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Tiaret: Autres temps, autres mœurs !

par El-Houari Dilmi

La préparation des gâteaux de l'Aïd el-Fitr dans l'ambiance doucereuse de la maison est passée de mode. Et depuis quelques temps. Déjà ! A l'ère du «prêt-à-consommer», la « nouvelle mode» de livraison de plats « spécial ramadhan » à domicile dans certaines grandes villes du pays, l'apparition de nouvelles tendances et le bouleversement des mœurs sociales, rares sont les femmes qui se donnent le plaisir-ou la corvée!- de préparer des gâteaux à la maison, au beau milieu de la bonne ambiance des derniers jours du mois sacré de ramadhan.          La prolifération des commerces qui proposent des gâteaux traditionnels, renseigne sur le profond chamboulement des us et coutumes, propres aux familles algériennes. En ces derniers jours du mois de ramadhan, c'est le rush dans les magasins spécialisés dans la confection de gâteaux traditionnels sur commande. Les gâteaux aux formes et couleurs diverses, attirent le regard du chaland, aux yeux plus grands que l'estomac !

Les prix donnent le tournis pour certains : de 600 DA pour les variétés de base, les prix peuvent grimper jusqu'à 3 200 DA pour les gâteaux fourrés aux amandes ou aux pistaches. Si certains attribuent cette « nouvelle mode », -que beaucoup ne voient pas d'un bon œil-, au manque de temps chez la femme, surtout pour celle qui travaille, d'autres voient en cela un « inquiétant abandon des valeurs ancestrales, encore chères à beaucoup d'Algériens, surtout les anciennes générations », estime Bachir, fonctionnaire à l'université de Tiaret. «Je n'ai pas le temps pour la confection des gâteaux.

En plus, je travaille et avec la préparation du f'tour, la corvée des tâches ménagères, s'occuper des enfants, c'est éreintant en fin de journée», confie Noria, une employée dans une agence postale. «Je préfère perdre un peu d'argent en achetant des gâteaux préparés que de risquer ma santé?», ajoute-t-elle. Par manque de temps ou simplement de savoir, de nombreuses familles ne préparent plus des gâteaux à la maison. « Même ces processions d'enfants, avec des plateaux en inox chargés de gâteux et portés sur la tête, pour se rendre aux rares fours banals disséminés dans la ville, ont disparu du décor ambiant », regrette Mehdi, la soixantaine bien entamée. « Que dire alors de ces liens sociaux qui se relâchent chaque année un peu plus », renchérit Mehdi, dont l'épouse continue à offrir des gâteaux maison à tous ses voisins, « une tradition que nous gardons depuis ma défunte mère, disparue voilà déjà 30 ans », confie-t-il. Ammi Bachir égrène ses souvenirs pour nous parler de ces « bonnes habitudes », selon ses propres termes, celle de réconcilier deux personnes fâchées le jour de l'aïd, en leur offrant un plat de gâteaux chacun autour d'un bon couscous au lait caillé. Autres temps, autres mœurs !