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Au fil? des jours : communication politique : nouvelles du front ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Samedi 3 septembre 2016 :

- La publication par Charlie Hebdo d'un dessin sur les victimes du tremblement de terre du 24 août qui a fait près de 300 morts dans le centre de la péninsule, déclenche une polémique en Italie. «Ces dessins sont répugnants», juge vendredi 2 septembre le ministre de la Justice italien, Andrea Orlando, après une série de réactions plus ou moins indignées sur les réseaux sociaux.

«Je ne crois pas utile d'aller au-delà dans les commentaires parce que je crois qu'on produit ainsi exactement l'effet recherche (...), c'est-à-dire créer un scandale et donc une discussion et attirer l'attention des médias», ajoute le ministre. Le président du sénat, Pietro Grasso, affirme de son côté «respecter la liberté de la satire, de l'ironie». Mais, il précise : «Je peux dire aussi que j'ai la liberté de dire que tout cela est dégoûtant».

La polémique a commencé à monter, principalement sur les réseaux sociaux, après la publication par l'hebdomadaire satirique français de ce dessin montrant des victimes du séisme, ensanglantées, avec les mentions «penne sauce tomate» et «penne gratinées» ou encore écrasés par les débris de leurs maisons sous le titre «lasagnes». «Et maintenant je voudrai les voir, tous les «Je suis Charlie» italiens», a réagi sur twitter Ciro Pellegrino. «Honte, ne jouez pas avec les morts des autres !», écrit de son côté, en français, Alessandro Urso.

De son côté, l'ambassade de France à Rome s'est fendue d'un communiqué : «Les opinions exprimées par les journalistes sont libres. (...) le dessin de Charlie Hebdo ne représente en rien la position de la France». On s'en doutait !

- La France (elle-même -l'Elysée sous trois présidents de la république, dont Nicolas Sarkozy qui avait refusé un téléphone sécurisé- espionné par la NSA en 2012 par les services américains) est-elle impliquée dans une vaste opération d'espionnage informatique depuis 2009, visant notamment l'Algérie ? Comment et depuis quand ? Avec un logiciel malveillant du nom de «babar», la direction générale des services extérieurs (DGSE) française espionne un certain nombre de pays, selon les propos d'un ancien cadre des services d'espionnage français, Bernard Barbier, rapportés par le media français le Journal Du Dimanche (JDD). Ceci vient donc corroborer une information diffusée en 2014 par le journal français Le Monde.

C'est donc là une confirmation indirecte que l'Algérie fait l'objet d'espionnage par les services français depuis 2009. En effet, «babar» a initialement été détecté par les services canadiens. Ces derniers ont retrouvé des traces du logiciel en question dans plusieurs pays, comme l'Iran, l'Espagne, la Grèce, la Côte d'Ivoire ou l'Algérie.

Selon le cadre de la DGSE, «les Canadiens ont fait dû reversé sur un malware [logiciel malveillant] (?) ils ont retrouvé le programmeur qui avait surnommé son malware babar et avait signé titi. Ils en ont conclu qu'il était français. Et effectivement, c'était un Français», explique le cadre de la DGSE.

-Chiffres pour combattre les idées reçues : en 2015, 240 millions de personnes ont migré pour des raisons économiques, politiques ou de survie, dans le monde. Ce qui ne représente que 3% de la population mondiale, ce qui n'a rien de nouveau. Le nombre était plus élevé (5%) avant la Première Guerre mondiale. Et, les migrations n'ont pas de nationalité. Tout au long du XIXe siècle, 50 millions d'Européens ont fui vers les Amériques. Source de la polémique et des rejets ? Peut-être la couleur de la peau, pas toujours blanche. Peut-être la religion, pas toujours catholique. Peut-être le niveau culturel, pas toujours servile. Peut-être les performances sexuelles, pas toujours infécondes.

Dimanche 4 septembre 2016 :

- Surfer sur le net vous fait tomber sur des infos peu ragoûtantes sentant le règlement de comptes, la haine et la rancune, la manip'... Ainsi, le 26 juillet 2016, le site www.afrikmag.com «révèle» que «selon une enquête internationale menée par plusieurs organismes dont Open Borders for Refugees et Stop dis crime in nations, l'Algérie détient la palme du pays le plus raciste au monde. 91% des Algériens exigent l'expulsion immédiate des Noirs du pays... 61% veulent bannir le judaïsme, 83% aimeraient interdire le christianisme...95% aimeraient interdire les visas aux immigrés chinois... l'Algérie est le pays qui a le plus de «crimes racistes routiers» (sic !). Soit 21.000 morts sur la route en 2015 (re-sic !), surtout des Européens, des Noirs ou des Asiatiques...»

