Alourdir
les sanctions pour prévenir les accidents de la route et améliorer la sécurité
routière ne sert à rien, a affirmé hier mercredi Tahar Messaoud Nacer, membre du Conseil d'administration de la Société
nationale de transports routiers (SNTR). Il a expliqué dans une intervention à
la radio nationale que ?'la discipline liée à la sécurité routière nécessite
plusieurs traitements, et seuls le permis à points ou l'alourdissement des
sanctions sont nécessaires, mais pas suffisants.'' ?'Il faut prendre d'autres
mesures'' pour lutter contre l'insécurité routière, estime-t-il, relevant que le
code de la route a été modifié depuis 1962 à ce jour à neuf reprises, avec
beaucoup d'amendements. Sans résultats probants. ?'Cela signifie qu'on ne
trouve pas de solutions idoines pour la sécurité routière. La notion de
sécurité routière est née en 2007'', rappelle-t-il. ?'La loi de 2001 a connu
cinq modifications et à chaque fois on a été vers l'alourdissement des
sanctions, ce qui est réducteur'', souligne-t-il, car, pour lui, ?'la sécurité
routière est vaste, il faut travailler sur le triptyque véhicule-homme-environnement
et pas seulement sur les sanctions.'' En fait, préconise-t-il, ?'il faut
traiter le problème en amont et traiter les causes'' de l'insécurité routière.
M. Tahar Messaoud Nacer relève dès lors que ?'le fait
de traiter la délinquance de base, l'insécurité routière, c'est bien, mais il
ne faut pas occulter d'autres facteurs, dont la formation et l'apprentissage,
et il faut revenir sur le facteur environnement et celui du véhicule'' pour
mieux maîtriser le phénomène. Les pays qui ont réussi à maîtriser les accidents
de la route ont beaucoup travaillé sur l'apprentissage et la formation, car,
indique-t-il, ?' il faut instituer des méthodes d'apprentissage dès le jeune
âge, avec l'apprentissage de la conduite dans le milieu scolaire avec des
attestations de bonne conduite. Ensuite, il y a le permis de conduire lui même, avec la capitalisation de la conduite.'' Pour
lui, il est important d'améliorer la formation et l'apprentissage de la
conduite, avec une bonne capitalisation de la conduite, car la maîtrise du
véhicule nécessite, selon lui, 2 000 heures de conduite. Il reconnaît en outre
que la ceinture de sécurité, devenue obligatoire il y a seulement moins de dix
ans, ?'offre 30% de vies sauvées'', et ?' elle a connu un succès, et rentrée maintenant
dans les comportements.'' D'autre part, la prise en charge de la sécurité
routière ne doit pas être le fait d'un seul intervenant, un seul ministère,
mais ?'il faut un traitement horizontal de la sécurité routière. Il va falloir
travailler sur l'ensemble des mécanismes de cette délégation (à la sécurité
routière), avec des moyens financiers et des objectifs, car officiellement, on
n'a pas fixé d'objectifs pour cette délégation.'' Pour les conducteurs de poids
lourds, il préconise d'abord une formation poussée et un recyclage, et la mise
en place d'un brevet professionnel de conduite de poids lourds, dont celui de
transport de matières dangereuses, qui ?'nécessite une formation spécifique''.
Jusqu'à présent, relève-t-il par ailleurs, ?'on ne dispose pas d'informations
détaillées sur les accidents de la route pour les mettre à la disposition
d'experts et déterminer les solutions adaptées.'' ?'La faiblesse de la sécurité
routière est qu'elle est le parent pauvre de la recherche scientifique'',
souligne M. Tahar Messaoud, qui a rappelé qu'il y a des écoles qui forment pour
la sécurité routière, ces gens-là peuvent être mis à la disposition des
collectivités pour la sécurité routière.'' Ensuite, ?' il y a également la mise
à niveau de la circulation routière, l'état des routes, et les autres
paramètres comme le véhicule, car on n'a pas avancé dans le contrôle technique
des véhicules'', et ?'on n'implique pas les acteurs privés, comme les
autoécoles'', ajoute-t-il. ?' Il y a des mises à niveau nécessaires en matière
de réglementation, il faut des recyclages.'' Il préconise enfin qu'il faut
baisser l'âge d'obtention du permis de conduire à 16 ans, et ?' améliorer
l'apprentissage, et ainsi on capitalise mieux cette formation, et à 18 ans on
est plus apte à conduire un véhicule.'' Durant les 11 premiers mois de 2016,
27.168 accidents de la route ont été enregistrés, faisant 3.718 morts et 41.544
blessés. Par rapport à la même période en 2015, les accidents de la route ont
baissé de 17,48% à fin novembre 2016.