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Le ministre des Travaux publics et des Transports en visite à Oran: Les «oui» et les «non» de Boudjemaa Telaï

par Houari Saaïdia

«Oui et non ». C'était la réponse de Boudjemaa Telaï à la question voulant savoir son appréciation de l'avancement des chantiers de ses deux secteurs à Oran. Si, en nombre, les projets « bien notés » par le ministre représentent la majorité, ceux mal notés, bien que rares, sont les plus stratégiques.

Le 5ème périph et encore davantage la nouvelle aérogare ont constitué une exception au constat positif fait hier par le ministre des Travaux publics et des Transports du tableau de bord local. A l'aéroport comme sur la 2ème rocade, quoiqu'à un degré moindre, M. Telaï n'était pas satisfait. Ces deux cas d'exception n'auraient certainement pas pesé -ou peu- dans la balance sur fond d'une situation globalement positive, s'il ne s'agissait pas de projets structurants à fort coefficient en termes d'importance et d'enveloppe financière. Forcément, le gros retard accusé dans le projet de la nouvelle aérogare de l'aéroport international Ahmed Ben Bella, point de départ du circuit de la visite, a laissé un arrière-goût « pas bon » tout au long de la tournée. Supervisé presque à sa descente d'avion, ce chantier, de par le rythme mou et son déphasage avec le planning d'exécution -et donc l'échéancier de livraison- a été mal coché par signe négatif par le ministre. Mais également par le wali : « J'y jette un coup d'œil à chaque réception d'un ministre (à l'aéroport) et j'y constate à chaque fois un relâchement voire une démobilisation dans le travail. Les choses n'évoluent pas ». Au responsable qui présentait l'avancement du projet sur affiches, en plaidant les circonstances atténuantes, le ministre rétorque : « Ecoutez, ça c'est un simple travail de bâtiment. Vous devez l'achever avant la fin d'année. Il était prévu, selon vos engagements, que vos sous-traitants commencent en novembre 2016. Ce n'est pas fait à ce jour ».

RETARD DANS LE PROJET DE L'AEROGARE : LES MENACES DU MINISTRE

Alors que la date de réception du projet figurant sur le planning de Cosider, l'entreprise de réalisation, est mars 2018, le ministre a sommé celle-ci de livrer l'ouvrage tout entier avant fin 2017, sous peine de lourdes sanctions. Lancé en janvier 2013, le projet oscille aujourd'hui autour de 55%, taux d'évolution. Les travaux supplémentaires rendus nécessaires suite à une remontée des eaux souterraines sur le site, sur la base d'étude géotechnique complémentaire faite par le LTPO et le CTC, n'expliquent pas à eux seuls le gros retard enregistré. Ce projet, dont l'étude a été menée par le groupe d'ingénierie français EGIS pour 2,9 millions d'euros, a été confié en réalisation à l'entreprise Cosider Constructions, pour un délai de 36 mois et un coût global de 13 milliards de dinars, sachant qu'un avenant de 8 milliards DA a été accordé. Devant le fait accompli, soit un énorme retard par rapport au (premier) délai contractuel qui prévoyait la livraison totale en cette 1ère tranche de 21 km sur un linéaire total de 35 km, en juin 2016, le ministre n'a pu faire mieux que de prendre acte d'un énième engagement, en l'occurrence mars prochain. Pas pour toute la liaison mais uniquement pour le petit tronçon El Kerma-Sidi Chahmi, la partie « route » étant à 85% et la partie « ouvrages d'art » à 75%.

LA LIGNE FERROVIAIRE MOHGOUNE-ARZEW DANS UNE SEMAINE

Point suivant, le port d'Arzew, où le ministre s'est enquis du chantier d'un quai minéralier et d'un convoyeur pour le transport de minerais de fer au complexe sidérurgique Tosyali, à Bethioua. Dernier point du circuit, le chantier du quai d'accostage, sur la plage des Dunes à Aïn El-Turck, concernant la future liaison urbaine maritime Oran-Corniche, qui sera opérationnelle l'été prochain, selon l'engagement commun des intervenants dans ce projet, dont l'entreprise portuaire d'Oran. Lors d'un point de presse animé à la clôture du programme de visite, le ministre des Travaux publics et des Transports, et en réponse à une question sur une rallonge de 1 milliard octroyée par la wilaya d'Oran au profit du projet de la ligne maritime Oran-Corniche, a précisé que ce montant était indispensable pour réaliser un ouvrage de protection, un brise-lame, au niveau du terminus d'Aïn El-Turck. A une question en rapport avec la connexion avec le réseau ferré des sites de chargement-déchargement (ports maritimes, ports secs, bases logistiques, silos céréaliers?), M. Telaï a fait savoir que le plan de raccordement de l'ensemble des ports du pays au réseau ferroviaire est en cours de mise en œuvre. Quant aux embranchements particuliers, a-t-il précisé, cela se fait à la demande de l'opérateur et non sur initiative de la SNTF, pour qui il s'agit là d'une opportunité puisqu'elle est assurée d'avance de la prestation du transport de marchandise sur la desserte envisagée. Il a cité l'exemple de l'OAIC qui a bénéficié de l'embranchement de 14 de ses unités sur un total de 36 sites, ainsi que le cas d'une cimenterie à Biskra, pour qui il a suffi de demander à la SNTF pour avoir sa ligne de transport par rail.

LE MAL DU FERROVIAIRE DANS LES PASSAGES QUI NE PAYENT PAS

Pour Boudjmaa Telaï, pour qui l'Algérie est l'un des premiers au mondes qui investissement dans les rails (cela ne cadre pas, pour le moins, avec sa piètre 6ème place en Afrique en termes de transport ferroviaire avec seulement 1,24 milliards Tkm, loin derrière l'Afrique du sud, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie et l'Egypte), les faiblesses du ferroviaire en Algérie ne sont pas à chercher dans le faible taux de connexion avec les sites économiques, le manque de terminaux spécialisés en transport intermodal, ni d'ailleurs dans la faiblesse du maillage actuel du réseau ou encore le système d'information caduc. « Notre faiblesse se situe dans les voyageurs qui ne payent pas leur ticket de train, dans cette fraude située entre 60% et 70% ». « Même les contrôleurs sont brutalisés, parce qu'ils sont face à des gens qui croient que monter le train est un droit gratuit. Or, quand 60 à 70¨des passagers qui ne payent pas, c'est le Trésor public qui paie à leur place pour couvrir le coût de l'exploitation. Donc, dans le domaine ferroviaire, il faut d'abord commencer par faire changer les mentalités », a analysé le ministre, qui a déclaré que « jusqu'à preuve du contraire, je ne suis pas candidat aux législatives », en réponse à une question de savoir s'il avait des intentions pour la députation.