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La baguette de pain à 12 dinars ?

par A. Mallem

« Même à 12 dinars la baguette de pain, cela n'arrange pas les affaires des boulangers qui n'arrivent plus à tenir, face à l'augmentation générale des prix des produits entrant dans sa fabrication». C'est ce que nous a indiqué jeudi dernier M. Abdelaziz Bouguerne, secrétaire chargé de la communication au bureau de wilaya de Constantine de la Fédération nationale des boulangers, annonçant dans la foulée qu'une réunion importante du conseil national de leur organisation pouvant déboucher sur des décisions importantes pour le devenir de cette corporation se tiendra aujourd'hui samedi 3 octobre à Alger, à l'effet de discuter, une fois encore, de l'augmentation du prix de la baguette. Et d'expliquer que celle-ci est tarifiée actuellement à 10 dinars, prix qui ne découle pas d'une décision officielle mais qui est tout de même toléré par les pouvoirs publics. Selon notre interlocuteur, ce tarif n'arrange plus les affaires des boulangers qui font face à une augmentation générale des prix des produits entrant dans la fabrication du pain. «Il y a deux ans, lorsque le ministère du Commerce a mis en place une commission pour l'évaluation du coût de fabrication du pain, celle-ci est arrivée à conclure que le prix de la baguette devrait être de 12 dinars minimum. Aujourd'hui, à cause de l'inflation des prix, même à ce tarif les boulangers ne peuvent pas s'en sortir car ce prix ne couvre même pas les coûts de production de la baguette quand on voit que le kilo de levure a augmenté de 50 dinars, que l'ouvrier boulanger est en train de revendiquer une augmentation de salaire et exige d'être rémunéré à 600 dinars le quintal au lieu de 450. L'autre problème est celui constitué par l'augmentation des tarifs de l'électricité et de l'eau.

«Je ne vous cache pas que le conseil national, sous la forte pression des boulangers, se trouve contraint de prendre des décisions pratiques allant dans le sens de leurs revendications pressantes, parce qu'ils brandissent la menace de fermeture en cascade. Aujourd'hui à Constantine, par exemple, cette situation a fait que de nombreux boulangers sont poursuivis en justice par les fournisseurs de la farine, par la sécurité sociale, par leurs ouvriers dont les salaires restent impayés, etc. D'autre part, sur les 710 boulangers inscrits au niveau du registre du commerce, il ne reste aujourd'hui que 230 qui activent encore. Et ce nombre risque d'être revu à la baisse si la situation demeure telle qu'elle est actuellement», a soutenu le responsable de la Fédération des boulangers.