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Le terrorisme n'a pas le monopole du danger

par Moncef Wafi

L'Algérie a-t-elle gagné son combat contre l'islamisme radical ? Les chiffres fournis par The Soufan Group, une entreprise américaine basée à New York qui fournit des services en matière de sécurité et de renseignement aux gouvernements, sur le nombre d'Algériens combattants sous la bannière d'El Baghdadi donnent un éclairage sur la question et confirment que la politique algérienne concernant ce dossier est sur la bonne voie.

Le pays, encore traumatisé par une décennie noire et le retour de ses Afghans, n'est pas près de revivre une expérience sanglante qui a endeuillé des dizaines de milliers de familles et planté à jamais les graines de violence dans l'ADN national. Le choc psychologique mais aussi l'action des services de sécurité, tous corps confondus, et la présence dissuasive de l'armée aux frontières ont pour le moment épargné le pays de la main de Daech qui trouve peu ou prou d'emprise sur les Algériens. Ils ne sont pas des légions à vouloir aller combattre en Syrie ou en Libye connaissant le visage hideux de cette organisation et ses origines américano-sionistes et le peu de crédules qui font le pas est appâté par des séquences vidéo hollywoodiennes capables d'enfiévrer les esprits les plus faibles.

Si le succès sécuritaire n'est plus à présenter, l'Algérie a mené un autre combat sur le plan idéologique pour contrecarrer la pensée radicale dans les mosquées. Longtemps laissés en «jachère», les lieux de culte étaient devenus un vivier de recrutement jusqu'à ce que l'Etat ne balise le prêche religieux. Mais loin des imams CCP, c'est l'approche sociologique du discours religieux qui a fait balancer la tendance extirpant les mosquées des mains de prédicateurs wahhabites. L'expérience algérienne de déradicalisation fait déjà école et s'exporte en France qui veut se nourrir de cette tendance pour pacifier ses mosquées.

Pourtant, le tableau n'est pas aussi idyllique qu'il n'y paraît puisque de nombreux ingrédients se mettent en place pour présager d'une explosion sociale loin de toute revendication idéologique. La politique d'austérité engagée par le gouvernement, les décisions antipopulaires prises à travers l'augmentation des prix, la suppression de la retraite anticipée ou encore la limitation des libertés individuelles exposent le pays à une violente réaction citoyenne. La cacophonie qui règne au sein du gouvernement renvoie le reflet d'un pouvoir divisé et la crise des prix du pétrole emballe tous ces éléments pour nous offrir l'image d'un pays pas tout à fait à l'abri d'une déflagration.