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ASM Oran: Autopsie d'un fiasco programmé

par M. Zeggai

L'ASMO a dû attendre la dernière journée pour éviter la relégation. Une situation insolite qui a tenu en haleine les fans asémistes. Le pire a été évité grâce à l'ASK et le RCA qui ont rétrogradé avant terme, évitant à l'ASMO une chute qui aurait été dramatique. Et pourtant, les dirigeants des Vert et Blanc avaient promis et crié sur tous les toits que leur équipe jouerait l'accession. Mais, encore une fois, on remettra çà à plus tard. Pour un prétendant à l'accession et un ex-sociétaire de l'élite, le bilan est catastrophique. Ce énième ratage confirme l'anarchie et le bricolage d'une équipe qui ne force plus le respect. C'est l'impression qui se dégage de ce club qui est, selon l'avis de tous les observateurs, pris en otage. Jouer la relégation est déjà incompatible avec la réputation du club et contradictoire avec les promesses des dirigeants.

Encore plus, l'ASMO risque de végéter longtemps en Ligue 2 si une solution adéquate n'est pas trouvée le plus tôt possible. Ainsi donc, le deuxième club phare de l'Ouest vient de vivre une saison cauchemardesque en Ligue 2 et semble bien parti pour y demeurer longtemps à moins?.

Recrutement chaotique et loin des espérances

Les dirigeants, comme à l'accoutumée, ont failli dans l'opération recrutement après avoir engagé des joueurs ne répondant à aucun critère adéquat. C'est une preuve tangible que l'effectif était limité pour jouer l'accession. La venue de certains éléments a suscité bien des commentaires, excepté le retour de l'attaquant Amer Yahia qui a répondu à l'attente des responsables et des fans oranais en terminant la saison avec le statut de meilleur buteur de l'équipe. Avec cette politique de recrutement insignifiante. Le jeune Benyettou (ex-USMH) n'a pas été utilisé durant toute la phase aller pour une erreur administrative. Aklil, transfuge de la JSMS, un défenseur aux grandes qualités, a été poussé vers la porte de sortie, sans parler des autres éléments qui n'ont, à aucun moment, justifié leur statut de nouvelles recrues. L'exemple de Ziaya est des plus édifiants. On ne recrute pas un attaquant en fin de carrière pour un salaire, selon un dirigeant, de 140 millions de centimes pour jouer le maintien. C'est un investissement qui n'est pas en conformité avec la réalité du terrain. Durant le mercato d'hiver, un défenseur central, Hamdadou, a été engagé mais n'a pas joué la moindre minute. «Il y a incompatibilité d'humeur entre lui et l'entraîneur», nous a dit un dirigeant proche du président du CSA/ASMO pour justifier cette situation. Ajoutez à cela l'instabilité de l'encadrement technique où Saâdi a été remplacé par Henkouche, qui n'a pas tenu longtemps avant de céder sa place à Benchadli. Avec un team au niveau limité et manquant visiblement de complémentarité, l'ASMO a été la grande déception de ce championnat. Des ratages peuvent arriver en football, mais on a l'impression que l'on persiste à commettre les mêmes erreurs du passé. Aucune rencontre ou autre assemblée générale des actionnaires n'a eu lieu, exceptée celle organisée en début de saison à l'hôtel Mouahiddine pour propulser Saâdoun Mohamed à la tête de la SSPA. Avec un tel parcours et une telle gestion, le club a déçu plus d'un. Et comment veut-on attirer les sponsors et les actionnaires ?

Affaire ASMO-USB

L'affaire du match ASMO-USB continue de défrayer la chronique et n'a pas encore dévoilé tous ses secrets. Pour cela, nous devrons bien attendre, mais il n'empêche que cette mascarade a terni l'image du club du regretté Abdelkader Reguieg «Pons». Par ailleurs, le doute persiste sur le cas de Naâmane et Oussaâd, interdits d'entrainement. A présent, on parle de trois joueurs soupçonnés, mais aucun nom n'a été révélé. Cette situation a fini par faire réagir les autorités locales qui, selon une source crédible, ne sont pas du tout satisfaites et n'ont pas apprécié ces accusations qui risquent, selon les pouvoirs publics, de porter préjudice à une ville qui prépare les Jeux méditerranéens de 2021.

De grands changements s'imposent

Des changements s'imposent pour une meilleure gestion et un changement quasi indispensable afin de permettre au club de retrouver son lustre d'antan. Ce sera difficile puisque l'on persiste à gérer avec les anciens réflexes. Une réunion du conseil d'administration est prévue pour établir le bilan de cette saison cauchemardesque et tracer une feuille de route pour la prochaine saison. Il faudra aussi trouver les ressources nécessaires pour régulariser les joueurs qui n'ont pas été payés depuis plusieurs mois.

Ensuite, il faudra dénicher un entraîneur apte à répondre aux ambitions de l'ASMO car, selon une source proche du club, il semblerait que Benchadli ne fait pas l'unanimité même s'il est soutenu par certains membres influents. En somme, depuis quelques saisons, l'anarchie et les dérives dans la gestion du club et notamment dans celle de l'effectif sont en train de «tuer» l'âme de l'ASMO. De grandes décisions fermes et des changements sont inéluctables pour donner un nouveau souffle dans la gestion pour permettre d'abord et en premier lieu à l'ASMO de récupérer son public, l'une des priorités. Car, qu'on le veuille ou non, la catastrophe a été évitée grâce à la faiblesse des autres équipes du bas du tableau. C'est une réalité qu'il faudra prendre en considération. «Celui qui n'ose pas regarder le soleil en face ne sera jamais une étoile», dit un proverbe. Saura-t-on le méditer au sein de l'ASMO ?