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Le sac de 50 kilos cédé entre 700 et 800 DA: Hausse sensible des prix du ciment
par J. Boukraa
Les
prix des matériaux de construction à Oran connaissent une hausse vertigineuse
et à leur tête le fameux sac de ciment.
Tel
est le constat fait aux différents marchés réservés à cette activité. La hausse
des prix est due à de la forte demande des entreprises mais aussi des
particuliers. Malgré la hausse de la production et la guerre contre les
spéculateurs, la démarche engagée par les pouvoirs publics pour améliorer le
système de distribution du ciment et l'application rigoureuse du contrôle du
marché, le sac du ciment de 50 kg est écoulé auprès de certains revendeurs à
Es-Senia, Cheteibo et
Victor-Hugo à un prix qui varie entre 700 et 800 dinars, alors que les usines
livrent le sac du ciment beaucoup moins cher. Il est cédé sur le marché de détail
à plus de 700 dinars pour une unité de 50 kg alors que son prix en sortie
d'usine ne dépasse pas les 450 dinars. Pourtant, selon ce qui a été publié dans
le Journal officiel, la marge des détaillants est plafonnée à 80 dinars sur le
sac de 50 kg et celle des grossistes à 60 dinars sur le prix en sortie d'usine
de la même quantité. Cette envolée spectaculaire du prix du sac de ciment va
sûrement peser sur les chantiers de construction. Comment le ciment arrive-t-il
entre les mains de ces revendeurs clandestins ? «Tout se joue, affirme un
entrepreneur, au moment de la récupération de ce matériau de construction
auprès des usines. Le ciment, censé être livré aux clients qui ont déposé leurs
dossiers au préalable à la direction de l'usine pour un approvisionnement par
quota, est souvent détourné pour atterrir au marché noir», dira un détaillant
de Chetiebo. «Les barons du ciment achètent de
grandes quantités, les stockent puis alimentent le marché en petites quantités,
et du coup, créent la pénurie. Donc, ce ciment destiné normalement aux
entreprises ne l'est pas finalement puisqu'elles l'achètent en deuxième main ».
De son côté, la DCP a lancé une enquête sur ce marché. La mafia, qui a fait de
ce marché un filon juteux, ne s'embarrasse d'aucun scrupule et cède ce matériau
à des prix excessifs. Pourtant, deux cimenteries Lafarge d'Oggaz
(prévue au départ pour fabriquer du ciment blanc mais actuellement axée aussi
sur le ciment gris) et Asec Zahana,
à 7 km de la première, sont toutes les deux situées dans un rayon de 15 km de
la wilaya d'Oran mais la spéculation persiste. Lafarge, 100% française, avec
ses 2,5 millions de tonnes/an, et Asec (à 35%
égyptienne et 65% algérienne) avec ses 1,6 million de tonnes/an, n'arrivent
toujours pas à satisfaire le marché local qui est en plein essor à cause des
projets de construction lancés ces dernières années. Ce secteur échappe au
contrôle de l'Etat, ce qui a poussé certains spéculateurs à dicter leur loi et
leurs prix sans que personne ne puisse mettre un terme à cette hausse illégale.
Le ministre de l'Industrie et des Mines, a affirmé l'été dernier que l'Algérie
n'importera plus de ciment après 2016 et que son département table sur un
excédent de production destiné à l'exportation à partir de fin 2017. L'Algérie
importe jusqu'à 3 millions de tonnes de ciment par an, et elle a besoin de
porter sa production de ciment à plus de 21 millions de tonnes/an pour couvrir
ses besoins. La production nationale actuelle de ciment avoisine 18 millions de
tonnes/an, dont 11,5 millions de tonnes sont produites par les 12 cimenteries
publiques. Le manque de l'offre en ciment est aussi à l'origine d'une flambée
des prix constatée sur le marché.
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