Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le peuple yéménite nargue Ryadh et ses mercenaires

par Kharroubi Habib

Sous couvert de défendre au Yémen la légitimité constitutionnelle représentée par le président Hadi et son gouvernement chassés par les rebelles Houtis et forcés à l'exil à Ryadh, la coalition conduite par l'Arabie Saoudite intervient militairement dans ce pays pour tenter de contraindre leurs adversaires à mettre fin à leur rebellion.

L'intervention militaire que les piètres stratèges de l'armée saoudienne ont présenté comme allant être brève dans le temps et menée de façon à épargner la population civile est devenue au fil du temps une guerre dans laquelle la coalition s'est enlisée et qui pour s'en sortir s'adonne à des bombardements aériens dont les résultats sont des tueries de masse aux victimes en majorité des citoyens yémenites innoncents. Il en a résulté que si le président yémenite en exil pouvait prétendre au début du conflit avoir pour lui la majorité de son peuple, celle-ci s'est incontestablement détournée de lui, révoltée par la barbarie qui guide l'action militaire de ses alliés saoudiens.

Les rebelles que l'intervention militaire était censée briser sont toujours au pouvoir à Sanaa et désormais légitiment en droit de se prévaloir du soutien du peuple yémenite. Ce qui a été irrécusablement démontré par l'extraordinaire manifestation en leur faveur qui a rassemblé à Sanaa une foule monstre en dépit du risque qu'elle soit ciblée par le bombardement aérien de l'aviation de la coalition.

Cette démonstration de l'unité entre les rebelles et le peuple yémenite s'est produite suite à l'échec consommé des négociations de paix au Koweit entre le gouvernement en exil et les forces rebelles alliées contre lui, qui devaient sous la médiation onusienne déboucher sur un compromis politique et de gouvernement acceptable pour les deux parties prenantes du conflit.

Sous tutelle de la monarchie séoudienne qui se prévaut d'une suzeraineté historique sur le Yémen, le président en exil Hadi a sur injonction de Ryadh émis des préalables dont la satisfaction par ses adversaires signifierait leur reddition inconditionnelle alors même que sur le terrain ils l'emportent sur les forces qui lui sont restées fidèles et celles de la coalition qui interviennent à leur côté. Devant la tournure prise par les prétendues négociations Yémeno-yémenite auxquelles Ryadh a voulu en fait imposer l'issue convenant au Royaume, les rebelles ont non seulement mis fin à la mascarade de leur face-à-face avec un président marionnette mais arrêté également que celui-ci est définitivement hors-jeu d'une négociation de paix pour le Yémen et qu'en conséquence ils ne traiteront plus avec lui mais avec ceux qui le manipulent à partir de Ryadh.

Au Yémen, l'Arabie Saoudite mène une guerre d'agression au bilan humain déjà effroyable qui va s'alourdir tragiquement s'il ne lui est pas signifié qu'elle se doit de l'arrêter. Mais autant ceux qui sont en mesure de le lui signifier s'agitent et agissent dans le conflit syrien contre le régime coupable à leurs yeux des mêmes crimes qui se commettent au Yémen, autant ils se gardent de culpabiliser l'Arabie Saoudite pour ce qu'elle fait dans ce pays. Cette même Arabie Saoudite qui tue et détruit au Yémen avec pour seul objectif de maintenir ce pays sous sa coupe rétrograde et moyenâgeuse, ils la comptent parmi leurs alliés en Syrie en la présentant comme voulant pour son peuple un régime démocratique pratiquant tolérance et respect pour la mosaïque d'ethnies et de communautés qui composent ce pays. Vaste fumisterie qui leur fait s'aveugler consciemment sur la nature de cette monarchie et des desseins anti civilisationnels qui sont les siens.