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L'heure est grave pour l'Algérie

par Kharroubi Habib

La chute brutale des prix du pétrole met le pays dans une délicate situation du fait qu'il voit ses revenus financiers que lui procure l'exploitation de son or noir se rétracter dangereusement contraignant ainsi les autorités à puiser dans les réserves de change pour combler le déficit qui occasionne au budget national la détérioration de sa balance commerciale.

Le recours à ces réserves de change ne se serait pas imposé si l'Algérie disposait de l'alternative de compter sur une économie nationale moins tributaire de la rente pétrolière et en situation de la prémunir contre celui des importations auxquelles elle est condamnée pour satisfaire les besoins de la population. Ce n'est pas faute d'alerte et de mise en garde que les autorités du pays se sont retrouvées face à cette situation dont tous les indicateurs annoncent l'aggravation dramatique plutôt que l'atténuation. De l'avis de la plupart des experts des marchés pétroliers, la chute des prix du baril n'est pas près de s'arrêter et encore moins de laisser place à une remontée de ces prix.

Pour autant, les autorités au lieu d'avoir pris le taureau par les cornes qui aurait consisté à doter le pays d'une stratégie économique destinée à le sortir au plus vite et le plus efficacement possible de sa dépendance de la rente pétrolière, persistent à tabler sur un plus qu'aléatoire renversement de tendance et n'ont pris que des disposition et des mesures sans rapport avec les nécessités auxquelles oblige la gravité de la situation. A l'allure où vont les choses au plan financier pour le pays, l'épuisement de ses réserves de change s'annonce à échéance plus rapprochée que ces autorités l'ont escompté.

Le pays déjà mal en point du fait de la détérioration que subit sa balance commerciale va au-devant d'une catastrophe sans précédent quand il ne pourra plus puiser dans ses réserves pour pallier les déficits. Prétendre comme le font les responsables du pays que cette perspective n'est qu'une vue de l'esprit agitée par les milieux qui ont fait de l'alarmisme excessif leur fonds de commerce politique dénote de leur part au mieux la méconnaissance de l'ampleur des conséquences qu'aura pour l'Algérie la prolongation de la chute des prix pétroliers et au pire une volonté délibérée de cacher l'amère et dangereuse passe dans laquelle ils ont fourvoyé le pays en perpétuant l'économie rentière qui est leur unique concept de gestion. L'Algérie va au-devant d'un véritable tsunami social et politique qui, n'en déplaise à ces responsables, menace d'être d'une amplitude autrement plus forte qu'a eu celui des années 80. Cela pour la raison qu'en plus des causes économiques qui sont en train de provoquer une grande fragilité du pays, il s'y ajoute l'impact d'un contexte régional lourd de dangers pour lui au plan sécuritaire.

Plus que jamais depuis son indépendance l'Algérie a besoin d'un front intérieur uni, seul barrage contre son effondrement dont l'on voit clairement qu'il est spéculé avec cynisme sur sa survenance en divers milieux aussi bien nationaux qu'étrangers. Ce n'est pourtant pas cette évidence qui s'impose à nos dirigeants et politiques. Et c'est en cela qu'il faut avoir peur de ce qui va advenir à l'Algérie. A moins qu'un sursaut national populaire oblige les uns et les autres à se remettre en cause et à convenir que la sauvegarde de l'Algérie est au-dessus de toute autre considération.