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Constantine - Reprise de travail à la gare routière Sahraoui Tahar: Les dommages collatéraux

par Abdelkrim Zerzouri

Ouverte aux transporteurs et voyageurs le 20 août dernier, après une fermeture pour travaux de réhabilitation ayant duré une année, la relance des activités de la gare routière «Est» «Sahraoui Tahar» ne doit pas plaire à tout le monde. Pour certains, il s'agit même d'une véritable catastrophe sur le plan commercial. Installés provisoirement au niveau d'une gare routière fraîchement réceptionnée à la zone industrielle «Palma», les transporteurs et les voyageurs qui y ont afflué ont transformé le visage de cet endroit, lui donnant une dynamique jamais connu en ce lieu, naguère morose, livré à toutes les influences néfastes des malfrats et des ivrognes. Ainsi, le «commerce a bougé», les restaurateurs ont dû renforcer le personnel, se sont équipés de matériels adéquats pour répondre à l'importante demande d'une clientèle nombreuse à toute heure de la journée, et jusque tard dans la soirée. Egalement, le transport urbain et interurbain, régulier ou sauvage, a connu des jours très bénéfiques.

Bref, le coin est devenu très animé, au grand bonheur d'une foultitude de commerçants, qui ont trouvé là leurs bons repères. Tout cela, c'est du passé, car aujourd'hui cette, désormais, ancienne gare routière offre un décor d'une tristesse qui pince beaucoup de cœurs. L'activité des commerces installés dans les alentours est réduite considérablement. On ne voit plus monter dans le ciel les fumées dégagées par les grillades, on n'entend plus le brouhaha des voyageurs, c'est le calme plat qui règne sur les lieux. Autre perdant dans cette affaire, la Société d'exploitation des tramways (Setram). D'habitude les rames faisaient le plein au niveau de la station de la Zone industrielle. Les milliers de voyageurs qui arrivent à la gare profitaient de la position de cette station du tramway (viaduc juste en haut de la gare), pour rejoindre le centre-ville ou la cité Zouaghi, d'où ils prennent des correspondance soit vers Ali Mendjeli ou l'université -3- «Rabah Bitat», pour les nombreux étudiants habitués du tramway, ceux qui résident hors de la wilaya notamment. Maintenant, donc, la rame du tramway marque sa halte au niveau de la station de la zone industrielle, mais il n'y a plus de clients à prendre. Parfois, les portes s'ouvrent et se referment sans que personne ne descende de la rame ou n'y monte. Une perte sèche de plusieurs milliers de dinars/jour pour la Setram.

Quel avenir réserver à cette gare ? Pour le moment on temporise avant d'annoncer quoi que ce soit à ce propos, mais il est quasiment certain qu'on tenterait d'affecter cette station, totalement aménagée, pour les bus de transport urbain. Au début, lors de son aménagement, avant de l'affecter en urgence pour les transporteurs en activité dans la gare routière «Sahraoui Tahar», cette station était initialement destinée à accueillir les transporteurs installés au niveau de la place «Khemisti», qui desservaient plusieurs directions ou cités satellites, comme Boussouf, Daksi, Djebel el Ouahche, Sidi Mabrouk?, mais dès qu'ils ont eu vent de ce transfert, les transporteurs ont tout de suite opposé leur refus catégorique. « Il est hors de question de s'installer dans cette station, retirée, et qui nécessiterait pour les usagers de recourir à des correspondances pour rejoindre le centre-ville», avaient argué les transporteurs.

Un transfert vers la station de la zone industrielle signerait notre mort, la fin de notre activité, clameront d'autres. Mais entre deux maux, il peut y avoir une solution à tirer entre les transporteurs sur les lignes interurbaines et la Setram : la carte d'abonnement valable sur les deux moyens de transport (bus et tramway), et cette éventualité est sur la table des propositions, du moins entre l'ETC et la Setram, ou la réduction du billet de voyage du tramway (actuellement à 40 dinars sur tout le parcours). En tout cas, il est indispensable de trouver des solutions dans ce sens, sinon les voyageurs préfèreront prendre un taxi pour rallier le centre-ville, et éviter toutes les tracasseries qui résulteraient de ce transfert, très probable, des transporteurs vers la station de la zone industrielle.