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Session criminelle: Quinze ans de réclusion pour trafic de 33 q de drogue

par M. Nadir

En ouverture de la session d'été, dimanche dernier, le tribunal criminel a examiné une affaire dans laquelle B. Adel, 34 ans, était accusé d'importation et de trafic de drogue en bande organisée, et de faux et usage de faux.

Selon l'ordonnance de renvoi, les faits remontent au 12 mai 2015 quand B. Adel a été arrêté dans la wilaya de Tlemcen au volant d'un camion transportant, en apparence, des madriers mais dissimulant, en réalité, 33 quintaux de produits stupéfiants en provenance du Maroc. Cela faisait quelques jours déjà que les services de lutte antidrogue, saisis sur la présence dans la région d'une bande spécialisée dans le trafic de stupéfiants en direction de Libye, multipliaient les barrages et les contrôles routiers.

Interrogé par la police, le chauffeur clame son innocence : il ne savait pas qu'il transportait de la drogue. Tout ce qu'il sait -et il le dit volontiers à ses interrogateurs- est que le camion appartient à un certain S. Sidi Mohamed qui lui avait demandé de transporter les madriers dans une commune voisine. Pour démontrer sa bonne foi, Adel révèle avoir déjà effectué deux voyages à Ghardaïa sous l'instigation du même Sidi Mohamed qui lui avait donné un faux permis de poids lourds afin qu'il puisse conduire les camions. Il indique que lors de ces déplacements, il lui avait été demandé de confier le véhicule à des étrangers, dissimulant des armes sous leurs vêtements, qui le lui rendaient quelque temps plus tard. Pour chacun de ces voyages, il avait perçu 50.000 DA mais jamais, insiste-t-il, il n'avait soupçonné qu'il transportait de la drogue.

La police tentera bien de mettre la main sur S. Sidi Mohamed et un certain B. Boumédiène (qui avait ouvert la route lors des deux voyages vers Ghardaïa, selon Adel) mais n'y parviendra pas, les deux suspects s'étant volatilisés.

Lors du procès, B. Adel fera les mêmes déclarations : «Je ne savais pas que je transportais de la drogue. Sidi Mohamed était un homme de confiance et je ne savais pas qu'il faisait dans le trafic de drogue», soutiendra-t-il, en rappelant avoir déjà travaillé, par le passé, chez la famille de Sidi Mohamed, notamment dans leur café se trouvant à l'aéroport Zenata. «Il m'avait proposé de travailler en tant que chauffeur et j'avais besoin de boulot», continuera-t-il, en évoquant également son état de santé mentale : «J'ai eu des troubles mentaux entre 2009 et 2012, période pendant laquelle je suis resté cloîtré à la maison. Aujourd'hui encore, je suis sous traitement médical».

Dans son réquisitoire, le ministère public affirmera que les faits contenus dans le dossier sont probants et prouvent la culpabilité des trois inculpés. «L'accusé ici présent dit qu'il ignorait qu'il transportait de la drogue mais c'est juste une stratégie de défense, il savait parfaitement ce qu'il faisait», a-t-il déclaré en requérant 20 ans de réclusion contre le prévenu.

De son côté, l'avocat de la défense insistera sur la santé mentale de son client : «Un dossier médical prouve que Adel souffre d'épilepsie et qu'il a subi une intervention chirurgicale. Il n'est donc pas en possession de toutes ses facultés comme le soutient l'expertise médico-légale».

Il dira également que son client a grandement contribué à la compréhension des tenants et aboutissants de cette affaire en «dévoilant volontairement les épisodes de Ghardaïa et du faux permis de conduire», ce qui, selon lui, est la preuve que l'accusé ignorait qu'il était utilisé pour transporter de la drogue. «D'ailleurs, deux avocats de Lakhdaria, envoyés par S. Sidi Mohamed, ont offert à mon client un milliard de centimes contre son silence. Ce qu'il a refusé par intégrité et honnêteté», continuera-t-il avant de plaider l'acquittement pour l'ensemble des chefs d'inculpation et les circonstances atténuantes pour l'usage du faux.

A l'issue des délibérations, la cour condamnera B. Adel à 15 années de réclusion criminelle et prononcera la perpétuité par contumace contre S. Sidi Mohamed et B. Boumédiène.