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L'inique «impartialité» du quartet
par Kharroubi Habib
Vendredi,
le quartet pour le Proche-Orient qui regroupe les Etats-Unis, l'Union
européenne, l'ONU et la Russie a rendu public un rapport présentant le bilan de
son action en matière de promotion de la paix entre Israéliens et Palestiniens.
Ce rapport longtemps attendu n'a pu être finalisé qu'après que les Américains
en eurent agréé le contenu dont ils ont obtenu qu'il n'accable pas les
Etats-Unis pour leur piètre rôle en tant que médiateurs dans les négociations
israélo-palestiniennes et qu'il ne soit pas un réquisitoire contre Israël qui
est cause que leur processus a été bloqué.
Sous la
pression américaine, le quartet a donc rendu un rapport qui se voulant «
impartial » a en fait atténué la responsabilité de l'Etat sioniste quant à la
situation explosive qui prévaut au Proche-Orient et les violences qu'elle
génère. Il établit en effet que certes Israël pratique une politique de
colonisation en Cisjordanie qui fait peser une menace « principale » sur la
solution à deux Etats, mais sans reconnaître que cette politique est cause de
la violence à laquelle donne lieu la résistance contre elle des Palestiniens.
Une violence sur laquelle le rapport s'étend et la condamne en la mettant au
compte de la « propagande de haine » sur les réseaux sociaux palestiniens dont
le Hamas et d'autres factions radicales en seraient les premiers auteurs et va
jusqu'à critiquer le président Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne qui «
n'ont pas condamné de façon claire et consistante les attaques terroristes
spécifiques ». Le quartet dont la contribution à la recherche d'une solution au
conflit israélo-palestinien conforme au droit international et des peuples n'a
rien produit qui aurait pu faire bouger les lignes sur cette voie, s'est
contenté de mettre sur le même plan la cause et ses effets. Cette violence du
côté palestinien qu'il désapprouve et condamne n'aurait explosé si l'occupation
israélienne et la colonisation juive à laquelle elle donne lieu en Cisjordanie
et à Jérusalem Est avaient cessé comme exigé par les Palestiniens et la
communauté internationale. La violence à laquelle il est demandé aux
Palestiniens de renoncer est l'ultime arme de résistance dont ils disposent
pour remettre en cause le fait accompli qu'Israël veut imposer consistant à
dessiner à sa convenance la géographie territoriale de l'Etat palestinien dont
il reconnaîtrait éventuellement l'existence un jour. Le rapport du quartet
énonce par ailleurs que la « fin du conflit ne peut être atteinte que par des
négociations bilatérales directes ». En s'en tenant à cette seule formulation,
le quartet a écarté le préalable que défend l'Autorité palestinienne mis à son
accord pour reprendre avec l'Etat sioniste cette forme de négociation. A savoir
que la communauté internationale fixe une feuille de route établissant les
questions à négocier et des échéances à leur règlement. Si les Etats-Unis ont
levé leur opposition au contenu du rapport des dizaines de fois remodelé par
leurs soins vigilants et acquis aux intérêts d'Israël, c'est que sa mouture
finale a satisfait celui-ci qui ne se voit pas sommé de façon contraignante de
mettre fin à son occupation des territoires palestiniens et celle-ci reconnue
comme cause première de la poursuite du conflit et de la tournure violente
qu'il a prise.
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