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Loi de finances complémentaire : Les entreprises aidées doivent «renvoyer l'ascenseur»

par Yazid Alilat

Le gouvernement Sellal a concocté une « sévère » loi de finances complémentaire pour boucler l'année 2015.

Le fait est que les recettes provenant des exportations d'hydrocarbures ont été divisées par deux, depuis le début de l'année, qui a vu les cours du brut chuter jusqu'à moins de 50 dollars, en quelques semaines. Une occasion, en fait, pour le ministre des Finances Abderahmane Benkhalfa de recadrer le débat sur les mesures non pas d'austérité mais de rigueur, selon lui, prévues par le gouvernement pour passer, sans encombres, cette phase économique difficile.

Hier, mercredi, le projet de la LFC 2015 avait été, également, examiné et approuvé en Conseil des ministres. Le ministre des Finances, qui a affirmé que le programme des subventions ne va pas être touché, a cependant, préconisé une rationalisation « des dépenses et leur donner un caractère plus économique ». Dans une intervention à la Radio nationale, il a estimé qu'il « n'est pas normal de continuer à gaspiller les subventions du Budget de l'Etat, on a besoin d'une rationalité dans la dépense publique ». « Nous avons besoin d'une rationalité des acteurs économiques et nous voulons que les 40 millions d'Algériens ne gaspillent pas et ne participent pas à la contrebande », a-t-il expliqué. Et, pour lui, « la rigueur fait qu'une dépense publique doit ramener une activité économique ; si ce n'est pas demain, c'est après-demain. On ne fait pas de dépenses qui ne ramènent pas une activité économique ». Il ajoute que « ce qu'on dépense, aujourd'hui, dans la construction d'autoroutes, de réseau ferroviaire, doit ramener un, deux, trois, quatre, cinq dinars, demain ».

Quant aux aides aux entreprises, elles ne doivent plus se concevoir sans contrepartie. « Nous devrions changer de cap dans l'usage des fonds publics : la LFC 2015 soutient l'entreprise productive, et il y a plus de mesures de soutien que de mesures répressives », a encore affirmé M. Benkhalfa pour qui les entreprises doivent maintenant « renvoyer l'ascenseur ». « Les entreprises privées ont bénéficié de dispositions, d'exonérations, depuis 10 ans, il faut qu'on touche, maintenant, la compensation », a-t-il, par ailleurs, déclaré. L'intervention de M. Benkhalfa, à la radio nationale intervient à un moment où le gouvernement est devant une terrible réalité : le déficit commercial pour le 1er semestre est à 7 milliards de dollars, et les recettes d'exportation diminuent. Dans son exposé des motifs, la LFC 2015 « intègre une dose appréciable de rationalisation des dépenses budgétaires, à travers le repli des dépenses de fonctionnement et la poursuite de l'investissement public qui se singularise par un caractère prioritaire ».

Le niveau de prix de calcul du baril de pétrole a été revu à la baisse, il est passé de 100 dollars dans la LF2015 à 60 dollars dans la LFC2015, alors que les prévisions de recettes d'exportations chutent de 66 mds de dollars à 33,8 mds de dollars, à fin 2015. Quant aux réserves de change, elles devraient baisser à 151,5 milliards de dollars, soit 26 mois d'importations. Et, si aucune mesure d'amélioration des recettes et de rationalisation des dépenses publiques n'est prise, en 2015, le solde du Fonds de régulation des recettes (FRR), qui était de 4.408,5 milliards de dinars à fin 2014, chutera à 2.700 milliards de dinars, à la fin de l'année, selon les prévisions de la LFC-2015.