L'homme
est, paraît-il, le loup pour l'homme. Il serait l'ennemi de ses semblables. Ne
voyant en ses congénères que des concurrents lui réduisant ses attributs ou des
conquérants le confinant aux limites de sa niche vitale. Pour s'en défaire,
soit il sort ses crocs de canidé sauvage ou ses griffes de rapace affamé, soit
il se recroqueville dans sa sournoiserie cachée derrière son hypocrisie
maléfique. Ceci est bien vérifié dans les corporations où la compétition est
très rude et plus particulièrement dans l'univers de la politique où tous les
coups sont employés. Comme un déluge dévastateur, les ambitieux noient tous
ceux qui leur viennent en travers de leur projet. Pour ne pas être éliminés,
ils éliminent, d'un à l'autre, leurs adversaires. Sans aucun état d'âme. Ils
montent jusqu'à ce qu'ils atteignent le sommet de la pyramide écologique, sur
les corps cadavérisés et sur d'autres, prosternés pour ne plus s'échiner encore
plus. Déjà au IVe siècle, l'empereur Constantin Ier pour renforcer Rome et son
pouvoir, libéra le culte, non sans arrière-pensée, unifia l'Eglise en
convoquant le concile de Nicée puis affirma son autorité politico-religieuse
grâce à la croix qu'il aurait vue dans le ciel de Rome, et qui lui conféra son
statut d'empereur divin. Depuis, les choses n'ont pas beaucoup changé, sinon
elles se sont banalisées et aggravées. Les boucs émissaires sont faciles à
trouver parmi les plus faibles. Des pays entiers sont jetés à l'âge de pierre
et vidés de leurs peuples, poussés à l'exode et noyés dans la mer.
En France,
les primaires pour l'élection présidentielle ont commencé sur le dos des
quelques femmes musulmanes fuyant la canicule pour le bord de mer, en burkini très visible et «troublant l'ordre public». En
Algérie, la blogosphère relie le déballage quotidien, partagé sur les réseaux
sociaux, mettant en relief le positionnement des parties en concurrence pour
tenir la barre de navigation. Chaque jour qui passe, du linge sale est étendu
sur le pont. La lessive ne lave pas plus blanc que blanc. Le commun des mortels
est mené en bateau dans des eaux troubles non encore épurées. Il entend tout le
monde, mais il n'écoute personne. Il n'est plus dupe. Il connaît le dicton qui
dit : « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage ». Il sait que beaucoup de
vérités criées hier, dans un ciel obscur, ne sont plus, aujourd'hui, que des
mensonges cousus de fil blanc parfaitement visible. Aussi a-t-il su, il y a si
peu, que tant de choses ne se sont pas passées comme il avait été dit. Alors,
il marque son territoire de scepticisme. Il sait bien qu'il ne pèse pas
grand-chose dans l'apesanteur d'un univers qui l'ignore et qu'il
ne contrôle pas. Bien qu'il se désintéresse du jeu de dédain des autres, il se
résigne à garder, malgré lui, son rôle de spectateur indifférent, depuis les
gradins de l'arène où s'affrontent des gladiateurs et des bestiaires bien
engraissés et réellement préparés pour la circonstance. Ainsi, la sélection
darwinienne est continuellement vérifiée, seuls ceux qui arrivent à passer
toutes les barrières dressées, naturellement ou pas, sont les mieux à même de
boire dans le saint graal. Il ne reste à ceux qui avaient été emportés sous
l'aisselle des autres, puis lâchés en cours de route, que le dépit et l'ennui
qui les rendent ennuyants. Parce que le temps les traverse et continue son
cours dans le sillon de l'histoire, mais ce sera sans eux.