Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Italie: Khelil de nouveau cité dans une affaire de corruption

par Moncef Wafi

Sonatrach est de nouveau dans le cœur d'une affaire de corruption traitée par la justice italienne qui vient de s'intéresser au dossier de First Calgary Petroleums, une firme gazière canadienne activant en Algérie à travers une joint-venture avec la compagnie nationale des hydrocarbures.

Le groupe pétrolier italien Eni a racheté la canadienne pour 923 millions de dollars canadiens, selon le quotidien italien La Repubblica, en procédant au versement de 41 millions d'euros de pots-de-vin à l'ex-ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, en échange de son feu vert pour la transaction.

En plus de cette affaire, le scandale de Sonatrach 2 où sont cités à côté de Saipem - poursuivie pour violation de la loi 231 sur la responsabilité administrative - Varone, Bedjaoui et Ouraied, risque derechef de faire l'actualité avec la confirmation de la tenue du procès de Saipem et de l'ex P-dg d'Enie pour versement de commissions d'une valeur estimée à 198 millions de dollars versés à «Khelil et son entourage», en échange de 8 milliards de dollars de contrats en Algérie.

En février 2013, le parquet milanais ouvrait une enquête pour corruption et le patron d'Eni d'alors, Paolo Scaroni, se retrouvait au centre de l'enquête menée par les procureurs de Milan et de la police financière sur des pots-de-vin présumés versés à des membres du gouvernement algérien pour promouvoir sa filiale Saipem Eni. L'homme est un habitué des tribunaux italiens puisqu'en 1992, il est arrêté dans le cadre de l'opération Mains Propres et plaide coupable de corruption en lien avec le projet de centrale électrique à Brindisi. En 1996, Paolo Scaroni est condamné à un an et quatre mois de prison, mais il n'ira pas en prison, la sentence étant inférieure à la limite fixée pour aller en prison. En 2006, il est poursuivi devant la Cour d'Adria en tant que P-dg de Enel à l'époque, pour avoir pollué le territoire du Delta du Pô dans la région de Porto Tolle. Il est condamné à un mois de prison, converti en une amende de 1.140 euros. En mars 2009, en seconde instance, la cour d'appel de Venise acquitte Scaroni, annulant le jugement précédent. En 2011, La Cour suprême confirme le jugement de la cour d'appel de Venise. Pour ce dossier de Sonatrach, il avait également été acquitté en novembre 2015 avant de voir son acquittement annulé, en février dernier, par la sixième chambre criminelle de la Cour suprême italienne. Accusé d'être impliqué dans cette affaire, Paulo Scaroni avait rejeté ces accusations en juillet dernier, avançant que Saipem agissait en toute indépendance d'Eni. Il avait été traduit en justice, une année plus tôt, après la présentation de «preuves et d'enregistrements», par l'ancien P-dg de Saipem Algérie, Tullio Orsi, au juge d'instruction de Milan. Ces « preuves » concernent une rencontre entre lui et l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, dans un hôtel à Paris, et comprennent des enregistrements de certaines de ses conversations téléphoniques. Lors du procès du 2 novembre dernier, la juge milanaise Alessandra Clemente avait considéré ces preuves comme étant insuffisantes et non valables contre l'ancien Pdg de la multinationale pétro-gazière italienne, ce qui a débouché sur sa relaxe.