycéens saoudiens ont fait une drôle de découverte cette semaine, en ouvrant leur livre de sciences sociales. En plein chapitre sur les Nations-unies, plusieurs élèves ont découvert une image pour le moins surprenante. Une page présentait une photographie du roi Fayçal en 1945, avec à ses côtés Yoda, le célèbre maître Jedi des films Star Wars.

Le montage, une image en noir et blanc, montre le roi Fayçal, alors prince et ministre saoudien des Affaires étrangères, en train de signer la Charte des Nations-unies à San Francisco (Etats-Unis), en 1945. Près de lui siège Maître Yoda, le célèbre personnage de la saga cinématographique. Comment ce montage, réalisé par l'artiste saoudien Abdullah Al Shehri -surnommé Shaweesh- est-il arrivé dans un manuel scolaire de sciences sociales ?

«Je suis celui qui l'a réalisé, mais je ne suis pas celui qui l'a inclus dans le livre», a réagi Abdullah Al Shehri, interrogé par le «New York Times». Cette image appartient à une série de montages que l'artiste a réalisés, mélangeant des photographies historiques avec des icônes de la pop culture. Ce dernier a souhaité créer un montage avec Yoda et le roi Fayçal car ils sont pour lui «sages, forts et toujours calmes», a-t-il expliqué auprès de la BBC «Je ne voulais pas du tout offenser le roi», a tenu à ajouter Abdullah Al Shehri.

Le ministre de l'Education saoudien, Ahmed al-Eissa, s'est excusé de cette «erreur accidentelle» sur Twitter. «Le ministère a commencé à imprimer une copie corrigée» du manuel, a-t-il affirmé, ajoutant que les autorités tentaient toujours de déterminer l'origine de cette erreur. L'artiste reste quant à lui très surpris que son montage ait pu apparaître dans un manuel scolaire. «Quelqu'un aurait dû vérifier l'image avant d'imprimer !», a-t-il réagi auprès de la BBC. Bien sûr, on est tenté de croire qu'il ya «complot ourdi par une main vengeresse» quelque part... mais, personnellement, je penche bien plus pour le niveau des pédagogues locaux qui, certainement, embrumés par leur très grande (mauvaise) foi ont sincèrement cru en l'existence de Maître Yoda. Une histoire de Djinn ?

Samedi 23 septembre 2017 :

Ouyahia fait la Une des journaux, le sujet principal des menus des journaux télévisés et celui aussi des réunions «cafetières». Non pas tant par sa stratégie économique et financière et ses annonces emplies d'austérité, présentée au Parlement et, indirectement, à l'opinion publique. Non pas tant par les réactions justes ou farfelues des spécialistes, des analystes et des «experts»...On en a vu tellement de pareilles (les vérités comme les mensonges des uns et des autres) par le passé lointain ou récent, tout particulièrement en 1980 puis au début des années 1990, avec un pays endetté jusqu'au cou et en cessation de paiement, subissant les conditions du FMI. Bref, là n'est pas mon propos.

Ouyahia fait la Une en raison de son image publique et médiatique, construite depuis son entrée en politique au niveau décisionnel... au milieu des années 90. Avec, toujours, une façon particulière d'être et de dire les choses, surtout celles économiques et financières, assez... brutalement : un peu le langage de la «franchise» ; un peu de cette suffisance, désormais proverbiale, de «l'enarchie» nationale ; une certaine agressivité, qualité (sic !) propre aux grands décideurs (certains la pratiquent par le biais de la plaisanterie...comme qui vous savez) et un peu de la froideur méthodologique de l'exposé de l'étudiant rigoureux et trop sérieux ? Un peu de tout. Un choix délibéré relevant d'une démarche communicationnelle étudiée et entrant dans un plan de com établi à l'avance ? Pas si sûr, connaissant sa méfiance (mais son respect... toujours de loin, il est vrai) à l'endroit de la presse en général et de certains journalistes en particulier, tout particulièrement celles et ceux qui prétendent être des «keaders d'opinion» ou des «influenceurs»

Les difficultés à venir vont-ils le changer quelque peu et quelque part ? Pas si sûr...la situation générale du pays lui offrant la plus belle (et la dernière ?) occasion de sa vie pour aller encore plus loin, encore plus en haut...Mais, saura-t-il gérer la force de ses propos...toute vérité n'étant pas forcement bonne à dire...n'importe quand, n'importe où et n'importe comment.

Lundi 25 septembre 2017:

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, vient d'annoncer l'installation avant la fin de l'année de l'Autorité de régulation de la presse écrite (ARPE), prévue par loi relative à l?information de 2012...ainsi qu'une loi (qui sera promulguée l'année prochaine) permettant un accès «plus conséquent» des médias notamment aux informations et aux documents, prévue par la Constitution (la belle annonce, juste avant le 28 septembre qui est la Journée internationale de l'accès à l'Information)...l'engagement de l'Etat à réactiver (ou le re-créer ?) le «Fonds d'aide aux médias», financé par le Trésor public, pour le redynamiser l'année prochaine en revoyant son encadrement. Voilà donc de bonnes nouvelles qui seront certainement complétées par une (ré-)animation de l'Autorité chargée de l'audiovisuel qui tarde à produire les fameux «Cahiers des charges» devant faire le tri dans le ciel médiatique audiovisuel national. Il a oublié, aussi, la (désormais de plus en plus nécessaire) production d'un autre texte prévu par la loi, absolument nécessaire, celui «encadrant» les activités des sites d'information électronique nationaux... et celui de la publicité...et celui sur les sondages. Tâches pas faciles d'autant que les années perdues à discutailler sur le «cercle vertueux» du journalisme sont difficilement rattrapables.

