Si nos
responsables ne retissent pas à temps les fils d'un dialogue national
constructif avec tous les partenaires sociaux (syndicats non-autorisés
compris), l'Algérie risquera de courir irrémédiablement, à la catastrophe. Idem
pour ce fameux «Etat-Providence» par le biais duquel on subventionne à coups de
milliards les prix des produits de base pour tenter d'acheter la paix sociale.
Car, celui-ci ne sera, dans ce cas-là, qu'un rêve d'enfant à l'âge adulte! En clair, en vue de mettre toutes les chances du
salut de leur côté, les forces vives du pays devraient concevoir une charte
commune de travail à même de nous faire sortir de la crise actuelle. Cela
commence d'abord par l'élaboration d'un plan économique global et détaillé,
c'est-à-dire des réformes structurelles d'urgence. Il est judicieux de
préciser, à cet effet, que, quoique lucide, la démarche de création, en
septembre 2014, d'un comité interministériel de veille, chargé du suivi de la
crise énergétique et ses répercussions sur l'économie reste
une solution parcellaire, dénuée de portée pragmatique. C'est comme si l'on se
contente de soigner un abcès et néglige sa cause première, la tumeur. Autrement
dit, il n'y a eu guère de propositions sérieuses pour lutter contre le réseau
informel d'import-import, ainsi que les freins imposés à l'investissement
extérieur par la bureaucratie et la corruption. On remarque, en outre,
l'absence d'une stratégie industrielle à long terme. Or, la politique du
financement du développement économique sera complètement chamboulée, en ce
2017. D'ailleurs, le budget d'équipement qui a été réduit presque de moitié,
ces deux dernières années (2.290 milliards de dinars en 2017 contre 3176
milliards en 2016) sera, peut-être, sujet à des perturbations chroniques, suite
à la chute des prix des hydrocarbures. Du coup, les besoins en infrastructures
de base, en équipements collectifs et en habitat, ne seront, sans doute, pas
satisfaits. Il n'y aura pas, aussi, de réalisation ferroviaire importante ni de
barrages hydrauliques ou encore moins d'autoroute pour les Hauts-Plateaux et
les villes de l'intérieur. Cela provoquera la montée de la courbe du chômage
chez nos jeunes, l'arrêt net de la croissance économique suivi de la fermeture
d'entreprises (dans le secteur du bâtiment, en particulier). Le programme
quinquennal (2014-2019) se verra, lui aussi, malgré les assurances répétées des
officiels, entravé. Cela dit, le peu de ressources disponibles dans les caisses
de l'Etat seront investies, dans la réévaluation des projets en cours et la
poursuite des quelques projets jugés prioritaires par les autorités (la grande
mosquée d'Alger, l'opération du désenclavement du réseau routier des localités
du grand Sud, la gestion courante des services administratifs, etc.)
Dans ces
circonstances-là, la perspective du recours à l'endettement extérieur devient,
bien entendu, systématique alors que les habitudes des Algériens ont changé, en
tous points de vue, embellie financière des années précédentes aidant. Enfin,
bien qu'ayant permis au départ «la capitalisation boursière des banques
publiques», c'est-à-dire leur privatisation, l'avant-projet de loi de finances
2017 n'en a pas dessiné les contours ni n'a proposé une alternative concrète
aux taxes commerciales modifiées. Puis, une fois cette clause-là disparue, dans
la loi votée par le Parlement, d'aucuns s'interrogent comment l'augmentation de
la TVA dans un système rentier peut empêcher l'inflation, les pratiques
commerciales monopolistiques, la cherté de la vie et...un terrible retour de
manivelle.