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Session criminelle: Six ans de prison pour agression ayant entraîné un handicap permanent

par M. Nadir

  L'alcool et les psychotropes ne font pas mon ménage et lorsque leur absorption est conjuguée au port d'arme blanche, cela peut conduire à la prison. Et pour longtemps.

Cela, le jeune L. Habib, 25 ans, vendeur à la sauvette de M'dina J'dida, l'a amèrement vécu, jeudi dernier, lorsque le tribunal criminel d'Oran l'a condamné à 6 ans de prison pour avoir été responsable de coups et blessures volontaires, ayant entraîné un handicap permanent, sur la personne de N. Saddam Hussein. Les faits, tels que consignés dans l'arrêt de renvoi, remontent à une soirée d'avril 2016, dans le quartier de Raz el Aïn, où réside Habib.

En regagnant son domicile, le cerveau embrumé par un mélange détonnant d'alcool et de psychotropes, Habib reconnaît Hussein, un ancien ami qu'un différend avait séparé 6 ans, auparavant. Soit que Hussein l'ait provoqué, comme il le prétendra plus tard, ou non, Habib s'empare de son couteau de type ?bouchia' et s'élance pour le frapper. En levant le bras gauche pour se protéger la tête, Hussein reçoit plusieurs coups, notamment à la main. Ce qui lui occasionne de graves blessures qui entraînent une incapacité provisoire de 2 mois et un handicap permanent de 30%. Autrement dit, les coups de couteau ont provoqué la perte définitive de l'usage de deux doigts (l'annulaire et l'auriculaire).

Lors du procès, L. Habib a reconnu qu'il était, complètement stone : «Je ne savais plus ce que je faisais. Quand je l'ai vu, il m'a insulté et provoqué, alors j'ai frappé. Mais je ne me souviens pas où je l'ai touché. J'étais ivre», a-t-il dit à la cour. Quant à N. Saddam Hussein, dont la main était partiellement paralysée, il a raconté que lors de la rencontre fatidique, il avait salué Habib qui s'est, brusquement, jeté sur lui muni d'un couteau : «Il voulait me frapper à la tête. J'ai juste eu le temps de me protéger avec ma main», a-t-il indiqué.

Dans sa plaidoirie, la partie civile a souligné l'étendue des séquelles subies par Hussein : «L'expertise médico-légale est éloquente quant aux séquelles. Notre client, qui est gaucher, ne peut plus se servir de ses 4ème et 5èmedoigts et, à cause de cela, ses demandes de travail sont, régulièrement rejetées», a-t-il affirmé, en ajoutant que pour récupérer l'usage de ses doigts, la victime doit subir une intervention chirurgicale à l'étranger à un prix exorbitant.

Lapidaire, le représentant du ministère public s'est, lui, attardé sur la «dangerosité» de l'accusé qui a «gardé rancune pendant six longues années». Rappelant que le prévenu a fait des aveux, il a requis 8 ans de prison. Dans sa plaidoirie, l'avocat de la défense tentera de susciter la compassion de la cour pour cet orphelin (il a perdu sa mère à l'âge de 3 ans) qui n'a pas été gâté par la vie. «Il aurait pu devenir avocat ou médecin», a-t-il dit, mais en raison de conditions sociales difficiles, il a arrêté ses études à la 3ème année moyenne. La formation de plombier ne lui a pas servi à grand-chose puisqu'il vit d'expédients : «La répression n'est pas une solution. Donnez-lui une seconde chance. Lui aussi a été choqué par son geste», a-t-il prié la cour en plaidant les circonstances atténuantes. A l'issue des délibérations, la cour a décidé de reconnaître L. Habib coupable des faits reprochés et l'a condamné à 6 ans de prison ferme.