Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Constantine - Grève des commerçants contre la hausse des loyers: Situation tendue dans les marchés

par A. Mallem

Hier matin, aux abords des marchés populaires de la ville de Constantine, tels les marchés Bettou, Boumezzou et Souk El Assar, les nombreux pères de famille et les ménagères qui étaient venus faire leurs emplettes se sont heurtés à des portes fermées. Et pour cause, les commerçants de ces places marchandes ont répondu, en masse, au mot d'ordre de grève lancé la veille, par leurs représentants, afin de protester contre l'augmentation des tarifs des loyers des locaux de la commune qu'ils occupent. Devant le marché Bettou, une ménagère s'est présentée aux commerçants qui répondaient aux questions des journalistes pour leur demander «où est-ce que je dois aller maintenant pour faire mes emplettes puisque tous les marchés sont fermés ?». Sa question est restée sans réponse, les gens interpellés n'ont fait que lui expliquer leur position, vis-à-vis de ce qu'ils ont appelé «l'arbitraire de la commune». Et la citoyenne de répondre : «Oui, vous avez peut-être raison, mais c'est nous qui payons les pots cassés». Et elle s'en est allée furieuse. Et un commerçant de lingerie qui emploie quatre personnes, qui a été, durement, touché par ces augmentations de loyers, de s'exclamer en prenant à témoins les présents : «Est-ce concevable, cria-t-il, que je doive payer maintenant un loyer augmenté de 700 %, soit la somme de 8,5 millions de centimes ? Qu'est-ce que les gens de l'APC pensent, croient-ils que nous roulons sur l'or ? A ce tarif là je vais être obligé de fermer boutique et renvoyer mes travailleurs». Et un autre commerçant de soutenir que «les responsables de l'APC savent, pertinemment, que le commerce a périclité, au centre de la ville de Constantine, car tous ses habitants ont été transférés à la nouvelle ville Ali Mendjeli ou à Massinissa. Un autre est intervenu pour dire qu' «à Didouche Mourad, à El-Khroub et ailleurs, les augmentations opérées par les APC locales ont été dans des limites raisonnables : juste entre 400 et 600 dinars, pourquoi alors cet augmentation abusive a-t-elle été décidée à l'endroit des commerçants du chef-lieu de wilaya ?», se demande-t-on sur un air de dépit.

De même que devant la porte du marché Boumezzou, à côté du communiqué expliquant les motifs de la grève apposé sur l'une des portes d'entrée fermées, les commerçants ont écrit des slogans «Non aux augmentations irréfléchies !», «Non à l'arbitraire !». Et devant les journalistes, les représentants des commerçants ont déclaré, sans ambages que la grève décrétée pour 3 jours, les 4, 5 et 6 février, pourrait devenir une grève ouverte, au cas où aucun accord sur des réductions des montants de loyers n'interviendrait, entre temps, avec les services de l'APC. Les commerçants grévistes sont convaincus qu'ils sont en position de force après que leur mouvement ait été suivi par tous leurs collègues des autres marchés. En effet, les informations que nous avons obtenues, auprès des citoyens des différents quartiers de la ville, indiquent qu'aussi bien les 3 marchés que nous avons cités, ceux de Sidi Mabrouk supérieur et inférieur, le fondouk de Rahbet Lejmal, le marché de Daksi, les commerçants de la rue Kitouni et le marché de la cité Filali, à la gare routière-ouest, enfin, toutes les places marchandes où il y a des locaux appartenant à la municipalité et qui sont occupés par des commerçants ont, également, débrayé. Selon les représentants des commerçants, une rencontre serait prévue, aujourd'hui dimanche, au siège de l'APC pour tenter de trouver un terrain d'entente. Mais cela demeure improbable car le même jour, les élus sont convoqués pour une session extraordinaire, à l'hôtel de ville, siège de l'APC.

Au moment, donc, où les commerçants de la ville sont en colère contre eux, où les citoyens sont malmenés par cette grêve, il est intéressant de connaître la position des élus à propos de cette grêve qui, en tant que citoyens, les touche directement aussi. Notons sur un autre plan que l'UGCAA locale, qui a fait part de sa désapprobation, quant à la hausse des loyers, ne cautionne pas cette grève et cela met les commerçants grévistes, encore, plus en rogne.