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Le terrorisme a un nom

par Mahdi Boukhalfa

La violence dans le monde, qu'elle soit provoquée par des guerres, des séditions, des actes terroristes ou de grand banditisme, n'est perçue dorénavant que par rapport à son origine et la nationalité de ceux qui l'ont produite. Jamais depuis le 11/9 cela n'a été d'actualité: l'Arabe, le musulman est un terroriste en puissance. Le cas de la tuerie de Las Vegas et l'attaque à Marseille en est un parfait exemple de cette propension des Occidentaux en général et des Européens en particulier à ne voir le terrorisme que sous le prisme de l'identité religieuse, au besoin de la nationalité.

A Las Vegas, dans le Nevada, un homme a tué au moins 58 personnes et en a blessé plus de 500 sans que le plus extrémiste des présidents ne dénonce un acte terroriste. A Marseille, deux jeunes étudiantes ont été assassinées et l'auteur de cet acte horrible, condamnable, est un «terroriste» par le seul attribut de sa nationalité. Dans cette même ville de Marseille, le 17 août dernier, un fourgon utilisé comme bélier fonce sur des abribus. Une femme décède de ses blessures et un homme est blessé. La justice comme les médias et les services de sécurité français parlent alors d'un «détraqué» parce que tout simplement l'auteur de ces attaques est un Français.

Les exemples de ce type sont légion dans une Europe ou aux Etats-Unis où la violence terroriste a une nationalité et une religion. Pour autant, ce terrorisme qui gangrène la planète entière et non pas seulement l'Europe et dans une moindre mesure les Etats-Unis, est plus dramatique, encore plus inhumain dans les pays arabes, en Asie, en Cisjordanie, où un Etat fantoche terrorise et extermine avec son aviation, ses chars et ses canons, sans être jamais rappelé à l'ordre, des populations sans défense. C'est dire que la notion de terrorisme diffère que l'on soit du bon ou du mauvais côté de la barrière, que l'on entre dans une église, protestante ou catholique, peu importe, ou que l'on entre dans une mosquée, aussi petite dans un immeuble soit-elle.

Les valeurs de l'humanisme et la perception du monde ont changé, comme le monde occidental qui continue de nourrir les guerres dans le monde, y compris celles oubliées de tous, en faisant tourner à plein régime ses usines d'armement, et fait semblant en même temps de lutter contre le terrorisme. Parce que les valeurs que défendent les Occidentaux sont différentes de celles auxquelles aspirent les pays broyés par le terrorisme, comme l'Irak, la Somalie, la Syrie, la Palestine, la Libye, le Liban et tant d'autres nations dans l'hémisphère sud? Le fait est que les Occidentaux, et en particulier les Européens, si prompts à voir «du terroriste» un peu partout, ont en réalité perdu le sens de la mesure et se sont profondément plongés dans une sorte de xénophobie, de racisme ordinaire qui leur font voir ce qu'ils ont peur de voir. Au point que l'Europe commence à basculer doucement dans un racisme ordinaire, une voie dangereuse qui va l'amener à abandonner les vraies valeurs de l'humanisme, du partage et de la liberté, parce qu'elle n'a pas su exorciser ses peurs de l'Arabe.

Quant au terrorisme, il est devenu ce que les Européens oublient ou veulent ne pas comprendre, contrairement à ses sponsors américains, une franchise internationale, une machine à tuer des innocents et mettre à genoux des pays entiers et une monstruosité avec plusieurs ramifications politiques et militaires, souvent pensées et planifiées dans les grandes officines de services de sécurité occidentaux.