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Pour éviter le pire

par Moncef Wafi

Se dirige-t-on vers le dénouement du bras de fer entre le gouvernement et l'intersyndicale ? Si la rencontre entre le ministre du Travail et les syndicats autonomes ne peut pas être un baromètre dans les relations qu'entretiennent les deux parties, elle est tout de même un début de solution ou du moins de dialogue pour trouver les solutions aux contentieux qui minent le monde du travail, en premier lieu la loi sur la retraite.

Le divorce entre le gouvernement et le partenaire social n'a jamais été aussi présent que ces derniers mois avec le passage en force du gouvernement, poussé par le patronat et béni par la Centrale syndicale, pour l'abrogation de l'ordonnance 13-97 fixant les modalités et les conditions du départ à la retraite proportionnelle. La suite, tout le monde la connaît avec les grèves cycliques de l'intersyndicale de la fonction publique. Une feuille de route qui maintient la pression pour faire aboutir les revendications syndicales contre l'érosion du niveau de vie des Algériens. Cette rencontre entre syndicats autonomes et gouvernement aurait dû avoir lieu en amont pour discuter de la chose avec les premiers concernés. Au lieu de cela, du temps, de l'argent et de l'énergie ont été gaspillés pour revenir à la case départ. Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest, résumera merveilleusement cet état de fait en déclarant que «c'est l'exclusion qui nous a ramenés à cette situation».

Cet entêtement à prendre des décisions unilatérales, à la hussarde, devenu la marque de fabrique des ministres de Sellal, a engendré des pertes sèches au Trésor public en comptabilisant les pertes induites par les arrêts de travail. Les exemples ne manquent pas et les rétropédalages témoignent de ce peu de crédibilité qui caractérise les actions du gouvernement. Lorsque ce dernier prend une décision «irrévocable», les Algériens parient sur la durée de son existence avant qu'elle ne soit retirée sous la pression des pieds qui battent le pavé.

Quels enseignements tirer alors de ce retour au dialogue ? «La reconnaissance du pluralisme intersyndical» comme l'a suggéré Idir Achour, le porte-parole du CLA, ou une prise de conscience, quoique tardive, néanmoins salutaire du gouvernement d'inclure toutes les parties en jeu au dialogue avant de prendre une quelconque décision ? Il est aussi dit que le monopole syndical de l'UGTA et des sigles satellitaires est mis à mal par la disposition des pouvoirs publics à dialoguer avec les autres syndicats. La réforme du Code du travail, dont le projet de loi est toujours au niveau du gouvernement, est une excellente opportunité pour repartir sur de bonnes bases pour peu que les esprits s'apaisent.