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Ecoles fermées, métros à l'arrêt : Sous la menace d'attentat, Bruxelles au ralenti

par Cédric Simon De L'afp

Ecoles fermées, métros à l'arrêt, forces de l'ordre mobilisées: Bruxelles vivait hier lundi son troisième jour consécutif d'alerte terroriste maximale, au lendemain d'un coup de filet de la police qui n'a pas permis d'appréhender Salah Abdeslam, suspect clé dans l'enquête sur les attentats de Paris. La circulation routière était moins dense et les vélos plus nombreux que d'ordinaire même si les rues de la capitale de l'Europe, qui compte 1,2 million d'habitants, étaient loin d'être désertes en dépit d'un climat d'anxiété palpable. La menace d'attentat étant toujours "sérieuse et imminente", le gouvernement belge a décidé de maintenir le niveau d'alerte à son maximum dans la région bruxelloise et de prolonger la fermeture du métro. Les écoles ont gardé portes closes lundi matin, comme les crèches et les universités. Certaines entreprises ont invité leurs salariés à faire du télétravail et à respecter les consignes de sécurité, leur conseillant de rester éloignés des endroits fréquentés. Dans les gares ferroviaires bruxelloises, qui fonctionnaient normalement, l'affluence était moins importante que d'habitude. "On prend les mesures qui sont nécessaires, le plus que possible, pour garantir la sécurité des gens" mais "la vie doit continuer à Bruxelles, la vie économique et la vie sociale", a plaidé lundi le ministre de l'Intérieur Jan Jambon, soulignant sur la radio RTBF que les entreprises et le secteur public devaient fonctionner. Les autorités belges redoutent "des attaques similaires à Paris", qui ont fait 130 morts et 350 blessés, "avec plusieurs individus, avec des offensives à plusieurs endroits", ciblant "des endroits très fréquentés".

SALAH ABDESLAM INTROUVABLE

Interrogé sur l'enquête en cours, M. Jambon s'est félicité qu'il y ait eu "un résultat cette nuit", avec 16 interpellations au cours d'une vingtaine de perquisitions policières. "Mais c'est clair que l'action n'est pas encore terminée", notamment pour retrouver la trace de Salah Abdeslam, "une cible importante", a reconnu M. Jambon, qui s'est refusé à donner d'autres détails. Jusqu'à présent, aucune arme ni explosif n'ont été découverts au cours des opérations de police. Le juge d'instruction devait décider lundi de l'éventuel maintien en détention des suspects interpellés. "Le nommé Salah Abdeslam n'a pas été intercepté lors des perquisitions" conduites dans six communes de l'agglomération bruxelloise et à Charleroi, a indiqué le parquet fédéral dans la nuit de dimanche à lundi. Ce Français de 26 ans, résidant en Belgique, a au moins joué un rôle de logisticien dans les attentats de Paris et aurait été exfiltré vers la Belgique quelques heures après, selon deux hommes qui disent l'avoir aidé. Son frère Brahim s'est de son côté fait exploser dans un restaurant parisien le 13 novembre. Côté français, la police a diffusé un appel à témoin, assorti d'une photo, pour identifier le troisième kamikaze des abords du Stade de France. Cet homme est passé par une île grecque, en même temps qu'un autre kamikaze du Stade de France, qui reste non identifié. En Belgique, un troisième suspect arrêté a été inculpé en fin de semaine pour terrorisme. Des armes ont été trouvées à son domicile, mais pas d'explosifs. L'enquête se poursuit également en Turquie, où un Belge d'origine marocaine - Ahmad Dahmani, 26 ans - soupçonné d'avoir aider à repérer des cibles pour les attentats à Paris, a été arrêté.

Dans ce climat, le président américain Barack Obama a rappelé qu'il se rendrait à la grande conférence sur le climat à Paris (COP 21), qui débute le 30 novembre, appelant les dirigeants de tous les pays à faire de même pour montrer que le monde n'a pas peur des "terroristes". Sur le plan diplomatique, le président François Hollande a entamé un marathon pour tenter de forger une vaste coalition contre l'Etat islamique, qui a revendiqué les attentats. Il a reçu à l'Elysée le Premier ministre britannique David Cameron, qui a promis de soutenir "fermement" la France, lui offrant notamment la mise à disposition d'une base chypriote de l'aviation britannique.

M. Hollande rencontrera Barack Obama mardi à Washington, la chancelière allemande Angela Merkel mercredi à Paris puis le président russe Vladimir Poutine jeudi à Moscou. Sur le terrain militaire, la France a pu engager contre l'Etat islamique son porte-avions français Charles de Gaulle, arrivé en Méditerranée orientale. L'armée française va ainsi tripler sa capacité de frappes sur l'Irak et la Syrie, les 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions venant s'ajouter aux 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis et en Jordanie. "Nous allons intensifier nos frappes, nous allons choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possibles à cette armée terroriste" de l'EI, a déclaré M. Hollande. La France, traumatisée, va rendre hommage à ses morts cette semaine, avec les premiers enterrements qui devraient avoir lieu lundi, avant un hommage national vendredi.