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Arnaques, non-respect du cahier des charges: Vers une agence unique pour le hadj

par Yazid Alilat



Avec quelque 29.000 personnes à transporter, héberger et gérer pendant presque 30 jours, le hadj est une niche commerciale très juteuse. Un marché porteur et en tant que tel il attire toutes les convoitises des voyagistes, spécialisés ou non.

Le hadj 2016 a déjà ses «victimes» d'opérateurs privés qui sont montrés du doigt pour des arnaques actuellement en train d'être documentées par le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs pour une enquête plus approfondie sur les méthodes de gestion de ces tours opérateurs. 29.000 hadjis qui déboursent en moyenne 490.000 dinars pour effectuer le 5eme pilier de l'Islam, cela représente beaucoup d'argent, et un chiffre d'affaires potentiel pour les voyagistes, dont certains sont accusés cette année d'arnaquer leurs clients sur plusieurs produits dont des hôtels éloignés et de peu de confort. C'est un peu pour toutes ces raisons que le ministère des Affaires religieuses est actuellement en train de réfléchir à d'autres formules pour l'organisation du hadj les prochaines années. De La Mecque où il est actuellement, le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a annoncé qu'il existe actuellement une réflexion pour confier l'organisation du Hadj à un seul opérateur public ou privé, à la condition que celui-ci soit performant. Il a précisé dans une déclaration à l'APS que le gouvernement réfléchit à l'option de confier toute l'organisation de l'opération du hadj à un opérateur, privé ou public, mais il faudrait qu'il ait les qualifications requises dans ce genre de produits, le hadj. Car, selon le ministre, « la prise en charge des Algériens en terre étrangère est très délicate ». Il explique, concernant le choix d'un opérateur qui soit en mesure d'assurer dans les meilleures conditions l'organisation du hadj, que cet objectif est derrière la décision des pouvoirs publics de ne pas se délester, pour le moment, de cette opération. Il explique que « c'est pour cette raison que nous n'avons pas l'intention de nous aventurer dans l'immédiat au profit de n'importe quelle agence ». Pour le moment, il existe trois grandes agences publiques, à savoir le TCA (Touring), Altour et l'ONAT, la première agence étant déjà rompue aux hadj et à la omra. Mais, pour certaines agences privées, elles ont laissé de côté « leur cahier des charges » et sont accusées par le ministère de ne pas le respecter. « L'année prochaine, il y aura une révision des quotas attribués aux agences de voyages », a souligné le ministre selon lequel certaines agences de voyage auront un quota supplémentaire de «hadjis», alors que d'autres seront écartées de l'opération, une sorte de sanction pour « non-respect de leurs engagements ». Le ministre a rappelé ainsi le retrait d'agrément l'année dernière à une agence de voyage privée pour n'avoir pas respecté ses engagements, et cette année aussi « beaucoup méritent cette sanction ». Face à ces «couacs» dans l'organisation du hadj, M. Mohamed Aïssa a appelé les membres de la mission du hadj pour activer les cinq commissions de suivi afin qu'elles élaborent un procès-verbal de tous les manquements enregistrés jusque-là dans le déroulement du hadj pour les Algériens à La Mecque et Médine, en particulier certains comportements scandaleux et irréfléchis d'agences de voyages. Le ministre s'explique en relevant avoir «remarqué qu'à Médine certaines agences de voyages ont eu l'audace d'interrompre le séjour des pèlerins à El Madina devant rester six jours au lieu de quatre sinon trois jours. Nous avons payé pour six nuitées, donc le pèlerin a droit à autant de nuitées. Si jamais il veut écourter son séjour, il a le droit d'être remboursé». M. Aïssa s'est également élevé contre le surcoût exigé par des agences prétextant une meilleure prise en charge, alors qu'en réalité, « il n'y avait aucune prestation spéciale». «L'agence réclame de l'argent pour assurer une prestation de base, qui est déjà comptabilisée dans le pécule ou dans la redevance que le pèlerin a déjà payé en Algérie».

Ce coup de gueule du ministre des Affaires religieuses fait suite à l'affaire de 47 pèlerins envoyés par une agence de voyages sans visas hadj, et les nombreuses critiques et réclamations de hadjis qui ont été surpris notamment d'avoir été hébergés dans des hôtels qu'ils n'avaient pas réservés ou trop éloignés. Si les 47 pèlerins ont été en fin de compte pris en charge par les autorités saoudiennes, il reste que d'autres pèlerins, et ils sont nombreux, ne sont pas contents des conditions de leur hébergement et de leur prise en charge par certains voyagistes.

Mauvais casting des agences de voyages ? On se souvient que lors des préparatifs du hadj 2016, Youcef Azouza, directeur de l'Office national du hadj et de la omra, avait assuré d'une «sélection rigoureuse des agences de voyage ». Chacune de ces agences avait bénéficié d'un quota lui permettant la prise en charge de 260 à 560 futurs hadjis.

« Les nouveaux opérateurs du marché ont vu ce quota diminuer en raison de leur première expérience d'organisation du hadj. Ceux-là n'auront à prendre en charge que 130 pèlerins au maximum», avait-il affirmé. Il soulignera ensuite que «60% des pèlerins seront pris en charge par les agences de tourisme, soit 14.800, alors que l'Office national du hadj et de la omra (ONHO) se chargera à lui seul de 12.400 autres ».