Selon l'étude «the New Netwar» publiée par l'ONG britannique «Policy Exchange» l'Algérie figure parmi les pays les plus désintéressés des contenus diffusés sur les réseaux sociaux par Daesh. Menée entre la période s'étalant du 19 février au 3 mai 2017, le document de 130 pages livre quelques chiffres. Ainsi l'Algérie a totalisé durant cette période 3.878 clics. Ce qui est très significatif par rapport à d'autres pays jugés très consommateurs de la propagande djihadiste à l'instar de la Turquie (16.810 clics), les USA (10.388 clics) et l'Arabie saoudite (10.239 clics). Il y a aussi l'Irak et l'Angleterre.

Par ailleurs, les chercheurs de l'université «The Queen Mary» de Londres, qui ont réalisé l'étude affirment que la thèse selon laquelle l'influence des groupes terroristes sur les réseaux sociaux et sur le web en général diminue est une thèse «exagérée et loin du compte». D'après l'étude, «Daesch» se base d'après l'étude principalement sur Facebook (60%) et Twitter (40%) pour sa propagande «djihadiste».

Mercredi 27 septembre 2017 :

Un magazine vendu dans 20 pays, une chaîne de télévision, un manoir dédié à l'érotisme?Playboy a perdu son fondateur, Hugh Hefner. L'Américain, surnommé «le prophète de l'hédonisme pop», est mort, à l'âge 91 ans.

De la création du magazine, dans un appartement de Chicago en 1953, à l'empire global de l'érotisme, Hugh Hefner est devenu une icône aux multiples facettes.

Journaliste de formation et au chômage, né dans une famille de protestants conservateurs et puritains (« J'ai été élevé dans une configuration où le sexe était fait pour procréer et le reste était du péché. C'est abominable»...raconte-t-il), il a une ambition : créer le magazine lifestyle de l'homme moderne avec en bonus, les fameuses playmates, ces filles dénudées en pages centrales. Play-boy ! C'est le premier magazine grand public à montrer des seins nus...à côté de grands textes de la littérature et de la pensée modernes. Une révolution pour l'époque, où les couples mariés dorment dans des lits séparés dans les films...et où, dans la réalité quotidienne, les golden-boys célibataires de l'époque travaillent beaucoup, gagnent beaucoup d'argent mais s'ennuient ferme. Ce sera aussi le début d'un grand groupe de presse international.

S'étant affranchi de la tradition et ayant adopté des positions libertaires, son engagement politique a vite penché pour le camp progressiste.

Hugh Hefner est un playboy, mais aussi une star de cinéma car le cinéma est sa grande passion. Pendant longtemps, il organise des Saturday Night Mansion Movie, des projections de film dans le cinéma de sa villa de Beverly Hills. Hugh Hefner aurait eu plus de 1.000 conquêtes, mais ne s'est marié que trois fois.

Vendredi 29 septembre 2017 :

Depuis quelques jours, Deutsche Welle (DW), le service international de diffusion allemand, diffuse des émissions radio destinées à l'Afrique, via Facebook. Cela est possible grâce à la fonction Facebook Live Audio lancée il y a quelques semaines par le réseau social. Les programmes de DW sont diffusés en anglais, en français, en haoussa et en swahili.

La décision de DW n'est pas anodine. Selon les études menées par l'équipe de marketing et de recherche médiatique du service de diffusion allemand, la majorité des Africains utilisent presque exclusivement les réseaux sociaux sur leurs téléphones portables. Par ailleurs, les études de DW ont montré que les Africains écoutent beaucoup la radio sur smartphone.

Samedi 30 septembre 2017 :

Le président Abdelaziz Bouteflika a réitéré, mardi 26 septembre, son invitation à la chancelière allemande Angela Merkel pour visiter l'Algérie.

«C'est dans le but de concrétiser ensemble ces perspectives prometteuses pour l'amitié et la coopération algéro-allemande et de poursuivre avec vous le dialogue fructueux que nous avons déjà noué, que j'ai grand plaisir à vous inviter à effectuer une visite officielle en Algérie à une date dont nous conviendrons par voie diplomatique», a indiqué le chef de l'État dans son communiqué.

Initialement prévue en février dernier, la visite de la chancelière avait été reportée à la dernière minute pour «indisponibilité temporaire» du président.

Il est évident que le message présidentiel ne s'adresse pas uniquement à Angela Merkel. Il est aussi à consommation interne puisqu'il se décline comme une réponse, indirecte à ceux qui appellent à l'application de l'article 102 de la Constitution.

Les interrogations sur l'état de santé du chef de l'Etat ont été relancées (par «certaines brebis galeuses», selon le président du Sénat) après la visite de Nicolas Maduro le 10 septembre. Le président vénézuélien, qui a passé deux jours à Alger, n'a pas été reçu par son homologue algérien.