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De quoi parle-t-on ?

par Moncef Wafi

Si le tourisme était question de plans et de schémas directeurs, l'Algérie serait la première destination au monde. Mais voilà, alors que les prix du baril actent définitivement leur chute, on est encore à réfléchir sur les moyens de relancer le secteur. Censé représenter un sérieux palliatif au manque de liquidités, le tourisme a été superbement ignoré pendant ces dernières décennies par les différents gouvernements qui se sont succédé.

Sur le papier et à en croire tous les représentants du gouvernement, on est le pays le plus fort, question chiffres, et que le moindre résultat enregistré équivaut à une prouesse planétaire. Le nouveau ministre du Tourisme a indiqué que 53% des schémas directeurs d'aménagement touristique (SDAT) au niveau national sont achevés, partageant son optimisme béat sur le retour des touristes étrangers au pays. De quels touristes parle-t-il et le Sud algérien n'est plus cette oasis de paix des années 70 qui attirait les étrangers de tous bords ? La mentalité algérienne a changé, en mal, et l'Ansej a fini par achever les dernières velléités de l'amour du travail. Des jeunes sont devenus des rentiers artificiels dont la bulle a explosé. Les gestionnaires du pays se contentant de dépenser l'argent du pétrole sur des projets douteux, distribuant la rente sur quelques privilégiés.

Incapables d'anticiper, ils n'ont pas su diversifier les leviers économiques et les prévisions pessimistes du Premier ministre ne sont qu'un indicateur de ce qui nous attend. Dire la vérité aux Algériens tel est l'exploit décidé par Ouyahia mais le constat accablant de l'échec d'une gouvernance est là, qui nous met en joue. Les Algériens n'ont pas besoin qu'on leur dise qu'il n'y a plus d'argent, que les caisses ont été siphonnées et qu'il va falloir serrer encore plus fort la ceinture. Les Algériens veulent connaître les raisons de cette banqueroute et où sont passés tous les milliards de dollars du pétrole. Si quelqu'un peut les convaincre à ce sujet alors ils l'écouteront, mais insister à prendre le peuple pour ce qu'il n'est pas c'est prendre le risque d'enflammer un camion-citerne rempli de carburant.

Au-delà des questions restées sans réponse, c'est cette facilité à allumer des contre-feux qui fait craindre le pire. Cette gestion clientéliste de tout un pays a fait des ravages dont les conséquences sont juste visibles pour le moment et il est clair que le gouvernement cherche encore à gagner du temps.