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En l'absence de régulation: L'Aïd chauffe les étals

par Yazid Alilat

A la veille de l'Aïd el-Fitr, le prix du navet a pris des hauteurs irraisonnables : 220 dinars le kg. Une hausse qui a beaucoup plus des raisons spéculatives que par rapport à la tendance générale des prix des produits agricoles en ce mois de carême finissant.

Car la tendance générale des prix semble se calmer et s'orienter vers une certaine stabilité pour les produits agricoles de base. Pour autant, les niveaux des prix restent quand même hauts par rapport à la disponibilité et la période. Même si les effets inflationnistes et une baisse relative de l'offre face à une demande vigoureuse, hormis les fruits et principalement les cucurbitacées (melon, pastèque, cantaloup), peuvent expliquer le maintien des prix dans une fourchette haussière. En effet, le prix moyen de la tomate de consommation reste encore dans la fourchette des 80-85-90 dinars le kg, alors que la tomate industrielle est à plus de 60 DA/kg. Mais, globalement, les prix restent assez élevés durant ces deux derniers jours de ramadhan, et il n'y a pas vraiment eu une décrue, mais plutôt une stabilité des prix. Ainsi, la pomme de terre de saison, et de toutes les variétés, très disponible, n'est pas cédée à moins de 35-40 dinars le kg, la laitue entre 40 et 60 DA/kg, les aubergines entre 40 et 50 DA également. Les poivrons, par contre, malgré une bonne disponibilité, restent scotchés dans la fourchette des 80-100 DA/kg. Mais, ces niveaux de prix pourraient ce lundi connaître une autre flambée. Et même si l'Aïd sera célébré mercredi, il est probable que les prix remontent pour certains produits, comme la pomme de terre ou la tomate, en prévision d'une tendance des consommateurs à s'approvisionner en prévision des traditionnelles fermetures des marchés de gros et de détail durant les longs jours de l'Aïd. D'autant que des produits de saison, comme le haricot blanc, rouge et vert, très consommé en pareille saison indépendamment du jeûne, sont devenus des produits de luxe: le haricot blanc entre 250 et 300 DA/kg, le rouge entre 140 et 200 DA/kg et le vert entre 120 et 140 DA/kg. C'est dire que le prix de cette légumineuse reste très prohibitif, car «il est produit en quantité limitées, notamment le haricot blanc », selon des maraîchers.

Par contre, la grande curiosité de ces derniers jours sur les marchés du centre du pays, c'est bien la hausse inexpliquée en pareil mois de jeûne du navet. A Blida, il était proposé à 220 DA/kg. Le marchand de légumes qui le vendait à ce prix n'a donné aucune explication à cette ?'folie'', juste que «c'est 220 DA ». La raison en est que beaucoup de foyers, durant les jours de l'Aïd el-Fitr, reviennent au bon vieux couscous, et aux habitudes culinaires traditionnelles. Avatar de la mercuriale algérienne, les prix irraisonnés de certains produits agricoles démontrent bien que le marché des produits agricoles, de la viande et du poisson est loin d'être régulé. Même si pour les viandes rouges, les prix n'ont pas excessivement augmenté, restant dans la moyenne des 1400 DA/kg pour la viande ovine et 1000-1200 DA pour la viande bovine, alors que pour le poisson, c'est une autre histoire. Mais, tout le problème est que les prix vont remonter juste après la fête de l'Aïd, car dans le creux de ces jours fériés, il n'y aura ni cueillette de fruits, ni récolte de produits agricoles, ni marchands de fruits et légumes ouverts.

En dépit des assurances du ministère du Commerce sur la disponibilité de certains produits de large consommation durant les jours de fête. Ce qui, fatalement, va se répercuter sur les prix durant au moins une semaine après l'Aïd, avec une rareté des produits et une hausse des prix. Il faudra attendre la seconde semaine de juillet pour voir les prix se rafraîchir, après le retour au champ des travailleurs et saisonniers agricoles pour la récolte de fruits et de légumes de saison.

Enfin, l'indice des prix à la consommation au mois de juin devrait rebondir à plus de 5%. Au mois de mai dernier, le rythme d'inflation annuel avait légèrement augmenté pour s'établir à 4,9% contre 4,8% en avril dernier et à 4,7% un mois auparavant, selon l'Office national des statistiques (ONS).