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Footballeur de tempérament, entraîneur: Tayebi Bouziane ou le rêve inachevé

par Entretien Réalisé Par Adjal Lahouari

A l'instar de plusieurs protagonistes de la fameuse finale de la coupe d'Algérie 1984 face au MCA, on l'avait perdu de vue. Il faut dire que Tayebi Bouziane, footballeur de tempérament, est également l'homme des décisions radicales. Avec lui, pas de demi-mesure.

Il est né à Oran, y a grandi et joué, mais depuis plus de 20 ans, il vit à Annaba, et pas seulement pour une raison d'ordre familial, bien que cette dernière ait pesé dans son choix. Comme tout amoureux du football, son rêve était de devenir entraîneur. Disons que ce rêve ne s'est pas réalisé à 100% selon l'idée qu'il s'est faite à propos de son avenir dans cette fonction où, il est vrai, il y a beaucoup d'appelés mais peu d'élus. Et pourtant, une rapide rétrospective nous confirme que Bouziane aurait pu percer dans ce difficile métier car il a été à l'origine, tant à Oran qu'à Annaba, de l'éclosion d'excellents joueurs, dont plusieurs sont devenus des internationaux. De ce passé révolu, il n'en tire pas de gloriole, mais de la satisfaction du bon travail accompli dans les missions qu'on lui a confiées. A l'image des vrais éducateurs, il peut s'estimer heureux d'avoir été à la hauteur de la tâche, même si son rêve s'est estompé en chemin par manque de moyens et de disponibilité. Et d'incompréhension et négligence de la part de certains dirigeants atteints de cette maladie bien connue, la «championnite». Combien de postulants à la fonction d'entraîneur ont échoué par la faute de ces «techniciens» autoproclamés ? Beaucoup sans aucun doute et Tayebi Bouziane en fait partie. Et pourtant, aucune rancœur n'a transpiré de ses propos, lorsqu'on nous l'avons rencontré.

Bouziane se souvient de cette belle période où il a bossé pour obtenir son diplôme d'entraîneur de deuxième degré. C'était au CREPS d'Aïn El-Turck sous la houlette du regretté Medjadj, des frères Faradji et dont le coordinateur n'était autre que Hadj Ali-Moussa, un passionné et sincère serviteur du football. Il avait étudié en compagnie relevée, avec les frères Bouali, Ouanès, Benaoudène, Kessas, Habi, Amrani dont Baghdad Athmani fut le major incontestable. Voici l'essentiel de cet entretien à bâtons rompus.

Le Quotidien d'Oran : Peut-on connaître ta situation actuelle ?

Tayebi Bouziane : Je suis un jeune retraité depuis un mois. J'ai fait valoir mes droits à ce statut après avoir exercé durant 20 années à l'ESTEP (Ex- ENAPAT). Après l'époque des ASP, des coéquipiers de l'ASCO et moi-même avons reçu des soldes de tous comptes de la part de l'ENAVA. Car il se trouve que cette entreprise n'a pas pris en considération notre niveau d'instruction en nous proposant des postes subalternes. C'est à cette période que j'ai décidé d'aller à Annaba pour y entamer une carrière d'entraîneur. Abderrazak Bellil, un dirigeant de l'USM Annaba du temps du président Meribout qui me connaissait, m'a installé comme coach de l'équipe espoirs. Je peux affirmer que ce fut une belle réussite car, outre les succès, la plupart des joueurs sont à l'origine de l'accession de Hamra Annaba qui a participé à la Coupe arabe.

Par la suite, j'ai entraîné des clubs de différentes divisions tels le NR Azzaba et le CRB Benazouz. Il se trouve que, comme partout ailleurs, il y avait l'exigence des résultats immédiats. J'ai dirigé par la suite les cadets de Hamra Annaba avant de refuser plusieurs offres, tant en raison des déplacements que des conditions de travail, guère réunies.

Q.O.: Quel est ton avis sur le football actuel ?

T.B.: On parle de professionnalisme mais je ne vois pas. Du temps de la réforme, il n'y avait pas cet argent qui coule à flots actuellement, mais il y avait une qualité de travail. A mon avis, ce qui nous a manqué à cette période c'est le travail physique. Malgré ça, il y a eu des résultats, tant au niveau des clubs que de l'équipe nationale grâce à l'apport des entraîneurs étrangers.

Q.O.: Nous avons connu «deux» Bouziane, l'attaquant et le demi-défenseur. Peux-tu éclairer notre lanterne ?

T.B.: Depuis mes débuts à l'USMO, j'ai toujours joué en 9. C'était le cas au NARO et à l'ASCO. Il se trouve que nous étions à cette époque quatre joueurs pour un seul poste, à savoir Belmokhtar Mustapha, Belmir et Chibani. Rouaï m'a fait jouer en soutien de l'attaquant de pointe avant que Zavidonov me désigne au poste de demi-défenseur. Or, d'une part, j'étais le plus jeune et j'ai donné satisfaction dans mon nouveau rôle.

Q.O.: As-tu une autre explication ?

T.B.: J'ai effectué mes débuts à l'USMO en minimes avant de rallier l'ASCO et le NAR Oran. Puis ce fut l'USMO et l'ASCO sous la houlette d'excellents entraîneurs comme Zrégo, Kessaïci, Gnaoui, Bouhadda, Rouaï et Zavidonov. Mon autre grande satisfaction est d'avoir participé à titre d'entraîneur avec Belkheira à l'éclosion de nombreux internationaux, tels Haddou Moulay, Benamara, Saoula, Gaïd, Raho, Benzerga, les frères Aït-Zeggagh, Amine et Yacine, Deham, sans oublier Bendida Zoheir et Kader, le futur cheb. Je garde d'excellents souvenirs de cette période où nous avons donné le meilleur de nous-mêmes pour l'amour du football, et du maillot. J'ai une pensée émue pour tous ceux qui nous ont quittés, mais par ailleurs je suis heureux de voir le doyen de l'USMO, Ammi «Couscous», toujours parmi nous. Que Dieu lui prête vie? !