Info ou intox ? En tout cas, du «journalisme» nul !

- Les prisons turques sont connues pour être continuellement surchargées : déjà environ 187.000 détenus...et depuis le «coup d'Etat», ils sont plus de 200.000. Ceux qui viennent de décrocher le gros lot, ce sont assurément les prisonniers de droit commun...près de 34.000 ont été libérés depuis le 15 juillet «pour des faits antérieurs au coup d'Etat». Ceci...pour faire de la place ...aux nouveaux prisonniers politiques victimes des multiples «purges» visant les «partisans de Fethullah Gülen». Voici qui va grossir les rangs des «baltaguias» reconnaissants...et, voilà qui va donner des idées à d'autres gouvernants.

Lundi 5 septembre 2016 :

C'est l'excuse à toute épreuve, une ficelle énorme que même un collégien qui a séché les cours hésiterait à utiliser. Pourtant, Jérôme Cahusac s'en est emparé, devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Très tardivement, il a déclaré que l'ouverture d'un compte en Suisse qu'il a effectué en 1992, «c'était du financement politique pour un homme ? Michel Rocard (décédé il y a peu) ? dont (il) espérai(t) qu'il aurait un destin national». Celui qui assurait la main sur le cœur, «les yeux dans les yeux», qu'il n'avait jamais détenu de compte en Suisse, ni dans un quelconque pays n'a pas donc hésité à «convoquer» un mort pour excuser ses crimes. Ainsi va la politique politicienne.

Mardi 6 septembre 2016 :

- Le président américain, Barack Obama, annule une rencontre prévue avec son homologue philippin Rodrigo Duterte, annonce la Maison-Blanche après «les insultes prononcées par ce dernier à l'encontre du président américain». Le président philippin, déjà extrêmement controversé sur la scène internationale à la suite de différentes prises de position polémiques, avait traité la veille le président américain Barack Obama de «fils de pute».

«Le président Obama n'aura pas de rencontre bilatérale avec le président Duterte», indique Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, en marge du sommet de l'Asean (association des nations d'Asie du Sud-Est) à Vientiane, au Laos.

L'exécutif américain précise que M. Obama rencontrerait à la place la présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye. Evoquant les remarques que risquait de lui faire M. Obama sur les droits de l'homme, notamment à propos des méthodes utilisées dans la lutte contre le trafic de drogue, Rodrigo Duterte a insulté lundi son homologue américain.

Interrogé sur ces insultes lors d'une conférence de presse à l'issue du G20 en Chine, B. Obama avait laissé entendre qu'il pourrait annuler sa première rencontre bilatérale avec le président philippin.

«Je veux toujours m'assurer, si j'ai une rencontre prévue, que cela va être vraiment productif», avait-il déclaré. Depuis son accession au pouvoir en mai, Rodrigo Duterte a multiplié les insultes notamment d'abord contre le pape François («fils de pute, rentre chez toi» !) , contre une missionnaire australienne violée collectivement puis assassinée («elle était si belle !»), contre l'ambassadeur américain («un homo et un fils de pute»), contre John Kerry («un cinglé»), menaçant de quitter l'ONU («va te faire foutre, l'ONU !») et de rompre avec Washington et Canberra.

Il s'est attiré les critiques des Nations unies et du département d'Etat pour avoir engagé ses concitoyens à tuer eux-mêmes les toxicomanes et dealers afin d'éradiquer le fléau de la drogue dans ce pays. Ces exécutions extrajudiciaires ont déjà fait officiellement près de 2.000 morts.

Les Philippines, ancienne colonie américaine, sont l'un des pays les plus proches des Etats-unis en Asie du Sud-Est, notamment dans le contexte des différends territoriaux avec Pékin sur la mer de Chine méridionale. Les deux pays sont liés par un traité d'alliance militaire.

Certainement, Barack Obama (bien conseillé) s'est, peut-être, inspiré du fameux refus de Liamine Zeroual qui avait refusé -durant la décennie rouge- de rencontrer, au siège des Nations unies à New York le président français Jacques Chirac qui avait programmé une attitude estimée «insultante» (une simple rencontre dans un couloir à l'endroit du chef de l'Etat Algérien)

Des actes bien concrets, certes peu usités, sont bien plus parlants et payants auprès des opinions publiques que beaucoup de «salamalecs diplomatiques».

