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Recyclage des déchets: 80% des récupérateurs opèrent dans le circuit informel ! Un seul fonctionnaire dépense 2.800 DA par an pour le papier

par M. Aziza

La valeur globale des déchets destinés au recyclage dans notre pays avoisine les 56 milliards de dinars. Le marché des déchets d'emballage, à lui seul, est d'une valeur de 38 milliards de dinars. Mais, semble-t-il, ce potentiel qui vaut de l'or est en fait sous-exploité par l'Algérie. Des investissements de taille dans le recyclage restent très faibles et la prédominance de l'informel dans ce secteur brouille la vision.

L'invité du Forum d'El Moudjahid, Karim Ouamane, directeur général de l'Agence nationale des déchets, a affirmé hier que 1.000 petites entreprises seulement se sont spécialisées dans la valorisation des déchets. Et de préciser qu'il s'agit généralement de petites et moyennes entreprises dont la majorité a été créée dans le cadre de l'Ansej. Si certains évoquent un taux de recyclage de 7% et d'autres l'estiment à 10%, le directeur de l'Agence nationale de déchets a affirmé qu'il n'y pas pour le moment des chiffres vérifiés et vérifiables du taux de recyclage dans notre pays. Il justifie l'absence de statiques ou de chiffres par le poids de l'informel qui sévit dans cette filière. Il a précisé que 80% des récupérateurs opèrent dans le circuit informel ! Le conférencier a saisi l'occasion pour sensibiliser toutes les parties prenantes afin de promouvoir la culture du tri sélectif des déchets et la nécessité de capter les déchets destinés aux recyclages, avant leur atterrissage au centre d'enfouissement technique. Et ce, pour préserver la durée de vie de ces centres d'enfouissement en réduisant, par exemple, la capacité d'enfouissement du papier et du carton. Car, précise-t-il, la durée de vie d'un centre d'enfouissement technique dépendra des taux de produits enfuis. Il prévient que si tous les déchets aillaient au centre d'enfouissement, on serait dans l'obligation d'utiliser 400 hectares supplémentaires pour l'enfouissement de l'ensemble de nos déchets qui ne cessent d'augmenter en volume et en qualité au fil des années. Il précise qu'aujourd'hui, on est à 310 kg d'ordures par habitant et par an dont 170 sont des déchets organiques. Pour le conférencier, les déchets industriels et domestiques sont un véritable gisement économique, ils peuvent générer de l'argent une fois recyclés. Il précise : « Pour un investissement de 5,8 milliards de DA de bacs dédiés au tri sélectif des déchets, l'on peut gagner 31 milliards de DA ». Et de préciser que « le recyclage des déchets nous permettra non seulement de gagner de l'argent mais de préserver des hectares de terre qui, malheureusement, sont parfois utilisés par des centres d'enfouissement technique ou bien ils se transforment, dans la forme la plus grave, en des décharges publiques et des décharges sauvages ». Le conférencier a précisé dans ce sens que le nombre de décharges est actuellement de 1.000, après avoir éradiqué 2.000 sur le territoire national. Le directeur de l'agence a également évoqué le système de reprise et de valorisation des déchets d'emballage « Eco-Jem » qui a été créé par le décret exécutif n° 04-199 du 19 juillet 2004. Il a affirmé que les pouvoirs publics incitent les pollueurs, ou les générateurs de déchets, à contribuer par le financement, à la collecte, traitement et recyclage des déchets. C'est ainsi, un label «Eco-Jem» est délivré aux entreprises qui contribuent à recycler leurs déchets, notamment les déchets d'emballage, soit par leur moyens propres ou par un contrat avec une entreprise agréée pour la récupération des déchets ou le versement d'une taxe à la structure publique Eco-Jem, selon le principe du pollueur-payeur. L'argent ramassé devait contribuer à aider les communes pour organiser le tri sélectif et le traitement des déchets. Le conférencier a également parlé de l'introduction de master sur la gestion des déchets dans nos universités.

Enfin, l'Agence nationale des déchets a annoncé sa participation à la 1ère édition du Salon international du recyclage et traitement des déchets « Recycling Expo », organisé par SOS EVENT, prévu du 24 au 27 avril au Centre des conventions d'Oran.





Le directeur général de l'Agence nationale des déchets a beaucoup misé lors de son intervention sur la nécessité de valoriser le papier et le carton. Il a affirmé que son agence, en collaboration avec les pouvoirs publics, a lancé depuis deux ans une opération pour la collecte du papier au niveau des administrations. Il a affirmé que cette action a visé 10 départements ministériels et quelques administrations. Et de préciser que 150 tonnes de papier ont été récupérées jusque-là au niveau de ces ministères et administrations. Il a tenu à souligner qu'aujourd'hui, un seul fonctionnaire algérien dépense une moyenne de 2.800 DA en papier utilisé dans les administrations et les différentes institutions. « Ce qui est énorme », précise-t-il. Cette action, souligne le conférencier, vise la sensibilisation des fonctionnaires quant à l'utilisation rationnelle du papier et de permettre le recyclage du papier déjà utilisé. Il a précisé que selon une étude effectuée par son agence, le recyclage du papier, à lui seul, réduira de 31% le volume des déchets dédiés à l'enfouissement, ce qui est bénéfique pour le maintien en bon état de ces centres d'enfouissement, notamment en matière de capacité. Sans parler de l'argent que peuvent générer ses déchets une fois recyclés.