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Sa carrière, l'indifférence vis-à-vis des anciens joueurs et dirigeants...: Beddiar Lahouari, l'un des piliers du MCO se confie au «Le Quotidien d'Oran»

par Adjal Lahouari

A 80 ans, Hadj Lahouari Beddiar est bel et bien le doyen des joueurs du MCO. A ce titre, il doit être considéré comme le gardien du temple du Mouloudia, car tous ceux avec qui il a joué sont plus jeunes que lui.

Ce qu'il faut savoir, c'est que l'ex-libero des «Rouge et Blanc» a toujours fonctionné à l'affectif, ayant toujours un coéquipier fidèle à ses côtés. Après Ouis, il fut l'intime de Naïr Hadj puis celui de Fréha Beka. Après que ces trois amis furent rappelés par le créateur, il ressent ce «vide» bien que les autres coéquipiers, tels Meguenine, Kechra, Bessah, Hamida, lui rendent toujours visite au café situé à proximité du stade de leurs exploits. Nombre de confrères, amateurs de déclarations fracassantes, ont été surpris par sa neutralité. Et, lorsqu'il se prononçait sur la situation du MCO, c'est en termes lucides, objectifs et apaisants, ne prenant position pour aucune des parties en conflit. «J'ai évolué durant douze saisons comme titulaire et avec le riche effectif existant, ce n'était pas facile. Mes coéquipiers et moi avions donné le meilleur de nous-mêmes pour construire le palmarès du MCO. Je crois humblement que nous y sommes parvenus. L'argent n'a jamais été notre moteur. Notre motivation, c'était le public c'est pour lui que nous avions joué. Et aussi par respect aux fondateurs du Mouloudia, les Boutabeb, Bentouti, Douili, Bessol, Fréha Ahmed et Abouna Omar, sans oublier les valeureux chouhada tombés au champ d'honneur pour libérer le pays dont Dahassi» a-t-il déclaré tout de go, et l'inoubliable feu Kacem Elimam et Freha Mohamed, avant de préciser qu'à titre d'entraîneur des jeunes après la fin de sa carrière, il n'a perçu aucun centime. Hadj Beddiar citera les Bessah, Belgot, Krimo, Hamida, Hamel Mehdi , Kechra et Bouhadji qui méritent selon lui, un minimum de considération. «Nous ne demandons ni argent, ni cadeaux, ce qui nous fait mal, c'est l'indifférence dont nous sommes victimes. Des gens comme Benabed , Soualmia Ghalem , Arroumia Ali et Fali Kadda ont beaucoup fait pour le MCO et ne doivent pas être ignorés. Et puis, est-ce qu'on prend des nouvelles des enfants et des familles des joueurs décédés, comme Fréha, Naïr, Larbi, Berras, Hadefi, Embarek et Ouis ? Je ne crois pas et cette attitude est inacceptable car nous avons consacré notre jeunesse pour ce club. Moi-même, je l'ai échappé belle à deux reprises. La première fois, j'ai passé deux mois à l'hôpital Mustapha après avoir reçu un violent coup à la tête, contre le RCK en coupe d'Algérie. La seconde fois, je suis tombé dans le coma après la relégation du MCO en 2008», a-t-il précisé. «J'adore le MCO et j'aimerais qu'il redevienne le grand club qu'il était, mais je ne veux pas m'immiscer dans ses affaires, en aucune façon. C'est ma ligne de conduite, et ce n'est pas à 80 ans que je vais changer. Ce qui me fait mal, je le répète, c'est l'indifférence dont nous sommes victimes. J'estime que le petit noyau de joueurs, encore en vie, mérite plus de respect, à l'instar des supporters, jeunes ou vieux qui, eux, nous accordent encore une certaine considération. Pourquoi pas les dirigeants ? Aucun d'entre eux ne s'est inquiété de notre situation», a-t-il ajouté.

Les murs de la buvette qu'il exploite depuis de nombreuses années ont des allures de petit musée, avec des photos des équipes du MCO et des individualités. Depuis quelque temps, un autre cadre a été accroché, celui de Berras, ancien joueur et qui, à une certaine période dont nous sommes témoins, s'est retrouvé seul dirigeant cumulant les fonctions, avec le regretté Miloud Hadefi comme entraîneur. Cette «espèce» d'amoureux du club fait partie du passé si l'on en juge par ce qui se passe, actuellement, au sein de ces équipes constamment sous pression pour cause d'exigence de résultats immédiats.

Il fut un temps où la célèbre «Hsab El Hsira» domiciliée chez Hadj Beddiar, était «la» référence. On y venait, non seulement, pour être au courant de l'actualité du club mais également pour se ressourcer et conserver cet esprit typiquement hamraoui. Qu'est devenue cette force d'inspiration et de propositions ? A-t-elle disparu au fil des années, bien que plusieurs fans irréductibles s'efforcent de la maintenir en vie. Y arriveront-ils ? On le souhaite pour eux car il s'agit de fans authentiques et sincères. En dépit de l'historique exhortation du Cheikh Saïd Zemmouchi, en 1946, le MCO n'en finit pas avec cette interminable série de crises, entrecoupée par de courtes éclaircies. En 2009, notre collègue Ahmed Bessol, authentique Hamraoui et journaliste de grand talent, écrivait dans son cahier annuel à propos du MCO : «Les tentatives de pseudo-dirigeants d'extirper le club du quartier d'E-Hamri d'où il tire toutes ses valeurs», soulignant dans la parution de 2010, «les exigences d'une galerie fidèle mais frondeuse, ainsi qu'un environnement manipulateur pour des raisons extra-sportives et une gestion financière à la petite semaine». Précisément, Ahmed Bessol est passé récemment voir Hadj Beddiar et nul doute qu'ils ont déploré la situation du club cher à leur cœur. L'ancien libero du Mouloudia a sorti d'une pochette des photos de l'équipe nationale où il fut parmi les premiers à être convoqués, avec les Sikki, Lalmas, Ould Bey, Bouhizeb, Meziani, Aftouche, Belbekri, Ouis et bien d'autres, rappelant qu'il a participé à la phase finale des Jeux africains de Brazzaville (Congo) avec une flopée de cracks, tels Lalmas, Attoui, Bourouba, Zerga, Melaksou, Zidane Charef, Hachouf, Aouadj et Berroudji. Ce sont évidemment des souvenirs indélébiles qui attestent que Hadj Beddiar était un défenseur remarquable, dans l'interception du ballon et dans la relance. Visiblement ému, Beddiar soulignera, encore une fois, la considération dont doivent bénéficier aussi les familles des joueurs disparus et ceux encore en vie, comme Hadj Lahouari Missoum, très probablement le doyen des dirigeants du MCO et qui, malgré son âge, continue à poursuivre son œuvre caritative, au profit des enfants cancéreux. Dans son rôle, Hadj Missoum est également le gardien du Temple, à l'instar de Beddiar qui s'est épanché librement, en disant ce qu'il avait sur le cœur et que nous avons tenté de rapporter du mieux possible.