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Mercuriale: La petite monnaie chauffe les prix

par Tahar Mansour

Les prix des fruits et légumes et ceux des produits de large consommation ont connu, durant les deux ou trois derniers mois, une médiatisation faite de crainte, d'incertitude et de rumeurs.

La loi de finances 2017 y est pour beaucoup car la TVA a été relevée de 7 à 9 % et de 17 à 19 %, avec des indications qui ne pouvaient être comprises, dans la plupart des cas, que par des spécialistes ou, tout au moins, par des personnes instruites et pouvant faire des recherches. Cette situation a été mise à profit par certaines personnes pour augmenter les prix de tous les produits, même ceux soutenus par l'Etat, afin de se remplir encore plus les poches. Tout le monde sait aussi que la petite monnaie, à partir d'un dinar et moins, n'a plus cours dans notre pays. Ceci est important et nous avons pu le vérifier auprès de nombreux commerçants qui augmentent les prix directement de 5 DA alors que l'augmentation réelle n'atteint presque pas 1DA. Il en est ainsi de la quasi-totalité des produits en-dehors des fruits et légumes qui ont vu leurs prix augmenter de 5 à 80 DA, parfois beaucoup plus. Si nous prenons les pâtes, ce sont justement 5 et 10 DA en plus qui ont été demandés aux citoyens pour chaque paquet de 500 g, le couscous a aussi augmenté de 15 à 25 DA, les légumes secs ont subi des augmentations encore plus importantes, allant de 80 à 150 DA par kilo, sinon plus comme les pois-chiches qui planent à 400 DA le kilo après avoir coûté 180 DA il n'y a pas si longtemps. Les limonades, les fromages, les produits laitiers et d'autres produits moins connus mais très utilisés ont été augmentés entre 10 et 30 DA, comme les produits de lessive qui n'obéissaient déjà à aucune tarification autre qu'à celle de l'offre et de la demande. C'est d'ailleurs aussi le cas - heureusement - des fruits et légumes qui restent dans une fourchette ?normale' par rapport aux années passées, parfois en-deçà, comme la pomme de terre qui, malgré ses 35 à 55 DA le kilo, reste relativement prenable pour les bas salaires. Les autres légumes comme la carotte, la betterave, l'oignon vert, le chou et le chou-fleur valent entre 25 DA pour les trois premiers et jusqu'à 60 DA le kilo pour les deux autres. Mais la tomate, hors-saison mais très belle, coûte entre 140 et 160 DA le kilo, la courgette et la salade verte 120 DA, le poivron et le piment vert 160 DA. Quant aux petits-pois, ils sont toujours assez chers à partir de 150 DA le kilo, au contraire des fèves et des artichauts qui sont cédés entre 50 et 70 DA. Pour les fruits, ce sont les mandarines et les oranges qui se partagent la vedette en coûtant entre 50 DA le kilo de mandarines qui ont la taille d'une grosse bille et 200 DA pour les plus grosses, en passant par toute la fourchette des prix compris entre ces deux extrêmes. Mais les pommes (locales) ne sont pas à moins de 250 DA et arrivent jusqu'à 400 DA, les bananes se pavanent à 500 DA, ce qui fait que le choix n'est pas très large et que la majorité des citoyens se tournent vers les mandarines et les oranges. Pour la viande blanche, il faut dire qu'à 300 DA et plus elle n'est pas donnée, de même que pour les œufs qui ont repris la pente en étant cédés à partir de 14 DA/pièce après avoir frôlé les 11 DA durant les vacances d'hiver. Les viandes rouges sont toujours inaccessibles pour le citoyen moyen qui se contente désormais des abats (panse et tête) qui coûtent quand même assez chers. Avec la fête du nouvel an amazigh, les pères de familles ne savent plus vers où se tourner, pressés par leurs familles d'acheter le poulet qui est devenu subitement plus cher et le ?Treize', mélange de noix, cacahuètes, glands, chocolat, bonbons, etc., qui coûte assez cher, d'autant plus que les bonbons à 5 DA sont de beaucoup les plus nombreux dans ce mélange. Mais finalement, et à bien y penser, le coût de la vie n'a pas augmenté autant que ce que craignaient les Algériens, habitués depuis des décennies à payer toujours plus cher, sans que les salaires suivent réellement cette courbe.