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Hier, c'était mieux !
par Hamid Dahmani
La
rue et les espaces communs sont devenus les lieux repoussants des agressivités
et des injures. Les morveux ont envahi les lieux publics et redoublent de
férocité envers leurs vis-à-vis. Les blancs-becs n'ont pas froid aux yeux et
osent se mesurer aux plus âgés sans gêne. Sans peur ni reproches, ils profèrent
des insultes et des menaces contre les passants. Ces vulgaires chenapans sont
des incorrigibles, ils ne savent que vomir des mots orduriers. De funestes
gredins en manque d'éducation, qui méritent d'être entre quatre murs. Ils
pourrissent la vie des citoyens dans les marchés, dans la rue et dans les
quartiers sans inquiétude. L'heure est à la dégradation des mœurs et à la
démission de la société et de l'autorité. Ces comportements s'affichent sous
toutes leurs facettes et le mal a remplacé le bien dans le présent. On
n'affiche pas une grande rigueur contre le mal qui viole la morale au sein de
la cité. Ces diables sont une espèce d'énergumènes barbares qui prolifèrent
dans la rue et qui souillent le quotidien des braves gens avec des obscénités
dans tous les coins. « Ki ghabou
touyour, gâdete el hama dour » (quand les oiseaux se
sont envolés, la chouette est restée tournicoter); les
gens n'ont que cette citation dans la bouche pour marquer leur désarroi. La société
est blessée dans sa chair et le mal est profond. Le langage est grossier. On
nargue et on souille l'honneur des respectueux impunément. On abreuve la
société avec des insanités dans les lieux publics sans que cela choque l'Etat
de droit. Les vauriens ne se gênent pas pour outrager leurs aînés. Ils
perturbent la sérénité de la cité sans crainte. Ces irrespectueux peuvent être
des fils à papa, de jeunes voyous ou de simples errants. Ils irritent les sages
et les agressent quand ils sont interpellés. Ces provocateurs, on peut les
croiser sur des motos, dans des autobus, ou dans les marchés en train de semer
librement des gros mots. Les gueulards se sont appropriés
la rue et les espaces publics pour prendre la population en otage. Le
pourrissement a gagné tout le corps. «El kelb ma yakoul khouh » (le chien ne mange
pas son frère), dit l'expression pour viser ces malotrus encouragés par le
laxisme. Un proverbe populaire qui va si bien avec ces moments lourds de
tristesse qui illustrent notre existence. La société algérienne a perdu ses
repères, ses traditions et sa sagesse.
Le
système politique a adopté une attitude trop indulgente face à cet état de
fait. Hier, cette forme d'espèce ne proliférait pas impunément au sein de la
société. Lorsque des cas d'atteinte étaient constatés publiquement, les auteurs
étaient corrigés et remis à leurs places brutalement. Les forces de l'ordre ne
faisaient pas dans la dentelle avec ces forcenés qui passaient de mauvais
quarts d'heure, avant d'être embarqués, lorsqu'ils étaient interpellés. « El hor bel ghamza, we el barhouche be debza » (le raisonnable avec
un clin d'œil et le brutal avec un coup de poing), dit la sage expression
populaire. On regrette aujourd'hui énormément l'époque de la discipline et de
la peur du gendarme. Hier, c'était mieux, il faisait bon vivre ici dans ce
pays?
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