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Collectivités locales: L'Etat continuera à «subventionner» les communes mais?

par Notre Envoyée Spéciale A Timimoune Ghania Oukazi

Le représentant du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales s'est entretenu hier avec les élus locaux et les représentants de la société civile de la commune de Timimoune pour leur expliquer sur quoi porte le projet CAPDEL.

CAPDEL, capacités et développement économique local, sous-entend aussi le jeu de mot de «cap» sur le développement local soutenu par la démocratie participative. C'est une des thématiques dans laquelle s'investit le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) en Algérie. Thématique qui s'aligne cependant largement sur les priorités fixées par le programme quinquennal présidentiel et que le gouvernement est tenu de mettre en œuvre jusqu'en 2019. «(?) Au lendemain de sa réélection à la tête de l'Etat en avril 2014, le président de la République a instruit le gouvernement à l'effet d'œuvrer pour la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre la bureaucratie et l'amélioration du service public ainsi qu'au renforcement de la démocratie participative et la mobilisation du concours de la société civile dans les affaires locales», avait rappelé le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Bedoui, dans un discours lu par son secrétaire général Maâzouz El-Hocine à l'ouverture de l'atelier de lancement du projet CAPDEL qui a eu lieu le 16 janvier dernier au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif Rahal du Club des pins en présence des directeurs de l'administration locale, des élus et des représentants de la société civile des 10 communes retenues comme pilotes à cet effet. Timimoune (wilaya d'Adrar) en a été choisi comme commune pilote au même titre que Ouled Ben Abdelkader (wilaya de Chlef), Béni Maâouche( Béjaïa), Ghazaouet (Tlemcen), Tigzirt (Tizi Ouzou), Messaad (Djelfa), Djemila (Sétif), El-Khroub (Constantine), Djanet (Illizi) et Babar (Khenchela). «En choisissant ces communes, nous avons essayé de prendre le plus possible en considération des spécificités de notre pays, pour les mettre en évidence à travers les différentes phases du projet», a expliqué hier le conseiller du MCIL. Mohamed Dahmani est directeur national du projet CAPDEL, soutenu dans sa démarche par Amar Merzougui, directeur central des budgets locaux. Ce dernier nous a expliqué que c'est la démocratie participative (acteurs locaux) qui fixera les priorités de la commune en matière de développement. Au-delà du fait que l'Etat, par le biais du MCIL, continuera à «subventionner» l'ensemble des communes en leur assurant des aides financières à travers la Caisse de garantie et de solidarité mise en place après la dissolution du Fonds des collectivités locales, il leur sera désormais demandé de créer de la richesse et de booster leur fiscalité locale en exploitant d'anciennes et de nouvelles niches économiques, touristiques et culturelles. «Le P/APC a toujours vu le programme communal de développement (PCD) comme étant une enveloppe budgétaire, mais, désormais, il sera obligé de fixer en premier les priorités de sa commune, d'évaluer leur mise en œuvre et de préciser en dernier, leur coût», a affirmé hier le directeur du programme national CAPDEL, Mohamed Dahmani.

L'expertise onusienne pour le développement local

CAPDEL est financé par l'Union européenne à hauteur de 7,7 millions d'euros et par le gouvernement algérien avec un montant de 2.839.320 euros. Le PNUD pour sa part y contribue avec pas plus de 190.000 euros en estimant que sa mission traditionnelle consiste plus à accompagner les institutions et acteurs locaux «à les mettre ensemble» et à leur garantir une assistance technique pour la réalisation de leurs projets. «Le PNUD est redevable en termes d'objectifs réalisés par CAPDEL à deux parties, le gouvernement algérien de par l'expertise et l'assistance technique que nous lui apportons dans la réalisation de ce programme national et l'Union européenne en tant que financier», nous dit Farida Kebir, analyste au PNUD des programmes de gouvernance, qui était accompagnée dans sa mission à Timimoune par son collègue Merouane Arim, coordonateur de CAPDEL, dont la dynamique est remarquable.

 Présenté hier à l'ensemble des acteurs locaux de la commune de Timimoune par Dahmani, le projet implique directement le CENEAP, qui était représenté par Abderrezak Bendali Hassine. Le Centre d'étude national est chargé d'élaborer un rapport préliminaire retraçant les diagnostics des situations actuelles vécues par la commune à tous les niveaux et sur tous les plans. «C'est-à-dire un diagnostic de l'état de la gouvernance locale le plus proche possible de la réalité de la commune», a-t-il noté. Bendali Hassine a ainsi mis en évidence la méthodologie qui permettra de l'atteindre. Une fois finalisé, le rapport sera présenté à l'ensemble des acteurs locaux pour débat et enrichissement en vue de sa validation. Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, représenté par Redouane Mouhoub, est aussi concerné par CAPDEL puisqu'il s'agit pour lui d'être le coordonateur entre institutions nationales et internationales.

«Le programme a pour principal objectif le renforcement des capacités des acteurs locaux, notamment les femmes et les jeunes, en vue d'améliorer la participation citoyenne dans la planification locale au service d'une gouvernance communale, concertée, transparente et attentive aux besoins et attentes des citoyens», indiquait hier son directeur national.

Du biométrique à CAPDEL

Dahmani a rappelé à l'assistance que «pour atteindre ces objectifs, le programme s'articule autour de 4 composantes; l'implication des acteurs locaux par la démocratie participative, la modernisation et la simplification des services administratifs au niveau communal, le renforcement de la planification stratégique, notamment en vue de créer des emplois et des revenus durables ou le développement économique local et enfin l'amélioration de la gestion multisectorielle et multi niveaux des risques majeurs au niveau communal». Bedoui a mentionné substantiellement les actions engagées à cet effet en novembre dernier lors de la réunion gouvernement-walis. «Le gouvernement a engagé des réformes économiques, administratives et de gouvernance privilégiant au mieux les technologies de l'information et de la communication en vue de concrétiser l'administration électronique et la centrer autour des préoccupations du citoyen et de la modernité, faciliter au mieux l'acte d'investir, l'accompagner et l'orienter vers les investissements à forte valeur ajoutée, développer un système financier plus expressif des spécificités locales et valorisant des potentialités des territoires locaux et des énergies économiques des populations qui les composent et lever toutes les contraintes qui se dressent devant la diversification économique et booster l'initiative économique dans une perspective durable», a souligné le MCIL.

Lors de sa nomination en tant que 1er ministre pour la première fois, en procédant à la passation de pouvoirs entre lui et le nouveau ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal avait précisé clairement que «la mission prioritaire du gouvernement sera de réformer le service public, de moderniser son administration et de faire participer le citoyen dans la gestion des affaires publiques». Aujourd'hui, tout est repris dans le projet CAPDEL dont de nombreux aspects ont déjà été mis en œuvre à travers les communes. L'établissement des documents biométriques et l'allégement des procédures administratives au niveau des institutions publiques en font foi.