|
|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Washington ayant ordonné, le caniche se couche
par Kharroubi Habib
Pendant six ans, la France s'en est tenue dans le conflit syrien à
l'exigence obsessionnelle du départ du président Bachar
El Assad à propos duquel l'un de ses ministres des Affaires étrangères Laurent
Fabius a déclaré qu'il ne mérite pas d'être sur terre : son intransigeance sur
le cas du président syrien rejoignant celle des puissances régionales parrains
des adversaires de son régime, a été un facteur ayant contribué à l'échec des
médiations internationales tentées pour arrêter le sanglant conflit syrien sur
la base d'un accord politique négocié entre ce régime et ses opposants. La
diplomatie française s'est en effet acharnée à vouloir imposer le préalable du
départ de Bachar El Assad en entretenant les groupes
armés combattant son régime dans l'illusion que ce but est à leur portée en
leur fournissant sans compter armement et appui militaire. Voilà pourtant que
la France entonne un tout autre refrain dans le conflit en annonçant par la
voix de son ministre des Affaires étrangères Jean Marc Ayrault que pour elle le
départ de Bachar El Assad n'est plus un préalable.
Son revirement ne découle pas du constat que son entêtement a contribué à faire
du conflit syrien le plus sanglant que le monde connaît depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, mais de l'obligation que lui impose sa vassalité à
l'égard des Etats-Unis. Elle l'a opéré en effet peu après que deux des plus
proches collaborateurs du nouveau président américain Donald Trump ont officiellement fait savoir que la question du
départ de Bachar El Assad n'est pas primordiale pour
leur pays. L'empressement français à se montrer à l'unisson avec les Etats-Unis
est révélateur de cette vassalité dont François Hollande et ses ministres des
Affaires étrangères en ont fait le point cardinal de la diplomatie française et
des positionnements de la France sur les questions internationales. Mais ce
nouveau pas de danse que la France vient d'exécuter ne fera pas oublier qu'elle
a une immense et écrasante responsabilité dans la transformation de ce qui a
été une crise politique en Syrie en un atroce conflit armé durable et ayant
provoqué des morts innocents par centaines de milliers et la destruction
quasi-totale du pays. Le tribunal de l'histoire sera impitoyable pour les
gouvernants français dont l'obsession anti Assad leur a fait perdre toute
humanité et conduits à fourvoyer leur pays dans l'attitude consistant à vouloir
à tout prix la chute d'El Assad et de son régime quitte à celui d'un fleuve de
sang et du renvoi de la Syrie aux ténèbres moyenâgeuses. Ce
n'est pas le pragmatisme qui est cause du revirement de Paris, mais
l'insondable inconsistance de celui qui préside aux destinées de la France pour
quelques semaines encore, qui, au lieu d'entendre les alertes précoces s'étant
élevées nombreuses dans son pays même le mettant en garde qu'il faisait jouer à
celui-ci un rôle néfaste et ravageur pour son autorité morale, son prestige et
son influence à l'internationale, a pitoyablement opté pour l'alliance avec les
monarchies rétrogrades et pour se faire le « caniche » soumis aux injonctions
de l'Amérique.
| |
|