- La vidéo d'une jeune enseignante se filmant dans la classe d'une école primaire et s'adressant a ses élèves (a qui elle tourne le dos) fait le buzz sur les réseaux sociaux. «Quelle est la langue des gens du paradis ?», lance-t-elle. «L'arabe !», répondent les élèves. «Cette année, on ne s'exprimera qu'en langue??», demande-t-elle. «Qu'en langue arabe», répondent les enfants. La ministre de l'Education nationale annonce l'ouverture d'une enquête concernant cette enseignante. «Nous venons de voir à travers facebook de jeunes enseignantes faisant des selfies et parler avec leurs élèves», indique Nouria Benghebrit lors d'une conférence de presse. «En leur tournant le dos !», précise le wali d'Alger qui l'accompagnait.

«En leur tournant le dos, c'est une catastrophe. Il va y avoir une enquête. Si les faits se vérifient, il y aura une commission de discipline. Nous sommes dans un secteur sensible», assure-t-elle. C'est vrai qu'elle est mignonne comme tout et qu'elle voulait certainement occuper l'écran... recherchant peut-être un re-recrutement dans une chaîne de télé. Plus passionnant que l'enseignement !? Car, semble-t-il, c'est une ancienne animatrice d'Atlas tv. On comprend mieux l'exhibitionnisme de la petite. Sans surprise, la vidéo a fortement divisé l'opinion publique algérienne. Nouria Benghebrit a dénoncé «une catastrophe» et annoncé l'ouverture d'une enquête, mais l'affaire a également pris une tournure dramatique lorsqu'une photo a commencé à circuler sur les réseaux sociaux d'un message (de mort) imprimé soutenant l'enseignante, accompagné d'un pistolet et des insignes de la «Gendarmerie nationale».

L'affaire de cette enseignante illustre le degré avancé de déliquescence touchant le secteur de l'éducation nationale. Au-delà du contenu et du message porté dans la vidéo, il y a d'abord la forme. L'école n'est pas un lieu public comme les autres, et il est en effet tout à fait possible d'arguer que l'action commise par l'enseignante tombe sous le coup de la loi qui punit jusqu'à un emprisonnement de trois ans quiconque filmant et publiant une vidéo d'une personne sans son consentement. Comme il s'agit d'enfants mineurs, le consentement aurait du être obtenu des parents, chose qui n'a probablement pas été faite de la part d'une enseignante semblant bien peu au fait de ses obligations.

S'agissant d'obligations, l'enseignante a également réagi publiquement sur la chaîne arabophone Ennahar tv afin de s'expliquer et défendre sa position. Bien que sa liberté d'opinion soit garantie, l'enseignante en tant que fonctionnaire reste cependant toujours astreinte par son obligation de réserve.

Surtout, d'une manière encore plus globale, il devrait être interdit à un fonctionnaire de faire de sa fonction l'instrument d'une propagande quelconque. Chose dont l'enseignante se rend coupable par le biais de sa vidéo, et ce pour deux raisons. Premièrement, le message transmis par l'enseignante à ses élèves est clairement orienté, et n'est pas en adéquation avec les règles de la république algérienne. L'arabe n'est en effet plus l'unique langue nationale et officielle. La dernière révision constitutionnelle a également consacré le tamazight comme langue nationale et officielle.

La deuxième raison est un peu plus subjective. Mais à observer attentivement la vidéo de l'enseignante, il semble clair que ses motivations dépassent le simple cadre pédagogique. La vidéo ressemble en effet à s'y méprendre à une candidature, une audition selon le terme consacré dans le secteur audiovisuel pour un emploi dans une chaîne de télévision arabophone.

En rendant publique l'ouverture d'une enquête tout en se refusant de suspendre sur-le-champ ne serait-ce que temporairement l'enseignante, N. Benghebrit a offert la possibilité de bénéficier d'une large tribune médiatique à la principale concernée qui n'en demandait probablement pas tant. Plus déplorable encore, dans le cas où l'enquête ouverte resterait sans suite, la ministre de l'Education établirait un précédent qui ne ferait qu'offrir la certitude de voir émerger des dizaines, voire des centaines d'enseignants présentateurs télé en herbe dans les classes d'écoles.

