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Sellal, la sécurité et les médias

par G. O.

Des instructions semblent avoir été données pour imposer des limites strictes au travail des journalistes. Ils sont soumis à chaque point de sécurité (aéroport notamment) à une minutieuse fouille au corps.

Lors des assises de la Fédération nationale des jeunes entrepreneurs, ils ont été enfermés dans la salle de conférence pour qu'ils ne suivent pas le Premier ministre dans sa visite des stands d'exposition d'entreprises, montés tout au long du corridor.

A sa sortie de la salle, toutes les portes ont été bloquées pour, encore, les empêcher de tenter de le faire parler. Pour cette fois, ce sont des jeunes membres de la FNJE qui ont joué aux vigiles, devant toutes les issues de la salle de conférences de l'Ecole du Tourisme de Ain Benian.

Créée, récemment, la Fédération que préside Kheiredine El Hamel, semble être ce nouveau satellite du pouvoir qui a été mis sur orbite pour consacrer des pratiques d'un autre âge, celles des années de plomb. En prévision de 2019 ? Nul ne le sait. Le Premier ministre semble, en tout cas, très serein et rassuré même s'il avait décidé, depuis sa visite à Saïda, en septembre 2016, ne plus sortir sur le terrain, manière de se faire oublier après avoir entendu le slogan «Djeich, Chaâb maâk ya Sellal.» Il a été, faut-il le souligner, accueilli avec un énorme enthousiasme par les participants aux assises de la FNJE. Il l'a été ainsi, à El Oued, où un timide « Sellal président » a fusé de la salle où il avait rencontré la société civile. Il est clair qu'il n'est pas un responsable à faire des vagues, à l'approche d'un changement des personnels politiques dirigeants après les législatives et en prévision de la présidentielle. Enfant du système qu'il est, il fait très attention à ses faits et gestes, même s'il n'est jamais arrivé à se départir de ses boutades et de ses fameuses plaisanteries. Les plus hauts responsables savent que c'est un trait de caractère indélébile d'un homme, en lequel ils ont placé toute leur confiance et ce, depuis de longues années.

A la sortie, samedi soir, de son cortège du salon d'honneur présidentiel, les journalistes l'attendaient, carrément, à l'extérieur pour lui faire part de leur mécontentement. Les chauffeurs devant venir les chercher ont été bloqués, bien loin, à l'extérieur, jusqu'à la sortie de tous les membres du gouvernement. Au signe d'un journaliste de tenter de faire arrêter son cortège, Sellal agitera la main comme signe d'un au revoir. Face à son discours, insistant sur la stabilité et la sécurité de l'Algérie qu'il affirme assurées, les services de sécurité semblent démontrer le contraire, aux journalistes, en les passant à la fouille, à chaque fois qu'ils en ont l'occasion. Il faut croire qu'ils sont considérés, par le pouvoir, comme potentiellement dangereux. Les responsables de la sécurité du Premier ministre les empêchent, même, de s'approcher de lui lors de ses visites, sur le terrain, alors qu'un grand nombre de personnes se bousculent pour être à ses côtés. Accrédités pour répercuter son discours qu'il veut rassurant, sur la situation du pays, les journalistes sont, eux, constamment repoussés par les membres de sa protection. L'on se demande, alors, pourquoi s'encombre-t-il de leur présence, à chaque fois, qu'il veut s'adresser au pays profond. Curieuse attitude que celle de voir un Premier ministre plaisanter avec des journalistes pendant que ses gardes les éloignent en leur donnant des coups de coude secs.