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Banque mondiale 2018, l'année de vérité pour l'Algérie

par Moncef Wafi

  Si la Banque mondiale (BM) a revu à la hausse les prévisions de croissance de l'Algérie, pour 2015 et 2016, elle a, par contre, anticipé sur un ralentissement de la progression du PIB pour 2017, la ramenant de 3,1% à 2,9%, la cause répondant aux conséquences de la baisse des prix du pétrole.

Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié mardi, à Washington, la BM a relevé d'un point le taux de croissance de l'économie algérienne, en 2015 à 3,9% contre 2,9% projeté en juin dernier. Une hausse également, ajustée pour 2016, le taux de croissance passant de 3,4 à 3,6% grâce, notamment, à l'entrée en production de plusieurs projets gaziers. A court terme, la BM table sur un ralentissement de la croissance de l'Economie algérienne à l'instar de celles des pays exportateurs de pétrole de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena). La croissance du PIB devrait, aussi, baisser de 0,1 point en 2018 alors qu'elle était prévue 2,7% et 2,8 en 2019, selon les mêmes projections. Si l'Economie nationale a réussi à juguler la crise, ces deux dernières années, elle devra subir le vrai choc financier en 2018 où les prévisions sont les plus pessimistes du fait même de «la réduction des dépenses dans les Travaux publics et au report de la mise en œuvre de la réforme fiscale et des subventions», malgré «les pressions budgétaires aiguës», explique l'institution de Bretton Woods. Pourtant, et selon le même rapport, les indicateurs macroéconomiques de l'Algérie sont négatifs, elle, qui fait face, au même titre que la plupart des pays exportateurs de pétrole, à une situation budgétaire compliquée. En effet, la balance du compte courant est déficitaire, dans de nombreux pays de la zone Mena, indique la BM et dans le cas de l'Algérie, les déficits concernent aussi bien le budget que la balance des paiements. Mais le dilemme des pays de la MENA, à l'image de l'Algérie, est ce choix cornélien entre politique sociale et réformes structurelles, souligné par la BM qui a reconnu les difficultés de mettre en œuvre de telles mesures, même si elles impactent, positivement, les finances des pays de la région. La Banque mondiale, prenant en exemple le cas de l'Egypte qui a renoncé à poursuivre la réforme de subvention des carburants en raison «du risque politique», explique que ces ajustements «pourraient déclencher le mécontentement parmi les populations qui dépendent du soutien du gouvernement pour certains produits et services». Elle prévient, en revanche que si elles ne sont pas menées à terme, elles pourraient avoir «de possibles retombées négatives sur la confiance, l'investissement étranger et la croissance». Elle estime également, que la réponse sociale à ces réformes diverge d'un pays à un autre, entre «mitigée» en présence de compensations gouvernementales et «vigoureuses». Distillant ses conseils, l'Institution précise que la réduction des subventions opérée, depuis 2014, par plusieurs pays de la région représente une opportunité pour augmenter l'investissement public dans les infrastructures, la Santé et l'Education. Pour cela, elle recommande de ponctionner les salaires des fonctionnaires, ponctions qui devraient être affectées, selon elle, à l'investissement et à l'amélioration de la gouvernance. Rappelons que les dernières estimations de la BM concernant les 60 milliards de dollars de réserves de change de l'Algérie à l'horizon 2018, ont été très mal accueillies par Alger qui avait vivement réagi par le truchement de la Banque d'Algérie (BA). Dans sa plaidoirie, la BA affirme que ce matelas sera «nettement supérieur» aux prédictions de la BM «notamment en raison des effets de la consolidation budgétaire et de son impact sur les comptes extérieurs et corrélativement des réserves de change». Pour mettre à mal ces chiffres, les Algériens se réfèrent aux dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), situant les prix moyens du pétrole à 36,6 dollars le baril, en 2016, 42,8 dollars en 2017 et 46 dollars en 2018. La BA, qui repose son argumentaire sur les recettes des hydrocarbures, affirme, encore, qu'entre 2016 et 2018, une croissance des exportations d'hydrocarbures, en valeur, est attendue.

Un constat optimiste qui trouve sa raison dans «la base des prévisions d'augmentation des exportations d'hydrocarbures en volume» couplées à la croissance des prix telle que prévue par le FMI. Cette explication de texte est aussi renforcée par la tendance baissière observée dans les importations, chutant de 11,8% (de 59,7 à 52,7 Mds USD), en 2015 par rapport à 2014. Une courbe qui s'est poursuivie au premier semestre 2016 avec une diminution de 11,2% par rapport à la même période de 2015.