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Des cadres du ministère pour inspecter les structures de santé

par Ghania Oukazi

Le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière envoie, dès ce lundi, plusieurs de ses cadres, inspecter l'ensemble des structures du secteur, à travers le territoire national, afin d'en évaluer le fonctionnement, les personnels et le travail accompli.

«es cadres sortiront à partir de lundi à travers l'ensemble des structures de santé du pays pour faire l'évaluation de tout ce qui se fait à ce niveau.» Il tient à préciser que «cette évaluation des structures médicales est la première du genre depuis 1962, date de l'Indépendance du pays.» C'est, nous a-t-il expliqué «un profond état des lieux des structures de Santé publiques et privées qui doit être fait, des soins qui y sont prodigués, des personnels médicaux et paramédicaux qui y travaillent, des équipements qui sont utilisés, cette évaluation prendra le temps qu'il faut mais il faut qu'elle se fasse.» Abdelmalek Boudiaf nous fait savoir que «ce travail sera fait en prévision d'une réunion, - première du genre aussi -, qui va regrouper, pour la première fois, les coordinateurs qui sont dans les différents services de santé, les directeurs des hôpitaux, les directeurs de Santé publique (DSP) et les cadres pour examiner, tous ensemble, les rapports qui seront établis par les personnels chargés, à partir de cette semaine d'inspecter les structures de Santé de l'ensemble du pays.»

La réunion est prévue, selon lui, à la fin du mois de septembre et donnera, en même temps, l'occasion aux responsables du secteur «de revoir les politiques suivies par les coordinateurs dont les postes sont clés dans le secteur, leurs missions et préciser l'importance de la présence physique sur les lieux de travail.» Le ministre rappelle que «la loi sur la Santé de laquelle les spécialistes ont corrigé des contractions (contenues dans son ancienne mouture), y ont introduit les fondamentaux qui lui manquaient ainsi que beaucoup d'autres omissions, une fois avalisée et adoptée, cadrera le secteur et l'ensemble de son fonctionnement.» Une loi qu'il dit être au niveau de la présidence de la République pour être examinée, en principe, cet automne en Conseil des ministres, après l'avoir été, par deux fois, par le gouvernement qui y a apporté les correctifs et les propositions nécessaires, sans compter son étude par plus de 8.000 participants, aux rencontres régionales et aux assises qui lui ont été consacrées.»

Le privé, cet «électron perdu»

Boudiaf estime que «c'est une loi véritablement consensuelle, j'espère qu'elle va passer en Conseil des ministres pour descendre, fin décembre, à l'APN, elle sera un acquis pour le secteur.» Il affirme que «cette loi servira à mettre de l'ordre dans le secteur et permettra de clarifier les missions de l'ensemble de ses structures publiques et privées.» Ce qui pour lui, plus est, mettra fin aux spéculations sur le rôle du privé dans la santé. «Il est aberrant que beaucoup se demandent si le ministre de la Santé a le droit de contrôler le privé dans un secteur aussi important que celui de la Santé !, ce n'est pas normal qu'on se pose une telle question et qu'on considère le privé comme un électron libre (perdu ?), c'est pour cela que l'évaluation qui va être menée concernera le public et le privé,», souligne-t-il. Il reconnaît cependant, qu'«une fois qu'on en explique les objectifs, les concernés adhérent à notre vision, sans problème.» Il n'omet pas de préciser, encore une fois, dans cet ordre d'idées, que «le temps complémentaire doit disparaître pour que les choses soient bien claires.»

Le ministre de la Santé revient sur le redéploiement de l'encadrement hospitalo-universitaire et rappelle en outre, que «111 professeurs et maîtres-assistants doivent partir à la retraite, ce n'est que justice pour eux, on leur doit tout le respect, ils doivent aller se reposer et permettre aux étudiants qu'ils ont formés d'avancer, de prendre leur responsabilité dans la gestion des différents services.»

Boudiaf est convaincu que le remplacement des hospitalo-universitaires qui doivent partir à la retraite ne posera aucun problème. «Nous avons, aujourd'hui, 6.500 nouveaux hospitalo-universitaires qui sont prêts à assurer l'encadrement de la profession,» nous dit-il. Notons que nous apprenons du côté du Palais du gouvernement que le chiffre des retraités de la Santé a été revu à la baisse sur décision du Premier ministre qui l'a exigé, en signant une instruction à cet effet.

«Ceux qui ne travaillent pas doivent partir»

Le ministre assure que «ces départs» et «ces arrivées» permettront de réorganiser le travail des chefs de services dans les hôpitaux, je salue, au passage, les professeurs qui sont dans leur service dès 6h ou 7h du matin, pour n'en sortir qu'en fin d'après-midi.» Ce qui le pousse à avertir que «désormais, ceux qui ne travaillent pas doivent partir.» C'est pour lui «véritablement le temps de l'évaluation de tout le monde, j'ai une fiche d'évaluation de chacun des professeurs et des maîtres-assistants,» assure-t-il. Il annonce d'ailleurs, une autre réunion, après celle qu'il prévoit de tenir à la fin septembre avec les coordinateurs, pour, nous dit le ministre «mettre à nu tous les dysfonctionnements, situer les difficultés, les insuffisances et les lacunes du secteur de la Santé et leur trouver les solutions adéquates.»

Le ministre a commencé avant ses cadres, à tâter le terrain de cette évaluation qu'il veut du secteur. Après son «escapade» de la délégation officielle que dirigeait le Premier ministre, lors de sa visite, mercredi dernier, dans la wilaya de Saïda, pour aller, inopinément, dans les structures de santé de la région et constater ce qui s'y passe. Boudiaf a effectué, jeudi dernier, dans la soirée, une même tournée de contrôle dans celles de la capitale. «J'aime arriver d'une manière inopinée dans les hôpitaux et trouver le personnel médical et paramédical en train de travailler sérieusement, c'est l'agréable surprise que j'ai eue, à l'hôpital de Saida.» Il reste que le ministre n'est pas toujours aussi rassuré de la bonne marche de son secteur que beaucoup, dit-il, «critiquent sévèrement mais rares sont ceux qui proposent des solutions.» Jeudi soir, lors de sa visite dans certains hôpitaux d'Alger, Boudiaf a été obligé d'élever la voix pour rappeler à l'ordre les responsables défaillants. Il a, ainsi, juré d'en révoquer les plus coupables de laisser-aller, face aux patients. Lors de notre rencontre, avec lui, jeudi matin, il nous a déclaré qu'il veut, en priorité, que «le fonctionnement des urgences soient complètement revu, c'est le premier grand pas qui doit être franchi convenablement, tout le reste doit suivre pour remettre le secteur de la Santé sur le bon pied.»