- Plusieurs journaux et sites d'information marocains se sont réjouis des propos attribués à l'ex-ministre algérien de la Culture Mohieddine Amimour (ancien chargé de l'information à la présidence de la République (Boumediene puis Chadli), ancien ambassadeur, ancien membre du Conseil de la nation, ancien ministre de la Culture...) au sujet des relations algéro-marocaines et, notamment, du statut d'«autonomie» octroyé aux territoires sahraouis occupés pour le présenter comme un «ami du Maroc» et un «fervent partisan de l'ouverture des frontières».

Ces titres ont pris des passages d'une interview accordée cette semaine par M. Amimour à l'hebdomadaire marocain d'expression arabe El-Ayyam, tronqués ou sortis de leur contexte, pour leur conférer une signification complètement erronée.

Faut-il s'en étonner, sachant que ces derniers temps, depuis une année, le Maroc use et abuse de tous les procédés informatifs et médiatiques pour faire «passer» ses messages (de BHL à Jack Lang en passant par Cheb Khaled)...au dépens de la réalité et de l'exactitude des faits et des mots ? Les Algériens seraient donc faciles à convaincre ou/et à gruger ou/et sont-ils les éternels naïfs qu'ils croient ne pas être.

- Le racisme du bonhomme ne connaît pas de limites. Il s'agit du maire de Beziers (Languedoc-Roussillon -Midi-Pyrénées), un pied-noir (ancien trotskiste, dont le père et un des oncles furent des OAS d'Oran) Robert Ménard, ex-patron de Reporters sans Frontières (RSF) et ayant «fait son beurre», en 2008, au Qatar (avec un budget annuel de 3 millions de dollars pour créer un «observatoire de la liberté de la presse» (sic !). Propos : «Dans une classe du centre-ville de chez moi, 91% d'enfants musulmans. Evidemment que c'est un problème. Il y a des seuils de tolérance. On n'ose pas le dire : 91% d'enfants musulmans. Vous ne mettez pas les vôtres dans cette école-là, vous demandez une dérogation à la carte scolaire et vous allez dans le privé. C'est ça la réalité».

Bien sûr, il ne souffle mot sur la source de ses statistiques ethniques qui sont pourtant formellement interdites en France. A l'animatrice qui lui demandait comment pouvait-il distinguer entre un musulman d'un non-musulman, le maire, répond aussi bêtement que cyniquement : «Je sais que vous n'êtes pas musulmane [?] c'est drôle, vous n'êtes pas Arabe. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise : ça se voit. Ça se voit sur votre visage. Pardon.», assener-t-il à la journaliste. Un racisme crasseux que même le clan Le Pen (la fille, pas le père) hésite à assumer publiquement ! et pour noircir un peu plus son propos ordurier, l'inculte Robert Ménard reprend à son compte une formule «pretee» au général de Gaulle par son biographe Alain Peyrefitte, en pleine guerre d'Algérie : «Etre Français, c'est aussi comme le disait le général de Gaulle, être Européen, blanc et catholique, bien sûr». Une déclaration dont on ne trouve par ailleurs aucune trace dans les écrits d'Alain Peyrefitte selon le journal Le Monde.

La LICRA (ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et SOS Racisme, ont annoncé qu'elles vont saisir leur commission juridique pour étudier les propos de Robert Ménard. «Ménard bat les records de l'ignominie et de la connerie. C'est un pétainiste qui nie les valeurs de la France et de la loi de 1905 sur la laïcité», a notamment fulminé le président de la LICRA Alain Jakubowicz.

De son côté Dominique Sopo, président de SOS Racisme a, lui, dénoncé «des propos racistes, des propos d'exclusion dont Ménard est coutumier». Il pointe «une recherche obsessionnelle d'une forme de pureté raciale et de religion». Lui, le pied-noir bâtard, dont on ne sait même pas de quel trou il est originaire !

Elu en 2014 avec le soutien du Front national, Ménard avait déjà créé la polémique en dressant le profil ethnique des écoles publiques de sa ville. En mai 2015, il avait fait parler de lui pour avoir répertorié dans un fichier les élèves musulmans des écoles publiques de Beziers en fonction de leur «prénom». Pauvre France qui gagne en ridicule dans le monde en laissant se développer des «racismes» multiples. Apres les Juifs, les Espagnols, les Italiens, les Roumains, les Roms, les Polonais, les Arabes, les musulmans, voici venir le temps des Chinois, des Noirs et des pas-catholiques (Ménard est un fervent catholique, très influencé par sa quatrième épouse)... trop jeune pour être OAS (il est né en 53), «le petit tyran domestique a l'ego excessif» (Rony Brauman), surnommé le «raciste crasseux», tente désormais de se rattraper.

A suivre