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L'ECHEC CERTIFIE ISO?

par Moncef Wafi

Le rapport de conjoncture du Conseil national économique et social (CNES) présenté hier à la presse ne nous apprend pas grand-chose s'il ne vient confirmer toutes les craintes qui pèsent sur l'économie nationale. La terminologie du think tank officiel reprend l'actualité économique entre crise, modèle, diversification de la production et exportations, et de confirmer, à travers ce rapport, la situation de déficit budgétaire à la fin de cette année, en raison de l'effritement des réserves de change.

En substance, rien de nouveau, si ce n'est encore pointer du doigt une politique économique dépensière à outrance en considérant, au passage, que le modèle de croissance actuel est à revoir en urgence. Le CNES dénonce une politique d'importation (plus de 70% des besoins nationaux) qui n'a pas laissé de place à une véritable réflexion sur l'économie nationale. Une politique qui a bénéficié à une certaine classe aisée au détriment d'une relance et d'une refonte du modèle économique qui aurait pu, qui aurait dû mettre l'Algérie à l'abri d'une telle crise. Ou du moins en atténuer les conséquences. L'argent facile des hydrocarbures a remplacé la matière grise forçant le pays à se désintéresser de la diversification de ses recettes fiscales, oubliant que les prix du pétrole ne sont pas une science exacte. La priorité étant de dépenser dans l'extravagance de projets minés par une corruption sans égale.

Le contre-exemple de la politique algérienne est à chercher du côté des Emirats arabes unis qui ont fait savoir que la chute du baril ne constitue pas une catastrophe pour le pays «dont les revenus pétroliers ne constituent que 30% du PIB national», dixit son ministre de l'Energie. Les Emirats, au contraire de l'Algérie, ont savamment orchestré leur politique économique pour ne plus dépendre uniquement de l'or noir. Une stratégie à long terme qui leur permet, aujourd'hui, de composer avec cette crise en prenant assez de recul puisque s'étant émancipée des fluctuations du marché pétrolier.

L'Algérie n'a pas su, faute de compétence de ses gestionnaires, s'adapter et surtout se préparer convenablement à une crise cyclique. L'histoire se répète mais les Algériens n'apprennent pas de leurs erreurs, sommes-nous tentés d'écrire car comment expliquer que des pays se sont émancipés du pétrole et nous non. La réponse est à chercher dans les hommes qui se sont succédé au gouvernement et qui n'ont pas eu la maîtrise nécessaire ni la compétence voulue pour diriger l'Algérie vers le rivage du salut. La peur de la crise est là, présente, par les chiffres et les décisions impopulaires dictées par le gouvernement et si le CNES appelle aujourd'hui à une diversification de la production, on a la désagréable impression que c'est un peu trop tard.

Cette relance de l'économie nationale hors hydrocarbures a été évoquée et brandie comme un trophée de guerre, aux premières heures de la crise, par des ministres qui, en somme, ont montré leurs limites dans les dossiers importants. Cette diversification de l'économie à l'exportation a été malheureusement bloquée par ces mêmes ministres qui la revendiquent aujourd'hui. Comme une lueur dans la grisaille des nouvelles, le CNES affirme que l'Algérie peut emprunter en position de force !