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Congrès international d'onco-épidémiologie: Un plan cancer en bonne voie? mais

par Mokhtaria Bensaâd

  Avec un système de santé boiteux, comme le qualifient certains professionnels de la santé, et un manque flagrant de statistiques réelles sur l'évolution du cancer en Algérie, le plan quinquennal anti cancer lancé il y a 3 ans va-t-il donner les résultats escomptés ? Le premier congrès d'onco-épidémiologie sur le cancer et prévention, organisé hier à l'hôtel Sheraton par l'EHU d'Oran a donné l'occasion aux oncologues et autres spécialistes de la santé de faire le point sur ce plan, actuellement en phase de mise en œuvre et d'application. Pour le Pr Messaoud Zitouni, le coordinateur national du comité de pilotage du plan cancer, « il s'agit de la phase où l'on peut juger la validité, la pertinence et la nationalité d'un plan ». « La lutte contre le cancer », dira-t-il, doit se faire sur le terrain par les professionnels de la santé parce que c'est eux qui connaissent le plus et le mieux la complexité du problème. C'est une erreur de penser que le cancer est une maladie comme une autre. C'est beaucoup plus complexe ».

Le Pr Zitouni a annoncé dans ce cadre qu'un comité de pilotage et de suivi a été crée par le conseil des ministres dans le but de finaliser les programmes de santé pour leur mise en route. Concernant la prévention, thème de cette rencontre, quatre comités d'experts, spécialisés dans le tabac, l'environnement, l'alimentation et autres ont été installés, a indiqué le coordinateur du plan cancer.

Pour le dépistage, l'opération avance également, selon le Pr Zitouni. Des programmes détaillés du cancer du sein, du col rectum et du col de l'utérus sont en préparation et seront en application dans les semaines prochaines.

Abordant les insuffisances constatées lors de l'application de ce plan, le Pr Zitouni estime que « la première chose qui représente un dysfonctionnement continue et qui commence à trouver des solutions est le manque de coordination à tous les niveaux et le manque d'évaluation ». En effet, le Pr Zitouni ainsi qu'un autre spécialiste ont confirmé que certains chefs de services au niveau des hôpitaux falsifient les chiffres et présentent des statistiques fausses sur les cas de cancers. Une situation, selon ces spécialistes, qui risque d'entraver le bon déroulement de ce plan. Le coordinateur du plan cancer a insisté qu' « une évaluation objective et neutre représente un grand résultat même si un échec est constaté et l'analyse des causes de cet échec veut dire qu'on peut prendre un nouveau départ ». Le Pr Zitoune a terminé son intervention en déclarant qu'il « faut absolument proposer une politique de prévention prioritaire pour changer l'environnement et essentiellement, l'environnement de notre comportement ». Comme, il est illusoire, dira-t-il « de pouvoir réduire la charge du cancer si on ne s'attaque pas à ses causes. La vraie clé du problème est qu'il faut que les médecins et la médecine retrouvent leur véritable tradition, pas seulement de guérisseurs et de faiseurs d'ordonnance mais aussi d' ordonnateurs de la santé de l'être humain et de défenseurs de la promotion et de la prévention ».