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Natation - Championnat d'Algérie Open: Bezzeghoud Sofiane et Yousra Ouissi, de la graine des champions

par Adjal L.

A l'ombre du «roi» football, combien de disciplines survivent et périclitent même pour certaines d'entre elles ? La natation à Oran figure dans ce lot de victimes. Il y a déjà quelques décennies, les nageurs désirant progresser étaient contraints d'aller au CREPS d'Aïn El-Turck ou ailleurs. En 2016, ce problème persiste toujours au grand dam des nageurs et de leurs entraîneurs. Alors, lorsque l'un de ces nageurs réalise une performance ou arrache un titre, on est tenté de crier au miracle. Les récents championnats d'Algérie Open nous ont permis de prendre connaissance des souffrances éprouvées par la poignée de nageurs qui s'accrochent vaille que vaille. Oran était représentée à ces championnats par 24 nageurs issus de quatre clubs : le RT Aïn El-Turck, le CSFO, Bahia et Cap Falcon. C'est ce dernier club qui, avec deux participants seulement, a récolté trois médailles dont deux ont pour auteur le jeune Bezzeghoud Sofiane dans les épreuves des 100 et 200m papillon. La médaille d'argent au 50m nage libre est revenue à la cadette Yousra Ouissi. Est-ce un hasard ? Absolument pas pour les connaisseurs de la discipline, ces deux athlètes appliquant à la lettre le programme du célèbre entraîneur, Cheikh Moncef Youssef Aïssa, qui exerce son talent avec succès au Liban. Dans un long entretien qu'il nous avait accordé il y a une année, cet expert a sans doute dérangé certaines personnes, selon les échos qui nous sont parvenus après la parution de cette interview. Pour en revenir à ces championnats, il faudra signaler les performances de Bezzeghoud Sofiane, médaillé de bronze, face à des adversaires beaucoup plus âgés que lui et qui, eux, bénéficient d'un programme de préparation conforme aux exigences spécifiques de la discipline, contrairement au représentant du club de Cap Falcon. En effet, en raison d'une multitude de problèmes et de contraintes, cet athlète est contraint de se déplacer, chaque jour, à Relizane en compagnie de son entraîneur, Arabi Djelloul, un ancien élève de Moncef ! On a appris que des séances ont été effectuées dans les piscines de Boutlélis et Gdyel ! Durant le mois de ramadhan, le retour sur Oran s'effectuait aux alentours d'une heure du matin, après les séances. Si avec de telles conditions il a réussi à ramener deux médailles, c'est qu'il est réellement doué. Concrètement, il figure malgré son jeune âge parmi le gotha de la natation nationale, aux côtés d'adversaires plus motivés et, surtout, disposant de conditions beaucoup plus favorables. Il est important de souligner qu'il suit à la lettre le programme conçu à son intention par Moncef qui est en contact permanent avec l'entraîneur Arabi Djelloul et le père du nageur. « Si la piscine ne ferme pas, je garantis que Sofiane pourra se qualifier pour les JO 2022. Je suis très optimiste », a déclaré cet expert qui, soit dit en passant, a raflé tous les titres du Liban avec son club, le Nadi Beyrouth. Avant les JO, il ne faudrait pas oublier les JM 2021 qui se dérouleront à Oran. Or, El- Bahia continue de souffrir du manque de piscines. On a appris que le projet prévu dans le quartier des Castors est tombé à l'eau (sans jeu de mots !). Dans ce tableau assez pessimiste, on relèvera pourtant des motifs de satisfaction. D'abord, la volonté de l'athlète qui, lycéen, consent des sacrifices. Ensuite, le concours de son entraîneur et de son père, et la précieuse aide du sponsor Benmostefa Hassan. Enfin, nos interlocuteurs n'ont pas omis de mettre en évidence l'apport du président du club Cap Falcon. Sans son intervention, les nageurs n'auraient pu effectuer le déplacement à Alger. C'est dire la situation de la natation à Oran. Seuls les irréductibles pourront s'accrocher et les participants à ce championnat en font partie.