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Le crédit à la consommation vu par les banques: Aubaine pour le privé, le public dans l'expectative

par Moncef Wafi

Le crédit à la consommation a-t-il été relancé prématurément ? C'est la question qu'on peut se poser à la lecture du compte rendu de l'APS au niveau des banques publiques et privées où le dossier n'est apparemment pas géré avec la même célérité.

Relancé depuis six mois, six ans après son gel, le crédit à la consommation semble patiner au niveau des institutions bancaires publiques, à croire l'APS, alors que le privé, lui, ne se fait pas prier pour faire réussir cette opération en drainant davantage de clients potentiels. La réponse est-elle à chercher du côté de la priorisation des mesures mises en place par le gouvernement en favorisant l'emprunt obligataire ? Du côté des sigles publics, on prétexte l'absence de la procédure à suivre pour l'attribution de ces crédits qui n'est toujours pas fixée. Citant un conseiller client d'une agence d'une banque publique, on saura que cette dernière n'a reçu aucune directive quant à la prise en charge des dossiers des crédits à la consommation «exceptés les documents relatifs aux taux d'intérêt applicables». La même réponse, à quelques variantes près, est entendue au niveau des agences d'autres banques publiques qui affirment ne pouvoir fournir aucune information aux postulants au crédit à la consommation. «La Banque d'Algérie nous a transmis les documents concernant le taux d'intérêt et nous attendons toujours les instructions sur les démarches à suivre», rapporte l'article. Une autre source affirme que son agence attend encore la liste des documents à fournir pour la constitution du dossier ainsi que le simulateur de crédit et l'installation de la Centrale des risques des entreprises et ménages (CREM). Une Centrale qui est opérationnelle depuis des mois, selon le président de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), Boualem Djebbar. La CREM est une sorte de police des crédits qui doit s'assurer de la solvabilité du consommateur-emprunteur et d'éviter son surendettement, en assurant une gestion interbancaire des risques de crédits en intégrant dans son système tous les prêts contractés et les données relatives à la clientèle, y compris les défauts de paiement. Même si, et c'est rare, certains établissements bancaires publics ont mis en place ce dispositif à travers l'élaboration des formulaires de demande et la définition des pièces constitutives du dossier, les prêts n'ont pas pour autant été débloqués. Du côté des banques privées, c'est plutôt la course au client qui est favorisée à travers les campagnes publicitaires et les prospectus distribués au niveau de leurs agences. Et les clients, ce n'est pas ce qui manque ! Un responsable d'une banque privée interrogé à ce propos, a indiqué avoir lancé ce produit bancaire en février dernier et, un mois plus tard, il se retrouve avec plus de 5.000 demandes d'informations (simulations de crédits) pour plus de 2,2 milliards DA. «Les produits blancs (l'électroménager destiné en priorité à la cuisine ou à la salle de bain), bruns (produits électroménagers de loisirs) et mobilier représentent 93% des demandes de crédit, tandis que le reste concerne l'automobile», précise-t-il. Selon lui, 2.000 crédits à la consommation ont fait l'objet d'un montage complet de dossiers dont 50% ont déjà été attribués. Chez une autre banque privée, ce sont 2.200 crédits à la consommation qui ont été accordés pour l'achat de véhicules. A propos de ces derniers, la seule marque éligible actuellement est la Renault made in Algérie. La Renault Symbol sortie de l'usine de montage de Oued Tlélat est la seule opportunité offerte au client national en attendant les autres marques de voitures montées en Algérie. Et c'est dans cette optique que le constructeur français avait annoncé, en janvier dernier, que dorénavant la nouvelle Renault Symbol dans ses versions Exception, Dynamique et Essentielle fabriquées en Algérie à l'usine Renault Algérie Production est désormais accessible à crédit au niveau des 75 agences de BNP Paribas El Djazaïr.

Quant aux taux d'intérêt, ils ont été fixés entre 6 et 8% chez les banques publiques et à 10% chez les banques étrangères, avec des délais de remboursement oscillant entre 6 mois et 5 ans en fonction du montant du prêt octroyé. Réintroduit dans la LF 2015, ce retour du crédit à la consommation a pour objectif de booster le produit made in Bladi même s'il n'y a que la main d'œuvre algérienne qui entre en compte. Car c'est de produits usinés en Algérie dont il est question, finis, semi-finis ou tout simplement montés, la loi n'exigeant aucun taux d'intégration précis sur les produits définis. Le consommateur est donc tenu par un choix dicté par une liste préparée en amont lui proposant des produits «locaux» seuls éligibles à cette formule. Le choix n'étant pas large, des produits sont choisis mais aussi des «producteurs» algériens qui auront ainsi un monopole de fait dans la commercialisation de leurs gammes dans cette formule du crédit à la consommation.