Le
Premier ministre Ahmed Ouyahia va présenter,
aujourd'hui, dimanche, devant les députés, son plan d'action, qu'il a fait
composter, il y a moins de deux semaines, par le Conseil des ministres.
Pour
préparer ce passage obligé pour la mise en œuvre de son programme de travail,
le Premier ministre a rencontré ses partenaires politiques et mis en place une
stratégie pour contrer l'opposition parlementaire. En effet, il avait, la
semaine dernière, rencontré les représentants des quatre partis de la majorité
parlementaire, au Palais du gouvernement pour se concerter, avec les partis de
la majorité et préparer, avait-il affirmé à la presse, la présentation par le
gouvernement de son plan d'action et son approbation par les députés à l'APN.
Ce qui est sûr, c'est que l'opposition va ferrailler dur pour imposer sa vision
de sortie de crise, et refuser, à coup sûr, les solutions préconisées par
l'exécutif, dont le recours aux financements non conventionnels. Car au moment
où Ouyahia préparait son plan de bataille avant sa
descente au Parlement, pour défendre son plan d'action, l'opposition l'avait,
vertement critiqué et l'a accusé de la marginaliser de ces «consultations».
Mais, pour lui, il n'y a aucune exclusion de quelque parti que ce soit, et a
invité tous ceux qui veulent le rencontrer à se manifester. «C'est une réunion
naturelle, car le gouvernement applique le programme du président, qui va être
présenté au parlement», a expliqué le Premier ministre et SG du RND après sa
rencontre avec les quatre partis de la majorité parlementaire. Il a ajouté,
«quant aux commentaires de l'opposition, selon laquelle le gouvernement
rencontre des partis et pas d'autres, le Palais du gouvernement appartient à
l'Etat algérien. Tout parti qui souhaite une rencontre, est le bienvenu. Il n'a
qu'à exprimer son intention». C'est dans cette atmosphère de batailles
parlementaires que va se dérouler, ce dimanche, la présentation du plan
d'action du gouvernement, devant les députés. Moment fort de cette séance, qui
devrait se caractériser par une forte présence des députés de l'opposition, le
projet de loi sur les financements non conventionnels, un des points à l'ordre
du jour de la réunion de concertation, la semaine dernière, des partis FLN,
RND, TAJ et du MPA au siège du gouvernement. L'objectif d'une telle réunion est
simple : défendre au parlement ce projet de loi, car l'opposition va se
focaliser sur cet aspect de la politique financière que compte mettre en place
le gouvernement pour contrer la baisse des liquidités bancaires, elles-mêmes
conséquence directe de la baisse des revenus pétroliers. Le projet de mettre en
place des financements non conventionnels, sera matérialisé par des emprunts du
Trésor auprès de la banque centrale pour faire face aux besoins de financements
des projets d'équipements et investissements publics, outre les salaires des
fonctionnaires. Une démarche critiquée par les experts financiers et qui va
cristalliser les interventions des représentants des partis d'opposition, au
parlement. Ailleurs, le Premier ministre va fatalement rappeler les dures
conditions actuelles et à venir de l'Economie algérienne, et solliciter le
soutien des parlementaires à son plan d'action, dont la mise en place de
draconiennes mesures sociales et économiques, et une reconsidération des termes
d'application du système des subventions et des transferts sociaux. Et il le
précise, dans son plan d'action, en affirmant que «depuis 2014, l'Algérie est
frappée par cette crise qui s'annonce durable, car rien ne prévoit, à court et
moyen termes, un redressement sensible des prix du pétrole», avant d'avertir
qu' «au niveau intérieur, la situation des finances publiques est
préoccupante», et que «l'année 2018 s'annonce plus complexe encore.» Les conséquences de cette situation de crise financière sur le pays
seraient, selon le gouvernement, ou bien, «une incapacité à assurer la dépense
publique, avec des conséquences économiques, sociales et même politiques
périlleuses pour le pays», ou «alors, un processus de perte de souveraineté
économique, commençant par un recours massif à l'endettement extérieur, avec à
moyen terme, une incapacité à honorer le service de cette dette, entraînant le
recours aux institutions financières internationales, en contrepartie de
mesures économiques et sociales draconiennes.» Voilà, le tableau de la
situation financière actuelle de l'Algérie est dressé, et le Premier ministre
compte sur sa majorité parlementaire pour faire passer, comme une lettre à la
poste, le projet des «financements non conventionnels», que certains assimilent
à la ?planche à billets», un système catastrophique entraînant une inflation
galopante, le chômage, et, surtout, la paupérisation de la majorité des
Algériens. Ce sera, le menu principal du plan d'action du gouvernement,
présenté pour adoption aux députés, avant le passage à la seconde chambre du
parlement algérien, le Conseil de la Nation. Ahmed Ouyahia,
qui s'est déjà déclaré ennemi du «populisme et de la démagogie», va-t-il sortir
de sa manche un joker inattendu pour éviter les solutions difficiles et entamer
de nouvelles réformes, y compris des mentalités. Ou bien va-t-il reculer devant
l'énormité des déficits à combler, pour mieux tomber dans la démagogie, lui
aussi à son tour ? «L'Algérie a plus que jamais, besoin de faire reculer le
populisme et la démagogie, de mobiliser plus d'efforts et de rationalité, et de
réaliser les réformes nécessaires sans perdre plus de temps», avait-il estimé,
lors de sa première sortie publique, en juin dernier, après la nomination de
son prédécesseur Abdelmadjid Tebboune.