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Soins à l'étranger: Les devises, un autre casse-tête

par M. Aziza

Une soixantaine d'enfants algériens ont été opérés par le chef de service de la chirurgie cardiovasculaire pédiatrique et adulte d'Anadolu (hôpital turc), en une année, et ce, sur la base d'une convention signée entre l'hôpital militaire d'Ain Naadja et Anadolu.

Le professeur turc Sertaç çiçek président du Congrès mondial de cardiologie pédiatrique et chirurgie cardiaque, est invité à se rendre en Algérie, sur la base de cette convention, une fois tous les deux mois pour effectuer des interventions chirurgicales à une moyenne de 10 à 12 enfants traités pour des maladies cardiaques complexes.

Les responsables et médecins de l'hôpital militaire et ceux des services de sécurité sociale algérienne avaient visité avant la signature de la convention, et à maintes reprises l'hôpital Anadolu, notamment le département de chirurgie pédiatrique.

Une unité qui propose tous types de procédures interventionnelles et diagnostics, y compris du fœtus et l'échocardiographie pédiatrique, la surveillance Holter et l'IRM cardiaque. L'unité met l'accent sur la médecine fœtale maternelle où l'équipe de l'unité peut identifier de nombreuses anomalies cardiaques néonatales avant la naissance.

Mais, si les responsables de l'hôpital Anadolu ont espéré conclure un contrat pour la prise en charge des patients algériens à l'hôpital Anadolu, à Istanbul, par le biais de la CNAS, les autorités algériennes ont préféré le recours à la signature de conventions avec des professeurs chevronnés qui soignent sur place les patients algériens, notamment les enfants ayant des problèmes cardiaques complexes. Et ce, au lieu de les transférer à l'étranger. L'enjeu est de réduire davantage le nombre des prises en charge des patients algériens à l'étranger et former sur place le personnel médical algérien appelé à accompagner le professeur dans ses démarches, en Algérie.

Il est important de remarquer que ce ne sont pas tous les patients qui peuvent recevoir les soins sur place. Les personnes atteintes de cancer sont contraintes, parfois, à se rendre sur place, car il est question de moyens et non seulement de compétence. De nombreux malades partent en Turquie pour se soigner par leurs propres moyens. Parfois, ils se ruinent pour payer les frais des soins de chimiothérapie, radiothérapie ou pour la chirurgie oncologique.

Des patients dans l'embarras

Des patients algériens rencontrés à Anadolou ont affirmé que l'hôpital en question leur facilite l'obtention de visa, le transport depuis l'aéroport jusqu'à l'hôpital. Il leur assure également, la traduction de documents médicaux et l'hébergement, mais la véritable contrainte réside dans la difficulté de transférer de l'argent pour payer les frais des soins, des sommes d'argent assez importantes. Un patient algérien, venu de M'sila, et qui traite pour un cancer à Anadalou a affirmé qu'il a eu toutes les facilités de la part de l'équipe médicale qui coordonne avec les patients étrangers pour l'étude du dossier, le diagnostic qui s'est fait en 48 heures et pour sa prise en charge à l'hôpital. «Mais, j'ai trouvé d'énormes difficultés pour pouvoir transférer 10.000 euros. J'ai donc fait appel à mon fils à l'étranger. A travers ses amis j'ai pu récupérer l'argent sur place en Turquie, avec tous les risques qu'on peut encourir dans ce genre de situation».

Notre interlocuteur s'est dit étonné par le fait que dans notre pays, on autorise les Algériens à acheter des voitures d'occasion via la banque, mais on ne permet pas ce genre de transfert pour les malades qui se soignent à l'étranger. «Même si ce transfert est permis, il n'est pas du tout facile à l'effectuer», dit-il. Et d'affirmer que la grande majorité des personnes malades qui se soignent à l'étranger se débrouillent comme ils peuvent pour transférer les frais de soins.

C'est d'ailleurs ce qu'a relevé pour sa part, le Dr Farid Achaibou, en appelant les autorités algériennes à permettre aux banques de faire le transfert de la devise, directement vers l'hôpital, bien évidemment sur la base d'un dossier complet pour faciliter le transfert d'argent des malades et s'assurer des sorties des devises relatives aux soins à l'étranger.

Certains spécialistes ont déjà alerté les autorités sur ces sorties de devises incontrôlées, sachant qu'en l'état actuel des choses, les autorités algériennes ne comptabilisent pas les transferts d'argent des patients algériens qui partent se soigner à l'étranger, à leur propre compte.

La biopsie liquide et le diagnostic rapide via DHL

Aujourd'hui, l'hôpital Anadolu propose aux patients, notamment algériens, la biopsie liquide, qui se fait par une simple prise de sang et peut s'effectuer sur place, dans les pays des patients pour diagnostiquer rapidement les cancers et identifier ainsi les patients susceptibles de bénéficier des nouvelles thérapies anticancéreuses. Le Dr Farid Achaibou a affirmé que les patients algériens peuvent se servir de cette nouvelle biopsie appelée (CTC) qui a été introduite à l'hôpital Anadolu, sans pour autant se déplacer en Turquie. Il affirme que toute personne qui veut faire une biopsie, fera une prise de sang en Algérie qui sera transmise à l'hôpital Anadolu rapidement via DHL. Notre interlocuteur a affirmé que les Algériens qui souhaitent effectuer ce diagnostic ne seront pas obligés de suivre leur traitement à l'hôpital en question. Ils peuvent se contenter du diagnostic et suivre leur traitement selon leur choix et leurs moyens.

Le professeur Huseyin Baloglu, chef de département de pathologie à Anadolu Médical Center a affirmé, pour sa part, que le CTC est une percée technologique dans le diagnostic du cancer. Et d'affirmer que faire le bon diagnostic, c'est déjà la moitié du traitement.

Le Dr. Farid Achaibou a cité le cas d'un jeune Oranais qui a failli être opéré pour un cancer de la cavité buccale. Mais voulant avoir un autre avis, en s'adressant à l'hôpital Anadolu, il a découvert que le diagnostic était faux. «Alors qu'il devait payer une somme importante pour un nouveau diagnostic et pour une chirurgie oncologique, le jeune Oranais n'avait pas de tumeur maligne. C'était juste une mauvaise lecture du diagnostic», précise le médecin qui souligne que faire une mauvaise lecture des analyses et se tromper de diagnostic n'est pas propre à notre pays.